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La navigatrice britannique qui a terminé sixième du Vendée Globe 2008-09 et disputé la dernière Volvo Ocean Race, pense qu’Alex Thomson va reprendre la course de la seule manière qu'il connaisse – à fond – et vite savoir s'il a résolu les problèmes structurels de son IMOCA HUGO BOSS.

Âgée de 47 ans, Dee Caffari est la seule femme à avoir réalisé trois fois le tour du monde en solitaire et sans escale – elle est d’ailleurs la première à l’avoir fait à l’envers, d’est en ouest. Elle a suivi de très près les dernières tribulations d’Alex Thomson et a été surprise par l'ampleur des dégâts subis par le plan VPLP.

Elle craint désormais que la réparation entraîne d'autres problèmes ailleurs dans la structure de la coque. "Réparer est une chose, mais je serais moi inquiète de savoir ce que cela peut engendrer par la suite," a-t-elle expliqué à la Classe IMOCA aujourd'hui. "Vous savez, vous renforcez une zone et vous avez presque l'impression de déplacer le problème ailleurs."

Dee Caffari est aussi très impressionnée par l'état d’esprit infatigable du skipper britannique qui s'est attaqué au problème avec beaucoup d'enthousiasme. "Je dirais qu'il communique et partage sa course comme une personne complètement différente, cette édition," analyse-t-elle. "C'est tellement bon de le voir si confiant et si heureux d'être là. Nous voyons se dérouler des choses qu'il n'aurait jamais partagées avec nous par le passé, c'est donc très révélateur."

Elle pense que la clé repose sur le soutien que son équipe et les experts de VPLP et d’ailleurs apportent à Alex afin qu’il se remette au plus vite dans la course. "Il a les meilleurs cerveaux derrière lui qui lui disent 'c'est génial' et lui donnent la confiance nécessaire pour effectuer ces réparations. Il s'est vraiment mis au travail et on le voit heureux de reprendre la course. Tout ce dont il a besoin, c'est de la confiance pour aller dans le Grand Sud. Et en termes de chance, avoir eu ce problème maintenant, dans le système météo dans lequel il se trouve, avec tous les autres ralentis… c’est un pur cadeau." 

"Maintenant, il y a deux façons de revenir dans la course,"poursuit-elle. "Soit lentement, en reprenant tranquillement le rythme, soit à fond et en découvrant aussi vite que possible si tout ira bien ou non. Alex navigue à plein régime parce que c'est la façon dont il veut régater, donc on saura vite. Mais pour cela, il doit y aller avec cette confiance que son équipe s’attache à nourrir en lui."

13 04 180113 TTT BCR 00021© Brian Carlin/Volvo Ocean Race

Nous avons ensuite demandé à Dee Caffari de choisir parmi la flotte quelques personnages qui l'ont impressionnée au cours des 16 premiers jours de course.

Clarisse Crémer (Banque Populaire X) : "Nous savions qu'elle était une très bonne communicante mais elle était en feu dès la première semaine. Je pense qu'elle s'est elle-même surprise, en particulier dans cette vidéo où elle dit : "Je ne pense pas pouvoir tenir le rythme". Maintenant que nous arrivons à la fin de la deuxième semaine, elle a trouvé son rythme et qu'elle peut maintenir désormais dans la durée. Mais sa première semaine a été incroyable."

Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family) : "Il a pris un excellent départ sur l'ancien HUGO BOSS, qui a connu de nombreuses transformations. Et il est dans le top 10 depuis si longtemps que je pense qu'il s'est lui-même surpris comme débutant sur le Vendée Globe."

Damien Seguin (Groupe APICIL) : "Absolument fabuleux. C'était vraiment intéressant la façon dont il a travaillé avec Jean Le Cam et les deux bateaux ont suivi un itinéraire très similaire et ont même navigué ensemble pendant un petit moment. C’est chouette. J'aime vraiment cette histoire. Il fait une course phénoménale et prouve vraiment qu'il est aussi compétitif que n'importe lequel de ses concurrents."

Jean Le Cam (Yes We Cam !): "Nous ne pouvons pas oublier le Roi, lui qui n'a pas gagné trois fois la Solitaire du Figaro et participe à son cinquième Vendée Globe pour rien. C'est un grand marin et il le prouve vraiment."

Sam Davies (Initiatives-Coeur) : "C'est un marin vraiment solide qui saura être performante et au même niveau, sur toute la course. Elle sait dans quoi elle s'engage. Elle a juste besoin d'être dans le groupe de tête et de laisser les autres tomber au bord de la route. J'ai de grands espoirs pour Sam. Elle a tellement bien préparé cette course qu'elle a pris une grande confiance en elle et en son bateau."

Pip Hare (Médaille) : "Une autre performance absolument fabuleuse de Pip. Elle communique de manière si authentique, avec ses hauts et ses bas. Vous savez, elle a le cœur sur la main. Elle mène ce bateau de façon phénoménale et la compagnie qu'elle représente est vraiment bien... Elle a déjà fait ce petit bout de chemin jusqu'au Brésil qu’elle connait. Ensuite, ce sera l'inconnu et un peu plus d’anxiété pour elle .... Je suis tellement impressionnée par elle et heureuse qu'elle livre une telle course."

Dee s'attendait à plus d’abandons sur les 33 partants, surtout après un départ aussi difficile. Elle affirme que la fiabilité des bateaux reflète l'influence de l'organisation de la Classe IMOCA sur l'amélioration des standards au sein de la classe. "Cela fait que l’on respecte plus l'IMOCA et les dispositions prises pour contribuer à la croissance du sport et à la sécurité,"déclare Dee. "Je pense que lors des éditions précédentes, nous aurions perdu plus de bateaux à ce stade, non pas que je souhaite cela à qui que ce soit."

L'un des rôles de Dee Caffari à terre est celui de présidente du World Sailing Trust, une organisation caritative internationale qui s'engage à promouvoir la voile et à encourager sa pratique. Elle a récemment pris part à une étude stratégique sur la voile féminine menée par le Trust et affirme que l'une des principales leçons apprises est l'importance des modèles et des mentors pour aider à inspirer les jeunes filles à viser une carrière de navigatrice professionnelle.

Elle est ravie de la participation record de six femmes à cette édition. "C'est fantastique d'en avoir six, surtout si l'on compare avec la dernière édition qui n'en avait aucune," précise-t-elle. "Et ce qui est vraiment bien, c'est que ce ne sont pas les mêmes visages. Oui, Sam est de retour, mais sinon, il y a beaucoup de nouveaux visages... nous avons six femmes fabuleuses, d'âges différents également, qui montrent ce qui peut être fait et comment le faire. Elles font toutes le job et je pense que c'est un grand pas en avant."

Propos recueillis par Ed Gorman (traduit de l’Anglais)