2CUzx

« C’était une sacrée course, une sacrée aventure, beaucoup d’émotion, de passer de seul au monde a autant de bateaux autour tous ces zodiacs, lumières, ces supporters, sans transition aucune.

Je suis passé de 'seul au monde' a entouré de nuée de bateaux. C’est vraiment particulier. Pas de transition, ça vient en un claquement de doigts. Je savais qu’il y aurait du monde, mais je me suis fait surprendre par l’accueil.

Plein de rebondissements, des hauts, des bas, pas mal de bricolage. C’est une sacrée expérience. J’ai traversé l’océan Indien, l’océan Pacifique et j’ai franchi mon premier Cap Horn.

L’autre jour, j’ai reparcouru toute la trace et je me souviens de chaque manœuvre, de chaque virement et ça me fatiguait de me remémorer tout ce que j’ai fait. Si on le savait avant de partir sur un Vendée Globe, on se dirait ‘c’est pas possible, je ne vais pas supporter tout ça’ mais petit à petit, on y arrive.

Le moment le plus difficile ? La perte de ma cale de foil bâbord dans l’océan Indien, j’étais en tête et j’ai vu de l’eau passer dans le tunnel. Je me suis effondré, j’ai appelé Antoine Carraz, mon Chef de projet, ça a été un moment difficile, j’ai vraiment cru que j’allais me retrouver en Australie ou Nouvelle-Zélande. On a passé une journée entière de travail pour réparer.

Ensuite, la tempête dans l’Océan Indien qui était vraiment costaud, moment assez compliqué et j’étais soulagé quand le vent est tombé. J’ai perdu mon deuxième aérien deux heures avant que le vent ne rentre, j’ai réussi à surmonter toutes ces difficultés.

Vg2020 20210122 apivia finishblb 4234b basse dfinition vi

Puis, la course a été belle, super bataille avec Thomas (Ruyant), Louis (Burton) à la fin et Yannick (Bestaven).

Le Vendée Globe est une course magique. Elle m’a changé pour toujours, je ne sais pas de quelle manière encore mais ce sont des émotions d’une force que je n’avais encore jamais ressentie. Cela va avoir un impact sur ma manière de voir les choses, de penser.

Je suis quelqu’un d’assez stable en termes d’émotion, c’est un peu ma force mais le Vendée Globe est tellement fort, puissant, je suis passé par des moments de doute, de tristesse, des moments de vide aussi mais cela n’a pas duré longtemps.

Enfin, j’étais habitué à faire tourner les chronos sur La Solitaire du Figaro et cela me poursuit. Le chrono est lancé jusqu’à ce que Boris et Yannick arrivent.

C’est un scénario particulier. J’espère que cela va bien se passer pour moi. C’est normal qu’il y ait eu des bonifications. Si c’est moi que la Direction de Course avait appelé, je l’aurais fait sans hésiter (‘aller au secours de Kévin Escoffier) et c’est normal que les coureurs qui se sont déroutés bénéficient de ces bonifications.

Je ne suis pas sûr que la position des bateaux aurait été différentes finalement car il y a eu beaucoup de rebondissements depuis mais c’est comme ça. Ce que l’on ne peut pas m'enlever, c’est que j’ai franchi la ligne d’arrivée en tête, les ‘line honours’ comme disent les Anglais sont pour moi.