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Depuis l’époque de la marine à voile, les anglais les appellent trade winds. Promesse de richesse, les alizés accélèrent les trajectoires et creusent les écarts. C’est bien ce qui se joue en ce moment sur la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.

Toucher les alizés se mérite souvent, suppose un un peu de réussite parfois mais une fois pris le train, ces puissants vents portants ne prêtent qu'aux riches ! Résultat, les écarts qui vont se stabiliser dans les prochaines 24 heures pourraient à nouveau s’accroître tout au long du week-end.

Début d’alizé pour les leaders

« On a eu plus de vent que prévu dans la journée. La dorsale ne nous est jamais vraiment passé dessus et on est sorti des hautes pressions en un seul empannage » expliquait ce matin Charlie Dalin. Certains ont eu moins de réussite à l’image d’Initiatives coeur et Banque Populaire, pourtant dans le sillage de Charal et Apivia. Idem pour Solidaires en Peloton ARSEP qui a vu les deux Multi50 rentrer quelques milles à son vent dans le système des hautes pressions pour en ressortir beaucoup plus facilement. 

Toujours est-il que ce matin, les leaders la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre foncent à 20 noeuds. C’est encore un peu mou pour Romain Attanasio et Sébastien Marsset qui ferment la marche de ce groupe, alors qu’au large de Gibraltar, Manu Cousin et Gildas Morvan rentrent dans le système. 

Nerveux et pas encore bien établi, l’alizé au large du Maroc lève une mer assez chaotique aux dires des skippers, mer qui va se ranger dans la journée avec le vent qui va un peu baisser - il est monté jusqu’à plus de 30 noeuds en fin de nuit. Son angle nord-est contrarie tout de même la route des leaders qui n’arrivent pas à faire mieux qu’un cap au 260° en tribord amures mais ne peuvent pas trop descendre le long de la Mauritanie sur l’autre bord au risque de voir l’archipel des Canaries leur faire barrage à la sortie. 

C’est en tous cas  un changement de décor radical en comparaison avec la journée d’hier. Sans transition, le stress de la vitesse, du bruit et des jeysers s’invite à nouveau à bord (mais la température remonte !)

Double pleine à l’ouest

Pour les skippers à l’est du 15ème degré de longitude, la descente vers l’alizé devrait plutôt bien se passer. Le matelas de haute pression est assez étroit à traverser (dorsale) et il reste un bon flux de nord-ouest sur le point d’entrée. Les choses risquent de se compliquer sérieusement pour les partisans de la route ouest. Après la déception hier de ne pas tirer partie de leur engagement sur cette voie prometteuse, ils découvrent de nouveaux cailloux dans leurs bottes. L’anticyclone des Açores  rejoint celui des Bermudes (carte de samedi et dimanche) et la zone de transition à traverser s’épaissit sérieusement. Aujourd'hui, ça va encore : pendant que les leaders tirent des bords de portant avec un angle pas terrible, les IMOCA de l'ouest accélèrent la cadence sur la route directe. Mais pendant le week-end, les leaders qui auront progressé dans l'alizé vont faire une route de plus en plus rapprochante vers Salvador de Bahia et les retardataires vont buter dans l'anticyclone. Là, l'écart peut se révéler conséquent...

Chez les Class40, deux groupes se sont clairement formés et ils évoluent en parallèle à une bonne centaine de milles d’écart. Tous vont pouvoir enfin ouvrir les voiles à partir de ce soir et pendant le week-end avant d’être ralentis dimanche. La stratégie pour les deux groupes est la même : aller le plus vite possible tout droit au sud. Mais compte tenu de l’écart latéral, les opportunités et la réussite de la traversée des hautes pressions pourraient être assez diverses dimanche et lundi...