PEDOTE GIANCARLO   PRYSMIAN GROUP  40

Fort de déjà deux participations à la course, dont l’une fût couronnée de succès dans la catégorie des Multi50 en 2015, Giancarlo Pedote s’apprête à prendre part à la fameuse Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre pour la troisième fois. Changement notable cependant, le navigateur Italien endosse cette fois le rôle de skipper.

A la clé, plus de responsabilités et aussi, sans doute, plus de pression, mais le navigateur Italien, qui gère ses projets depuis ses débuts en Mini 6.50 en 2013, a appris au fil du temps à transformer le stress en énergie positive, une situation difficile comme un défi à relever. C’est donc le couteau entre les dents qu’il aborde cette 14e édition de la Route du Café qui les mènera, lui et son co-skipper Anthony Marchand, du Havre jusqu’à Salvador de Bahia, au Brésil. Une épreuve dont il connait, de fait, à la fois les spécificités et les difficultés. Les pièges et les points clés. Il nous dit tout, et évoque, au passage, quelques souvenirs.

Les deux premières 
« Elles remontent à 2015 et 2017. La première, à destination d’Itajaí à l’époque, je l’ai disputée en Multi50 à bord de FenêtréA-Prysmian. On s’est imposé après 16 jours, 22 heures et des poussières de course, en s’offrant par ailleurs le luxe de terminer troisième au scratch derrière les Ultimes Macif et Sodebo. La seconde, également à destination de l’Etat de Santa Catalina, je l’ai courue en IMOCA à bord de Newrest – Brioche Pasquier, terminant alors à la 12e place. Les deux expériences, bien que différentes, ont naturellement été très riches pour moi. »

Les souvenirs
« En 2015, je me souviens qu’on avait bien galéré parce que la météo avait extrêmement compliquée. De nombreux bateaux, dans toutes les catégories, avaient d’ailleurs été contraints à l’abandon en raison des conditions difficiles. On avait fait du près quasiment jusqu’aux Canaries ! J’en garde cependant un chouette souvenir d’autant qu’on avait gagné et que cela m’avait ouvert l’horizon du multicoque. L’édition 2017 reste également une belle expérience pour moi car c’était ma première traversée de l’Atlantique en IMOCA. J’étais alors en mode découverte sur un bateau qui n’était toutefois pas de dernière génération puisqu’il s’agissait de l’ex Gitana Eighty mis à l’eau en 2007 pour Loïck Peyron. On avait éclaté le grand spi assez rapidement et cela nous avait largement handicapé pour le reste de la course, mais j’avais appris énormément. »

Les spécificités de cette transat
« On ne se rend pas bien compte, mais sur une transat aussi longue (4350 milles, ndlr), on a pas moins de cinq systèmes météo à passer : les dépressions d’ouest sous nos latitudes, les alizés de nord-ouest, le Pot-au-Noir, les alizés de sud-est et une zone très instable et orageuse pour finir. Ça fait un paquet de passages très compliqués. Reste qu’à mon sens, tout se joue surtout au début, entre la sortie de la Manche et celle du golfe de Gascogne. Une fois passé la zone de convergence intertropicale (ZCIT), où c’est quand même un peu la loterie, ce qui devait casser a déjà cassé et les emmerdes techniques qu’on devait avoir, on les a déjà eus. Après, ça part souvent par devant… »

La principale difficulté 
« C’est clairement le début parce qu’au moment où on prend le départ, ça fait une dizaine de jours qu’on est cloué à terre et que le bateau n’a pas quitté le bassin. Il faut donc réussir à rentrer très vite dans le match surtout que c’est généralement lors des premiers jours que les premiers écarts significatifs se font. Ce n’est pas facile car en octobre / novembre, on peut subir des gros changements de temps et/ou de températures. Il fait froid, il pleut, ça souffle, la mer est formée… ce n’est pas une mince affaire de trouver le bon rythme d’emblée. »

L’expérience des deux précédentes participations, un atout dans quelle mesure ?
« Lorsque l’on participe à une course pour la troisième fois, il y a naturellement moins de stress. On connait le chemin, les problèmes auxquels on peut être confrontés, les pièges du parcours… ça reste néanmoins une transat, un exercice loin d’être anodin. L’une ne ressemble jamais à l’autre. Ce qui change pour moi cette fois, c’est que j’assure le rôle de skipper. Par conséquent, je porte beaucoup plus de choses sur mon dos. C’est un autre contexte et j’ai particulièrement à cœur de faire les choses bien ».