IMOCA General Meeting – Technical decryption

L’Assemblée Générale du 19 avril 2013 finalise deux dossiers très importants pour l’IMOCA qui étaient en études depuis 2011.

L’Assemblée qui s’était tenue à Barcelone en juin 2011 demandait au Conseil d’Administration de l’IMOCA de continuer son étude (initiée en janvier) sur l’évolution de la jauge dans le but d’avoir des bateaux plus simples, plus fiables et moins chers, tout en conservant une liberté de conception.
Deux ans plus tard l’IMOCA a choisi son avenir en respectant ses souhaits et ses deux grands axes de réflexion. Les objectifs étaient ambitieux :

  • diminuer les coûts
  • fiabiliser les bateaux
  • simplifier les bateaux
  • améliorer l’accessibilité
  • assurer la transition


Avant de se prononcer sur l’évolution globale de sa jauge l’Assemblée Générale a adopté un changement de règle concernant la conception et la construction des quilles. A compter de maintenant toutes les nouvelles quilles devront être d’une seule pièce en acier inox forgé. Les coefficients de sécurité ont été revus et sont augmentés, des nouveaux cas de chargement ont été imposés et les fréquences propres ont été augmentées. La quille standardisée des nouveaux bateaux respectera ces critères.

Le premier objectif, celui de la diminution des coûts, est sans doute le plus difficile à atteindre, surtout dans un sport mécanique professionnel. C’est cet objectif qui avait entrainé les dirigeants de la Classe à s’interroger sur la standardisation des bateaux.
Cette solution n’a pas été retenue par l’Assemblée qui a préféré conserver une certaine liberté architecturale.

C’est la solution alternative avec une quille et un mât standardisés qui a été retenue par la majorité des membres.
Cette solution qui laisse beaucoup de liberté sur la coque respecte en partie tous les objectifs définis :


- Diminuer les coûts :

  • la standardisation des quilles et des mâts apporte une économie. Les études sont mutualisées, la construction optimisée et le développement personnalisé est interdit. Ces postes vont coûter moins cher tant à l’achat qu’en fonctionnement.
  • En termes d’investissement, la quille et le mât deviennent des valeurs sûres. De plus, la standardisation du gréement crée un marché d’occasion pour les voiles, c’est un nouvel atout pour les projets moins fortunés.


- Fiabiliser les bateaux

  • L’IMOCA s’est concentrée sur ses deux points faibles et là aussi la standardisation des quilles et des mâts apporte la réponse. Ces deux postes vont bénéficier de l’expérience très importante de la Classe et ne seront plus sujet à la compétition, donc à la prise de risque.
  • C’était indispensable pour la quille dont la casse peut mettre en danger la vie du skipper. Le niveau de complexité de cette pièce est tel que même les meilleurs projets peuvent connaître des déboires.
  • La standardisation sera profitable sur les mâts qui n’étaient plus assurables et dont la perte entraine des dégâts très importants et l’abandon des courses.


- Simplifier les bateaux

  • La suppression du test à 10° et de l’AVS apportent de la liberté architecturale et limitent la nécessité d’avoir des ballasts.
  • La construction et la gestion des ballasts étaient très compliquées.
  • Pour autant les bateaux ne perdent rien en termes de sécurité, mieux l’AVSwc, c'est-à-dire son angle de chavirage dans les pires conditions est augmenté de 110° à 114° (en 2009 il était de 108°).
  • La puissance du bateau est limitée à 22T/m à 25° de gite, c'est-à-dire que la puissance est maintenant prise en compte dans un cas réel de navigation.


- Améliorer l’accessibilité

  • La simplification des bateaux y contribue
  • La standardisation des quilles et des mâts simplifient le dossier de conception ; elles limitent les champs d’investigation liés à la performance des bateaux et devraient ainsi permettre à plus de projet d’être performants. C’est un pas vers les jeunes skippers et vers l’internationalisation qui tend à privilégier la qualité du marin et du sportif.
  • L’interdiction d’utiliser des matériaux trop sophistiqués limitera les dérives technologiques et budgétaires


- Assurer la transition
C’était un sujet primordial qui a été pris en compte dans toutes les évolutions proposées.
Il s’agissait de préserver la flotte existante et de proposer des solutions pour les nouveaux bateaux qui permettaient d’avoir une flotte homogène.


On retiendra que :

  • les bateaux existants peuvent continuer à courir à la jauge 2012
  • le changement de quille est préconisé sur tous les bateaux qui n’ont pas une quille en acier forgé et les bateaux qui ne changent pas leur quille se verront imposer un poids compensateur pour respecter une équité sportive.
  • Les bateaux existants peuvent passer à la nouvelle jauge avec peu de modifications car  tous les critères de la nouvelle jauge ont pris en compte l’état de la flotte actuelle. Ils pourront notamment garder leur mât.
  • Si les nouveaux bateaux se voient imposer leur quille et leur mât, ceux-ci seront très proches de ce qui existe et leur investissement sera garanti en termes de performance.

En résumé les critères techniques retenus par les nouvelles règles vont contribuer à la fiabilité des bateaux. Cela aura impact sur leur capacité à courir en prenant moins de risque ; la peur de casser sera moins importante ce qui devrait encourager les skippers à participer à toutes les courses du championnat.

Si les quilles et les mâts restent les éléments les plus exposés, ils deviennent interchangeables et leur endommagement ne remettra plus en cause la présence des bateaux aux rendez-vous les plus importants.

Cela va dans le sens des organisateurs de courses et du Championnat IMOCA.