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Au début de l'une des nuits de course les plus lentes de l'histoire de la Classe IMOCA, Amory Ross, onboard reporter à bord de 11th Hour Racing Team, est revenu sur les conditions météorologique que la flotte à dû affronter au sud de Majorque.

Amory Ross, trois campagnes Ocean Race, photographe, vidéaste et écrivain accompli, rapelle que son équipage, skippé par Charlie Enright, a pu bénéficier d’un vent régulier durant les premières heures de course mais cela s’est vite essoufflé.

"Nous sommes tombés à court de vent ce matin, comme le montre le tracker", expliquait-il hier soir à bord de l'IMOCA américain, alors situé à 380 milles de l’arrivée à Gènes.

"Depuis, le vent a été très isolé et nous avons eu très peu de vent établi. Ce que nous vivons ici n'est que le fruit du hasard et/ou de la malchance !", a-t-il ajouté. 

Quatre des cinq IMOCA - LinkedOut, 11th Hour Racing Team, Bureau Vallée 3, et CORUM L'Épargne - ont choisi de passer au sud de Majorque, laissant Offshore Team Germany prendre de l’avance à environ 100 milles au nord. 
 
L'équipage allemand, skippé par Robert Stanjek, joue avec la brise au large des côtes espagnoles. Au classement ce matin, il devançait de 57 milles LinkedOut alors deuxième, de 63 milles 11th Hour Racing Team, troisième, avec Bureau Vallée 3 et CORUM L'Épargne sur ses talons.

Amory Ross et les marins de 11th Hour Racing Team ne peuvent qu’observer et espérer qu'ils trouveront encore un moyen de rattraper le bateau allemand. "On ne peut leur reconnaître le mérite d’avoir opter pour une route différente des autres.", a-t-il déclaré. "De notre côté, notre stratégie était plutôt de rester dans le sillage de ceux qui nous entourent au classement. Eux ont choisi leur propre route, ce qui est courageux. Il est beaucoup trop tôt pour dire si les brises de mer le long des côtes auront le résultat escompté pour eux, la Méditerranée est tellement imprévisible."

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Comme son skipper, Amory Ross a l'habitude de naviguer sur des VO65 au large. Il trouve que l'IMOCA est beaucoup plus tatillon et plus lent dans les petits airs. Nous savons tous qu'il est difficile de dormir sur ces bateaux lorsqu'ils avancent à 30 nœuds, mais avancer si lentement est également épuisant.

"C'est un autre type de manque de sommeil", a-t-il expliqué. "Il y a toujours quelque chose à ajuster, toujours quelque chose à peaufiner. De plus, ces bateaux sont très sensibles à l'équilibre, donc nous devons constamment déplacer les sacs de nourriture, nos vêtements et cirés à l’intérieur du bateau afin de nous assurer que l'assise du bateau csoit la plus favorable possible." 

On pourrait penser que le fait d'avoir toutes les voiles d'avant sur enrouleur rend la vie facile à un équipage, mais Amory Ross confie que la facilité de changer de voile ne fait qu’accroître la tentation de le faire plus souvent. "L'IMOCA est assez efficace pour changer de voile d'avant en fonction des changements de vitesse et de direction du vent", explique-t-il. "Le problème est que l'on a tendance à être beaucoup plus impatient de faire ces changements donc, encore une fois, comme pour les réglages, chaque petit changement signifie que tout le monde se lève et qu'il faut changer de voile."

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Alors que Offshore Team Germany tire un certain avantage dans ces conditions de vent léger à être équipé de dérives droites plutôt que des foils, 11th Hour Racing Team ne s’en sort aussi pas si mal avec son foil tribord, l’autre ayant dû être retiré à la suite d’un incident à Cascais.

Pour Amory Ross, n’avoir qu’un foil est un compromis ici bénéfique, mais c’est aussi un inconvénient. "Il est clair que nous avons moins de traînée avec un seul foil. Cependant, ces bateaux sont conçus pour avoir des foils afin de s'appuyer et de projeter la puissance vers l'avant, comme le ferait une dérive sur d'autres bateaux. Bien que nous ayons probablement moins de traînée en tribord amure par rapport aux autres bateaux, la plupart de notre énergie est malheureusement projetée sous le vent et nous glissons au vent. Pour l’instant nous avons l'impression d'avoir une assez bonne vitesse de bateau et de pouvoir suivre le rythme des autres."
 
Avec trois équipages - LinkedOut, Offshore Team Germany et 11th Hour Racing Team - à égalité en tête du classement général, l'objectif de chacun est d'arriver à Gènes avec encore une chance de pouvoir remporter la course. Il faudra donc bien finir cette étape, puis encore tout donner sur la course côtière de samedi.  
 
L’idéal pour Amory Ross serait de gagner à la fois cette étape et la course côtière. L’équipage, qui comprend aussi Simon Fisher, Pascal Bidégorry et Justine Mettraux, est confiant quant à ce qui l'attend. 
 
"En tant qu'équipe, nous nous sommes beaucoup entraînés et nous venons du milieu de la course en équipage. Nous avons toujours été performants sur les parcours côtiers, donc si nous arrivons à finir sur le podium de l’étape jusqu'à Gènes, cela nous donnera une très bonne chance pour la course de samedi", a-t-il déclaré.
 
Ed Gorman