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Partie hier dimanche 21 mai de Newport (Etats-Unis) pour Aarhus (Danemark), après un parcours côtier dans la baie de Narragansett en guise d’In-Port Race, remportée par Team Malizia (Boris Herrmann), le début de cette cinquième étape de The Ocean Race dont les points comptent double, s’annonce peu ventée et complexe côté météo.

Opération commando !

Dans le landerneau de la course océanique, elle est incontournable et unanimement respectée. Et que ce soit l’America’s Cup, les transats ou encore les tours du monde en équipage comme chargée des opérations, de la technique et du management, elle connaît ! La Française Marine Derrien, team manager de Holcim-PRB, aurait pu souffler un peu lors de la quatrième étape entre Itajaí et Newport… jusqu’à ce que son téléphone sonne, le leader de la course ayant vu son mât s’écraser sur le pont au large du Brésil, suite à la rupture d’une pièce maintenant en tête le foc J2. Marine, l’équipe technique et l’équipage conduit par Kevin Escoffier, ont mené une opération commando qui semblait invraisemblable au prime abord, et l’IMOCA aux couleurs de la Suisse, a pu récupérer un mât venu de Lorient, puis repartir de Newport avec un petit point d’avance sur Team Malizia et 11th Hour Racing Team. Une ultime navigation musclée afin de valider les réglages du mât et recaler l’électronique, avec des pointes à 30 nœuds, trois jours seulement après le remâtage, a confirmé que sur The Ocean Race, rien n’est décidément impossible avec ces femmes et ces hommes. Malheureusement, GUYOT Environnement - Team Europe, mené par Benjamin Dutreux, et qui a lui aussi brisé son mât, n’a pas eu cette chance, et a dû se dérouter sur Halifax, espérant rejoindre la course en Europe.

230521 GS Parade 00368 1© Georgia Schofield | polaRYSE | HolcimPRB

Un casting cinq étoiles !

Grand vainqueur du dernier tour du monde en équipage en 2017-18, comme skipper de Dongfeng Race Team, après un final digne d’un scénario d’Hitchcock, Charles Caudrelier, sait « renvoyer l’ascenseur ». Lors de sa victoire, l’une des « pièces maîtresses » du bord se nommait Kevin Escoffier. Et quand ce dernier, skipper de Holcim-PRB, lui a proposé d’embarquer pour cette cinquième étape, Charles Caudrelier a craqué. Le vainqueur de la dernière Route du Rhum à la barre de l’Ultim Maxi Edmond de Rothschild, a longtemps couru en IMOCA mais en double, et avoue que désormais les bateaux sont devenus tellement rapides et inconfortables, qu’il a hésité à dire « ok » à son ami Escoffier. En charge de la navigation sur cette transat, il reconnaît même une certaine appréhension à passer une dizaine de jours dans un « shaker » fermé. Et pourtant, Charles Caudrelier est un « dur au mal »…

230521 GS Departure 3095© Georgia Schofield | polaRYSE | HolcimPRB

Changement de mentalité

Il n’est pas si loin ce temps, où que ce soit pour les skippers et les équipiers, il était hors de question de se disperser, interdit d’aller voir ailleurs, et donc d’embarquer sur un prototype concurrent le temps d’une course ou d’une étape… Aujourd’hui, les choses ont bien changé, et les plus grands marins n’hésitent pas à faire des « piges » à bord de bateaux adversaires. Grâce au partage de compétences et d’expérience, il faut se féliciter de voir les meilleurs marins de la planète se tirer mutuellement vers le haut. Le Britannique Sam Goodchild retrouve Kevin Escoffier sur Holcim-PRB, la Suissesse Justine Mettraux, Charlie Enright sur 11th Hour Racing Team, Amélie Grassi, Paul Meilhat sur Biotherm, Yann Eliès, Boris Herrmann sur Team Malizia... Quant à Charlie Dalin, double champion du monde IMOCA, il rejoint l’équipage américain de 11th Hour Racing Team, pendant que son nouveau bateau est en finition chez MerConcept, là où est également né 11th Hour Racing Team. Autant dire que le Havrais ne sera pas perdu à bord du plan Verdier sur ce sprint atlantique. Spécialement conçu pour The Ocean Race, le bateau américain a retrouvé à Newport ses foils du début de course et des voiles neuves pour cette cinquième étape.

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Une météo compliquée

Christian Dumard, météorologue de la course, est assez clair. Le début de course va être compliqué avant de tenter d’attraper une dépression atlantique propulsant les concurrents vers le nord des îles britanniques. Si le départ hier dimanche a été plutôt tranquille dans des vents erratiques et devant un large public de connaisseurs, la flotte va devoir très vite négocier une zone de hautes pressions en provenance du Canada, et une rotation des vents entre nord-ouest et nord nord-est. Il va falloir parvenir à s’extirper de ces vents oscillants et « emprunter » le tapis roulant qu’est le Gulf Stream, être vigilant avec la brume des bancs de Terre Neuve, et bâtir sa stratégie en tenant compte de la zone d’exclusion des glaces. Et comme les modèles météo ne sont pas tous d’accord entre eux, le jeu s’annonce très ouvert…

Ce lundi 22 mai au pointage de 14 heures UTC, et dans des vents faibles de secteur nord, 11th Hour Racing Team mène la danse. Team Malizia est à 4,1 milles, Holcim-PRB à 5,6 milles, et Biotherm à 13,7.

Source : The Ocean Race