67403663 1742397825905061 3160984252116369408 o

Comme ses rivaux de la Classe IMOCA, Kevin Escoffier, le skipper de PRB, fait de son mieux pour garder la forme, physiquement et mentalement, pendant cette période de confinement imposée suite à la pandémie de Covid-19.

Kevin se prépare à l’une des grandes premières les plus attendues de sa carrière, lui qui est bizuth du Vendée Globe. Avant de s’élancer le 8 novembre prochain à la barre de l'ancien plan VPLP-Verdier (2010) de Vincent Riou, il a surtout hâte de retourner sur l'eau.

"Je suis donc à Larmor-Plage où je vis avec ma femme et ma fille," a-t-il déclaré cette semaine. "Ce n'est pas pas un moment facile, mais ce n'est facile pour personne et nous sommes plus chanceux que beaucoup de gens. Même si nous ne sommes pas capables de naviguer comme nous le voudrions, j'ai un jardin et je suis en Bretagne."

"Je suis bien sûr très conscient qu'il est beaucoup plus difficile pour ceux qui ont des entreprises à gérer et pour les personnes âgées aussi. Je travaille autant que je peux mais nous devons rester prudents et suivre les règles afin de pouvoir passer rapidement au travers de cette crise."

Escoffier court plusieurs fois par semaine, près de chez lui, et fait régulièrement des séances de gym avec des entraîneurs en vidéo depuis le Pôle Course au Large de Port-la-Forêt. Il a même réussi à battre son record de pompes pendant son confinement. Il a également travaillé avec différentes études météorologiques sous la direction de Jean-Luc Nélias et Jean-Yves Bernot et avec le nouveau logiciel d'Adrena. "Ce n'est certainement pas comme le faire sur le bateau mais c'est bien de continuer à utiliser les outils que nous aurons en mer et de continuer à penser bateau et course," a-t-il continué.

Pour Escoffier, cette pause forcée dans la navigation a cependant ses inconvénients. Il espérait passer des centaines d'heures cette année sur l’eau et à régater en solitaire afin de gagner encore en expérience. Il comptait aussi sur la Transat CIC puis la Transat New York-Vendée-Les Sables d'Olonne pour l'aider à préparer le Vendée Globe. Mais, dit-il, malgré la modification en cours de ces plans, il reste concentré sur le Vendée Globe.

"Psychologiquement, j'attends avec impatience le Vendée Globe et je ne me concentre que sur cela. Nous devons juste nous adapter à ce que nous pouvons faire et au moment où nous pourrons retourner sur l'eau. Ensuite, je ferai de mon mieux pour être aussi bien préparé que possible pour le tour du monde," a-t-il résumé.

Le bateau est qualifié pour la course et son skipper l'est aussi. Au moment où le confinement du Covid-19 a commencé, l'équipe n'était qu'à deux semaines de la fin de chantier. En ce moment, le travail se poursuit à bord, dans la zone du bout-dehors et du cockpit, et Kevin est convaincu qu'une fois que la navigation sera à nouveau autorisée, il pourra remettre à l'eau au bout d'une semaine environ.

En effet, l'équipe a mené un grand programme de modifications de PRB, le rendant structurellement plus solide, apportant des changements au plan de voilure et ajoutant une autre cadène au bout-dehors. Kevin pense qu'il sera plus rapide que jamais et il ne voit aucune raison pour que lui et son bateau ne puissent pas faire bonne figure lors de ce premier Vendée Globe pour le skipper et éventuellement monter sur le podium.

"C'est un bateau polyvalent et il est très performant," a-t-il expliqué. "Je pense que c'est possible. Ensuite, cela dépend des autres. C'est sûr que mon bateau n'est pas aussi rapide que les nouveaux IMOCA mais ils doivent montrer qu'ils sont fiables parce qu'ils ont encore peu naviguer. Nous avons vu dans les éditions précédentes que même un vieux bateau peut être dans les cinq premiers, même sans être le plus rapide."

Le navigateur malouin au CV impressionnant, avec notamment un Trophée Jules Verne, une victoire dans la dernière Volvo Ocean Race et, plus récemment, une deuxième place aux côtés de Nicolas Lunven avec PRB lors de la Transat Jacques Vabre l'an dernier, avoue qu'il est impatient de se lancer dans sa saison 2020, même si le démarrage de celle-ci est retardé.

"J'ai vraiment hâte," a-t-il déclaré. "Mais je ne pense pas seulement à moi. Je me rends compte que nous avons la chance de pouvoir vivre de ce que nous aimons faire et de faire de la voile. Je me sens donc très chanceux et je dois garder cela à l'esprit. Et, quand je retournerai naviguer, je pousserai encore un peu plus loin mes limites".

Le confinement doit se terminer le 11 mai. Pour l'instant, Kevin s'attend à ce qu'il y ait au moins une grande course au large pour la flotte IMOCA avant le départ du Vendée Globe en novembre. "Je pense que ce sera difficile pour le Vendée Globe si personne n'est capable de faire une grande course avant cela", a-t-il enfin conclu.

Propos recueillis par Ed Gorman