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Après avoir passé une année au Japon dans le but de faire connaître la course au large dans son pays natal, Kojiro Shiraishi, premier skipper japonais à avoir bouclé le Vendée Globe, est de retour à Lorient. Il revient sur cette campagne de plusieurs mois à l'autre bout du monde.

Voilà un an que tu étais parti au Japon avec ton IMOCA, peux tu nous parler de ce voyage ? 

“Nous avons quitté Lorient au mois de mai pour arriver un mois plus tard au Japon, après avoir traversé l’océan Atlantique et Pacifique. En effet, le canal de Suez étant bloqué par un porte-conteneurs, le cargo transportant l’IMOCA avait dû prendre la route Ouest. Cependant, le plus difficile dans cette campagne n’était pas spécialement le transport maritime, mais le transport 'humain' du fait de la fermeture des frontières japonaises. Trois personnes sont quand même parties au Japon et pendant deux semaines, ils étaient en confinement strict, dans un pays inconnu, en pleine saison de la mousson. 

Là-bas, nous n’avons pas pu faire naviguer énormément de personnes du fait de l’annulation de nombreuses courses à cause de la situation sanitaire. Par ailleurs, nous avons réussi à déplacer le bateau dans quatre villes du pays et environ 2000 personnes ont pu visiter le bateau. A chaque fois que nous annoncions l’ouverture des visites, près de 400 personnes s’inscrivaient pour chaque journée pour 100 places disponibles !

Il y a eu un gros engouement autour de mon projet après le Vendée Globe, notamment grâce à la diffusion hebdomadaire d’une émission dédiée au Vendée Globe sur TV Asahi, chaîne nationale japonaise. Jusqu’à présent, il n’y avait encore jamais eu d’émission comme celle-ci et le fait que cette chaîne ait créé une émission à destination du grand public à permis de mettre en lumière la voile et de faire découvrir cet univers à des personnes qui n’y connaissaient rien. Aussi, beaucoup ont pu apprécier ce milieu et souhaitent ensuite voir l'IMOCA de leurs propres yeux.”

Quel était l’objectif de cette campagne japonaise ? 

“ Emmener l’IMOCA au Japon était quelque chose de très important pour DMG MORI. Forcément, déplacer un IMOCA à l’autre bout du monde n'était pas chose simple, notamment à cause des restrictions sanitaires imposées par le Japon, mais les sponsors avaient à coeur de faire découvrir le bateau et tout l’univers de la course au large à leurs collaborateurs, mais surtout à la population japonaise qui avait suivi le Vendée Globe."

Photo PR Japan

Est-ce que la course au large a gagné en intérêt au Japon ?  

“Jusqu’à ces dernières années, peu de Japonais avaient d’intérêt pour la course au large, mais ce sport prend de plus en plus d’ampleur. En 2021, Masa Suzuki participait à la Transat Jacques Vabre à bord d’un Class40, deux ans après avoir terminé vingt-quatrième de la Mini Transat, et a désormais pour projet de participer à la Globe 40. 

Faire connaître la culture de la course au large est un souhait des sponsors. Aussi, nous avons déjà envoyé un premier Mini 6.50 série à Hayama (proche de Tokyo) pour permettre à de jeunes marins de s’entraîner et de participer aux courses japonaises. Parallèlement, nous avons construit au sein de notre structure deux Mini 6.50 prototypes avec pour objectif la participation à la Mini Transat. Aussi, DMG MORI Sailing Team travaillera sur deux projets : le Vendée Globe, tour du monde en solitaire, et la Mini transat, transatlantique en solitaire. 

A côté de cela, j’ai reçu plusieurs demandes de conseils de la part de Japonais et Japonaises pour la construction d’un projet de course au large. 

De plus, les Sustainable Development Goals énoncés par les Nations Unis sont pris très au sérieux par les Japonais et la voile représente une image verte, durable et de fait sa notoriété grimpe."

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Tu as également visité des écoles au Japon, c’est important pour toi de faire découvrir cela aux plus jeunes ? 

“Aller à la rencontre des jeunes dans les écoles est quelque chose que je fais depuis longtemps. J’aime la force que représente les enfants. J’ai rencontré des élèves qui m’avaient suivi pendant tout le Vendée Globe dont une école qui est juste à côté de la mer, c’était génial ! Je suis également passé dans celle où je fus scolarisé quand j’étais petit et dans une aux Sables d’Olonne avant de partir."

 

Quel est l’objectif du projet DMG MORI Global One pour les quatre prochaines années ?

“Le sponsor, Monsieur Mori, a exprimé trois souhaits. Tout d’abord, finir huitième ou mieux du Vendée Globe 2024, c’est un objectif très ambitieux au vu du plateau qui s’annonce pour la prochaine édition. 

L’autre objectif est de promouvoir la jeunesse et les jeunes ingénieurs/navigateurs pour qu’ils puissent s’épanouir dans la course au large grâce au projet Mini au Japon et à Lorient. Deux Français et deux Japonais travaillent désormais sur le projet IMOCA et navigueront ensuite sur les Mini 6.50 construits pour l’équipe.  

Le troisième objectif est d’augmenter la notoriété de la voile au Japon, un objectif que nous avons en partie rempli en réalisant cette campagne en 2021 et que nous poursuivrons en participant à l’ensemble des courses du Championnat IMOCA Globe Series de l’année et en présentant le projet via les médias. Rendez-vous donc le 8 mai au départ de la Guyader Bermudes 1000 Race !" 

Propos recuillis par Marie Launay