Vqw2q

Positionné une trentaine de milles dans le sillage des "avions de chasse" génération 2020, Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres) n’oublie pas l’essentiel : il est en mer, en mode course, et il faut savoir s’en réjouir !

Fabrice, comment sont déroulées ces premières heures de course ?

« Bien ! ça se passe bien. Le départ a été intéressant, dans la houle, le vent, la grisaille, ce fut une parfaite répétition pour le mois de novembre et le départ du Vendée Globe. L’ambiance était un peu austère, ça piquait un peu entre la mer formée et le temps gris, mais que c’est bon, cette sortie de confinement !

J’ai pris un départ très correct, juste derrière les plus rapides du peloton. Puis j’ai passé une bonne partie de la nuit derrière Yannick Bestaven (Maître-CoQ) qui navigue plus que moi, dans le gros temps, et je suis très content de l’avoir suivi. Mais je suis surtout très content d’être là, de courir sur l’eau, de mettre un terme au confinement… C’est génial de pouvoir faire cette course ! »

Vous allez vers une dépression qui s’annonce solide, le jeu va se muscler encore ?

« Oui, je commence à regarder la suite, parce que ça va être copieux, au sud-ouest de l’Irlande. Il va falloir négocier cette dépression. Je vais avoir un choix à faire. Si la route « raisonnable » ne fait pas perdre trop de temps, je pense que je la prendrais. Pour l’instant, le déficit s’annonce un peu lourd, ce qui m’incite plutôt à aller chercher le vent fort ».

" JAUGER COMMENT ON SE POSITIONNE PAR RAPPORT AUX AUTRES "

Ce serait une bonne occasion de tester ton bateau dans le vent fort ?

« C’est vrai ! On va avoir 40 nœuds, au reaching, les conditions qu’on va rencontrer dans l’océan Indien cet hier. L’occasion est intéressante, mais je réfléchis. A quatre mois seulement du Vendée Globe, il faut ne pas faire n’importe quoi ».

L’option par le centre de la dépression pourrait vous permettre, le peloton de chasse et toi, de ne pas perdre contact avec la tête de course ?

« Oui, mais sur cette course, l’enjeu est de faire un état des lieux des forces en présence, et de jauger comment on se positionne par rapport aux autres. Les objectifs principaux pour moi, sur la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne, c’est de m’amuser, et de faire naître de bonnes sensations. Si je reviens sur eux, tant mieux, sinon, ce n’est pas grave. Les différentiels de vitesse sont tellement impressionnants entre les bateaux de dernière génération et les nôtres qu’il ne faut pas trop rêver. On concède 3 à 4 nœuds de vitesse au près, 7 ou 8 au reaching dans certaines phases. Même si on revient, ce qui serait rigolo, ils finiront par partir fort devant. »

Tu es prêt, physiquement, à prendre la dépression qui arrive ?

« J’ai des lacunes, mais j’ai la chance de ne jamais souffrir du mal de mer. Du coup, ça ne m’affaiblit pas, et j’ai même pu enchaîner plusieurs siestes alors que le bateau cavalait à trente nœuds. »