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Les superlatifs manquent pour qualifier ce qui est en train de se jouer à moins de 100 milles des Sables d’Olonne. Jamais une régate en IMOCA n’a connu une telle intensité et un dénouement aussi incertain. Ce soir, aux alentours de 22h00, il y aura peut-être photo finish entre Charal, LinkedOut et Apivia !

Il n’y aura pas que le mal de terre ou le champagne qui feront tituber les marins cette nuit après le passage de la ligne d’arrivée !  A coup sûr, la démarche chaloupée des  premiers solitaires qui débarqueront sur la terre ferme aura quelque chose à voir avec l’épuisement. La tête de course est embringuée dans un rythme de fous depuis 10 jours et dans ce dernier run au portant à 20 noeuds de vitesse, les protagonistes de la Vendée- Arctique-Les Sables d’Olonne sont en train de puiser dans ce qui leur reste de force et d’énergie. Impossible de lâcher les réglages dans ce flux de nord irrégulier : ils vont arrivés cramés !  En attendant,  l’intensité de la régate leur prodigue une dernière grosse dose d’adrénaline. « Je suis au taquet ! Je vois Charal juste à côté de moi, j’ai lofé pour me rapprocher de lui » racontait Thomas Ruyant survolté à la visio de ce midi. Le bateau bleu a retrouvé la vitesse qui lui faisait défaut dans les petits airs de la veille. Distancé ces dernières 24 heures, il signe une fois de plus un retour tonitruant aux avant-postes et lutte bord à bord avec Charal.

 Une poignée de milles sous le vent de ses deux adversaires, Charlie Dalin fait le pari d’une route plus directe vers la ligne d’arrivée. L’approche des côtes françaises est un vrai casse-tête car le vent va adonner et il y aura peut-être des empannages à caler.

 Mais quelles que soient les stratégies adoptées par Beyou/Ruyant vs Dalin, les écarts se comptent en minutes sur les simulations de routages. D’ailleurs, les trajectoires des trois rivaux sont en train de converger…

 Tout se jouera peut-être sur un dernier empannage !

 Un air de Vendée Globe

La ligne d’arrivée n’est autre que celle du tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance pour lequel tous les skippers engagés dans la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne se préparent.  Soit un axe virtuel de 550 mètres situé dans le sud de la bouée Nouch. Tout un symbole ! Le trio infernal y est attendu à partir de 22h (dernière heure estimée d’arrivée). Et dans leur sillage, les arrivées vont s’enchaîner à grande vitesse. À commencer par celles de Samantha Davies (4e) et de Kevin Escoffier (5e). Sur leurs bateaux nés 10 ans avant les nouveaux foilers, ces deux-là font une course magnifique. « J’ai eu une nuit sportive » reconnaît Sam Davies avec un large sourire qui trahit son indéfectible bonheur d’être en mer. « C’est une belle journée. La mer est lisse, le bateau déboule au portant, c’est rare d’avoir d’aussi belles conditions de navigation. Maintenant, je vais tout faire pour garder Kevin derrière moi. ». Ils sont attendus une heure environ après les trois leaders.

 Nuit blanche au large des Sables d’Olonne

La troisième salve – du 6e au 12e - arrivera en rafale : les feux de Boris Herrmann, Yannick Bestaven, Fabrice Amedeo, Giancarlo Pedote, Maxime Sorel, Clarisse Crémer et Kojiro Shiraishi vont illuminer la nuit au large de la cité vendéenne. Au sein de ce groupe, il y a encore de très beaux matchs pour les places d’honneur… verdict entre une heure et trois heures du matin. Et pour Isabelle Joschke qui mène un autre combat - finir la course, sous voilure de fortune, pour se qualifier au Vendée Globe- , il faudra attendre les premières lueurs du jour.

 Enfin, les quatre derniers concurrents ont enroulé aujourd’hui le waypoint Gallimard. Leur arrivée aux Sables d’Olonne devrait être jugée 24 heures après celle des leaders, dans la nuit du 15 au 16 juillet.