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Ari Huusela 'C’est juste incroyable d’être ici , à Salvador de Bahia'

Ce vendredi 15 novembre, à 12h 22mn 14s, Ari Huusela et Michael Ferguson ont franchi la ligne d’arrivée de la 14e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en vingt sixième position de la catégorie IMOCA. Le duo aura mis 18 jours 23h 7mn et 14s pour parcourir les 4 350 milles théoriques depuis Le Havre à la vitesse moyenne de 9,56 nœuds, mais il a réellement parcouru 4721 milles à 10,37 nœuds. Son écart au premier Apivia est de 5 jours 10h 59mn 14s.

Au Havre, lorsque les skippers discutent foils ou plans porteurs, il ne s’agit pas de ceux d’Ariel2, le vieux plan Owen-clarke de 2007 en est dépourvu. Par contre, question profil, écoulement et décrochage, le pilote d’A 350 Ari Huusela, premier finlandais à s’aligner à 57 ans sur une Route du Café,  en connaît un rayon. Et son co-skipper l’irlandais Michael Ferguson n’est pas un débutant en IMOCA qu’il a découvert avec Mike Golding à l’époque d’Ecover en 2004.

Percutant au départ sur le tronçon menant à Etretat, Ariel 2 navigue dans les 10 premiers au près, une allure où il reste très performant. Mais, dès le passage de Ouessant, une surprise les attend. La vieille grand-voile d’Ariel2 est en train de délaminer entièrement. Ari et Michaël envisagent un moment de faire un pit-stop dans les îles de l’Atlantique, mais aucune solution de rechange valable n’est trouvée. Ils iront donc à Salvador de Bahia en l’état.

Dans ses messages de la nuit, Ari dit contempler les étoiles à travers les fibres disjointes de la voile qui menace de se déchirer entièrement. Prenant soin du matériel autant que faire se peut dans les manœuvres, le duo tient bon, reste évidemment en retrait du peloton mais aligne les milles. Le duo considère qu’ils atteignent 75% de la polaire de vitesse la plupart du temps et 55 % dans les petits airs. Ils finissent malgré tout par passer Vers un monde sans SIDA après le Pot-au-noir. Sauver l’honneur n’est pas ici l’expression adéquate car boucler le parcours de 4350 milles entre Le Havre et Salvador de Bahia est déjà la preuve d’un indiscutable sens marin.

Ari Huusela :"C’est juste incroyable d’être ici, à Salvador de Bahia."

Michael :"Si tu m’avais dit ça il y a deux semaines j’en aurais rigolé, mais nous sommes bel et bien là. L’état de notre grand-voile, il faut le voir pour le croire. A l’instant où nous venons de l’affaler, on avait peine à réaliser. Le plus dur finalement a été de naviguer dans les petits airs, parce que le vent passe vraiment à travers. Dans le Pot-au-noir, nous avons tenu 4myPlanet et Pip Hare Ocean Racing tant que le vent était établi. Mais quand ça a molli, nous avons été obligé de les laisser faire leur course seules."

Ari :"Il nous restait Un monde sans SIDA pour régater, c’était sympa. Nous avons eu jusqu’à 35 milles d’avance sur eux mais dans les vents faibles à la fin, c’est retombé à un tout petit écart de 3 milles."

Michael :"On a fait un bon duel d’empannages. Beaucoup de choses nous ont gardé en alerte pendant cette course, parce qu’en fait, après la catastrophe de la grand-voile au deuxième jour, nous nous sommes retrouvés en mode convoyage."

Ari :"J’ai pensé à mon ami Tapio (Lehtinen) qui a couru le Golden Globe Race avec trois épaisseurs de bernacles sous la coque. Il a mis 332 jours. Je me disais que même si on devait en mettre 50, on en viendrait au bout."