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Cette étape, entre Itajaí et Newport, restera comme le théâtre d'une bataille épique entre deux IMOCA : un bras de fer de 17 jours et autant de nuits, sur des milliers de milles, ponctués par des vents légers et moyens, de nombreuses phases de transition et une violente tempête à trois jours de l’arrivée.

La plupart du temps, les équipages régataient à vue – s’observant du cockpit et à portée de VHF. La tête de la course passant de l’un à l’autre sans arrêt, pendant que les navigateurs à la table à cartes et les régleurs sur le pont s'efforçaient de trouver la meilleure vitesse quelles que soient les conditions.

A l’arrivée, c'est le plan Verdier de 11th Hour Racing Team, skippé par Charlie Enright, qui l'a emporté. L'équipage américain est alors arrivé en héros mercredi après-midi à Newport (Rhode Island), son port d'attache. Sur la ligne, l'écart entre le vainqueur et le second n'était que de 32 minutes.

Le mano à mano entre ces deux foilers aux performances très différentes fut étonnant. En effet, les pronostics issus des précédentes legs faisaient dire que Team Malizia - vainqueur dans les mers du Sud - serait moins à l’aise dans les airs plus légers et moins en mesure de rivaliser avec l’agile Malamā de 11th Hour Racing Team.

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Au cours d'une bataille qui aurait pu basculer dans un sens comme dans l’autre, l'équipage de Team Malizia, skippé par Will Harris, a démontré qu'il avait appris à faire avancer son bateau dans pratiquement toutes les conditions de vent. Au Brésil, Will expliquait toute l'expérience acquise sur le bateau, notamment dans du vent médium avec de grands angles de gîte, en matossant le matériel pour générer de la vitesse en mode "semi-foiling" et en utilisant une section plate de la coque. Ce réglage est sans doute celui qu'ils ont le plus utilisé pour garder le rythme face à leurs rivaux américains.

Charlie Enright a rapidement reconnu l'amélioration des performances de leur adversaire. "Je ne suis pas surpris de voir Team Malizia performer dans toutes les conditions", déclare-t-il sur le quai bondé de Fort Adams. "Le bateau est encore neuf. Ils ont beaucoup appris dans le Grand Sud et ont maintenant bien confiance en eux. Avant, ils pensaient que leur bateau ne pouvait pas faire certaines choses, mais maintenant ils peuvent (le faire avancer) sous de nombreux angles. Nous ne sous-estimons pas ce bateau, c'est certain".

Du côté du Team Malizia, le navigateur Nicolas Lunven décrit la courbe de performance de l'équipe depuis le début de course. Et nous pouvons d'ores et déjà dire que les adversaires de l'équipe allemande ne sont pas au bout de leurs peines, puisqu'il reste encore quatre étapes à courir.

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"Nous cherchons encore les manettes de notre bateau", explique-t-il. "Nous sommes conscients que les vents moyens et légers ne sont pas des conditions idéales pour nous, mais nous parvenons à survivre dans ces conditions sans trop perdre en performance, tout en gardant l'avantage lorsque le vent se lève. C'est passionnant parce que nous continuons à apprendre. Nous creusons pour trouver la clé qui nous permettra d'aller encore plus vite. Depuis Alicante, où nous avons commencé avec des foils que nous ne connaissions pas du tout, et aujourd'hui, nous avons parcouru un long chemin en termes de connaissances et d'apprentissage".

Will commente la bataille sur l'eau sur cette dernière étape qui comprenait une navigation dans les alizés, une traversée du Pot au Noir, puis des vents soutenus de 40-50 nœuds et un état de la mer épouvantable dans le Gulf Stream. "C'était une belle bagarre avec 11th Hour Racing Team - c'est exactement la raison pour laquelle nous sommes venus faire cette course. C'est une course au coude à coude sur ces bateaux impressionnants", confie-t-il. "À chaque quart, nous étions toujours plus motivés pour les rattraper. Et même à la fin de l'étape, lorsqu'ils nous ont un peu distancés, nous savions que nous avions encore des cartes à jouer. C'est ainsi que se déroulent les courses. Ils n'ont fait aucune erreur et fait du très bon travail."

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C'est une grande victoire pour Charlie Enright et son équipage qui ont connu des moments difficiles dans les mers du Sud. Cette première place arrive à un moment de la course où l'équipe avait besoin de montrer de quoi elle était capable. Le navigateur britannique Simon Fisher résume à son arrivée à Newport, le soulagement d'une équipe qui est partie d'Alicante en janvier, considérée par beaucoup comme la gagnante potentielle de cette course.

"J'aurais aimé que cela arrive un peu plus tôt", déclare-t-il, "mais une victoire ici, dans notre ville de Newport, c'est le rêve. Je suis aux anges. Le Grand Sud a été vraiment difficile, mais la façon dont toute l'équipe s'est mobilisée à Itajaí a été impressionnante. Tout le monde a travaillé très dur, a été super positif et optimiste, et chacun était convaincu que nous pouvions gagner."

Désormais, les équipages se préparent pour un sprint à travers l'Atlantique vers Aarhus (Danemark), une étape qui compte double en termes de points, avant les dernières étapes européennes menant à l'arrivée à Gênes à la fin du mois de juin. Si Holcim-PRB (19 points) conserve son avance - d'un point - 11th Hour Racing Team et Team Malizia sont désormais ex-æquo à la deuxième place (18 points). Les Américains ont l’avantage en raison de leur performance sur les In-Port Races. Paul Meilhat et son équipe Biotherm restent à la quatrième place, avec seulement cinq points de retard (13 points).

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"La course est si serrée maintenant - je pense que c'est ce que nous pouvons retenir de ce résultat", commente Will Harris qui a skippé Team Malizia sur deux des quatre étapes. "Nous nous battons pour la victoire finale et il nous reste encore trois étapes à courir, ce qui laisse beaucoup d’opportunités. Il y a donc beaucoup de points à prendre et de quoi jouer".

Charlie Enright se réjouit également des batailles à venir - un skipper qui sait que gagner sur The Ocean Race est souvent plus une question de performance dans les dernières étapes que dans les premières. "Nous sommes maintenant à un point de la tête du classement et il y a encore beaucoup à jouer et beaucoup de points à prendre. Nous sommes en bonne voie et nous avons montré que nous pouvions gagner.", se réjouit-il.

Ed Gorman (traduit de l’anglais)

 

CLASSEMENT LEG 4

1- 11th Hour Racing Team - 17j 02h 26min 41s - 5 points
2- Team Malizia - 17j 02h 58min 22s - 4 points
3- Biotherm - 17j 19h 49min 38s - 3 points
4- Guyot Environnement-Team Europe - Suspendu
5- Holcim-PRB - Abandon