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Après leur première journée de course, 36 skippers de la flotte IMOCA de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe (sur 38 au départ) font route vers l'Atlantique Nord avec un schéma météorologique complexe devant eux et des décisions délicates à prendre.

Les skippers ont d’abord longé les côtes bretonnes dans un vent frais d'ouest-sud-ouest, et tous ont choisi de passer au sud du DST (Dispositif de Séparation du Trafic) de Ouessant, sauf Louis Duc sur son Fives-Lantana Environnement. Après une journée, Louis Duc est leader au classement IMOCA en vertu de sa position la plus à l'ouest, mais la véritable action se déroule à environ 110 milles plus au sud.

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En effet, c’est là que se trouve le groupe des bateaux les plus rapides, mené par Charlie Dalin sur APIVIA, devant Thomas Ruyant sur LinkedOut et Louis Burton sur Bureau Vallée. Nous retrouvons également dans ce groupe Jérémie Beyou sur Charal, Kevin Escoffier sur Holcim-PRB, Maxime Sorel sur V And B-Monbana-Mayenne et Justine Mettraux sur Teamwork.

A environ 55 milles au nord-ouest d'eux, un deuxième groupe de bateaux a pris une option plus au nord, mais pas aussi extrême que celle choisie par Louis Duc. Ce groupe était mené en début de journée par le skipper néo-zélandais Conrad Colman sur Imagine, profitant de son excellent début de course, suivi de Benjamin Dutreux sur Guyot Environnement-Water Family, Arnaud Boissières sur La Mie Câline et Guirec Soudée sur Freelance.com.

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Tout dépend maintenant de l’endroit que les skippers choisiront pour traverser le premier système dépressionnaire qui se met en travers du chemin de la flotte entre les Açores et la côte nord-ouest de l’Ecosse. Le déroulement de cette transition pourrait bien affecter les positions relatives des bateaux de tête et permettre à Charlie Dalin de protéger son avantage précoce.

"L'essentiel est de franchir le premier front ", confirme Pierre Le Roy, vainqueur de la Mini Transat 2021, qui a travaillé avec Charlie Dalin sur sa préparation météo pour le début de course.“Le principal défi sera de trouver le meilleur moment pour traverser le front et ainsi rejoindre les alizés le plus rapidement possible. Il n'est pas possible d'éviter ce front, donc c'est juste une question de timing. "

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Le positionnement des bateaux au passage du front sera déterminant. "Au nord, ils vont avoir des vents plus forts et des vagues plus grosses aussi", poursuit Pierre le Roy. "Mais beaucoup dépendra du timing et de la vitesse des bateaux, car ils ne pourront pas aller aussi loin au sud ou au nord qu'ils le souhaitent, selon qu’ils ont des foils ou des dérives."

Le tableau météorologique général - avec un deuxième front qui arrive dans quelques jours et des conditions encore incertaines entre les deux systèmes - a fait que l'équipe d'APIVIA n'a pas pu définir une stratégie claire avant le départ de Charlie Dalin, mais s'est plutôt concentrée sur la définition et la mise en place des différentes options. 

Selon Pierre Le Roy, Charlie Dalin, dont l’objectif est de remporter la Route du Rhum, a fait les bons choix et cela se voit sur la cartographie puisqu’APIVIA pointe en tête des bateaux les plus rapides. "Il y avait beaucoup d'incertitudes sur les prévisions météorologiques à l'approche du départ", explique Pierre. "Notre principal travail a été de définir et d’approfondir tous les différents scénarios et la stratégie était de garder nos options ouvertes et de s'assurer que Charlie puisse aborder la meilleure solution au moment donné. L'important était qu’il puisse prendre une ou deux heures dès la première nuit pour ajuster sa trajectoire pour passer le premier front car ce n'était pas possible de lui dire avant le départ 'OK, va par là ou par là...'".

Pierre Le Roy affirme que Louis Duc prend un risque en choisissant seul de partir au nord. "Théoriquement, cela pourrait être une route très rapide, mais la question est de savoir s’il sera capable d'aller assez vite pour suivre le routage et maintenir son bateau en bon état",explique-t-il. "C'est une route très risquée, surtout si l'on s'y rend seul. Mais dans sa situation, il sait qu’il ne pourra pas gagner la course en se contentant de suivre la même route que les bateaux les plus rapides, alors pourquoi ne pas tenter le coup ! J’espère qu'il n'aura pas d'ennuis."

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Malheureusement, à l’approche du Cap Fréhel hier, Oliver Heer Racing Team et DMG MORI Global One sont entrés en collision. Les deux skippers sont immédiatement retournés à Saint-Malo et Kojiro Shiraishi a annoncé son abandon tandis que l'équipe de Oliver Heer travaille actuellement d'arrache-pied pour réparer le bout-dehors afin de lui permettre de reprendre la course d'ici un ou deux jours.

Le skipper guadeloupéen, Rodolphe Sépho, a également dû s’arrêter plusieurs heures à Roscoff pour régler des problèmes techniques, mais est désormais de retour en course. De même pour Nicolas Rouger qui avait lui fait le choix de retourner à Saint-Malo quelques heures après le départ et qui a repris la mer cet après-midi. 

Ed Gorman

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