@Thierry Martinez / Sea Event

Bernard Stamm livre son regard d’expert sur la Route du Rhum en IMOCA.

Les trois premiers jours de course auront été sélectifs ! Après la dure journée d’hier marquée par les avaries de Samantha Davies (Initiatives Cœur), Yannick Bestaven (Maître Coq) et Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres), ce mercredi, onze IMOCA sont encore en mesure de poursuivre leur navigation vers Pointe-à-Pitre. Après Marc Guillemot lundi et Thomas Ruyant hier, c’est aujourd’hui Bernard Stamm de livrer son regard d’expert sur la Route du Rhum en IMOCA.

« Deux grandes options se sont rapidement dessinées, dès la sortie de la Manche. Alex Thomson est parti au Nord, franco dans le mauvais temps. Les autres ont choisi une route plus au Sud, avec en pointe Vincent Riou et Paul Meilhat. Eux ont voulu éviter le plus fort de la dépression. Quand le front froid est passé, les concurrents ont rencontré des conditions musclées avec du vent fort et une mer chaotique. Là où l’angle du vent permettait de faire de la vitesse, l’état de la mer invitait à la prudence, à serrer le frein à main.

« Les éléments avec eux »

Les marins ont passé trois journées très dures. Ils doivent être impatients d’avoir enfin les éléments avec eux, de profiter d’un navigation plus agréable. L’enjeu désormais est de négocier l’anticyclone qui se dresse devant eux. Les leaders de l’option Sud (Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Eliès) sont sortis du gros temps. A partir de ce soir, le vent va adonner tranquillement et ils devraient commencer à contourner par l’Est l’anticyclone dès cette nuit ou demain matin. Ils vont pouvoir assez rapidement mettre des voiles de portant et faire de la glisse. Il y aura un empannage à prévoir et ils feront une aile de mouette autour de la bulle pour ensuite attraper un alizé plus soutenu, probablement vendredi matin.

« Alex Thomson doit cogiter dur »

La donne est différente pour Alex Thomson. Il a encore du vent plus fort que ses concurrents. Dans les heures à venir, il va devoir faire un choix déterminant pour la suite de sa course. En fait, tout va dépendre de la position de l’anticyclone. Si il voit que ça passe droit devant lui, si la courbure lui laisse du vent pour passer, il pourra garder le décalage avec Vincent et Paul qui sont plus dans le Sud-Est. Il ne sera alors pas trop pénalisé, sachant tout de même que plus on est proche de l’anticyclone, moins il y a de vent. Mais si l’anticyclone ne le laisse pas passer, si la porte se referme, alors il aura fait beaucoup de route au Nord pour rien. Il faudra alors qu’il retourne au Nord ou qu’il se recale derrière ses principaux adversaires. Alex doit cogiter dur, le choix n’est pas facile. En ce moment, il passe surement beaucoup de temps à la table à cartes. C’est en tout cas passionnant à suivre depuis la terre. Plein de détails nous échappent forcément, assis sur notre siège de bureau. On ne les connaîtra qu’à la fin de la course !

« Pas étonné par la casse »

Les trois premiers jours de course été sélectifs, comme c’est souvent le cas sur ce genre de courses. On savait que ce serait dur pour les bateaux et les marins, je ne suis pas étonné qu’il y ait eu de la casse dans des conditions de vent et de mer si difficiles. Les soucis techniques rencontrés sont très divers, avec des degrés de gravité plus ou moins importants. Je suis désolé pour Louis Burton qui réalisait un joli début de course mais il n’a pas pu défendre ses chances. Concernant Charal, le bateau est neuf, et des éléments n’avaient pas vraiment pu être testés avant la course, faute de temps. Dans ces cas-là, on découvre des choses quand on commence à tirer fort sur la mécanique. Les IMOCA ont eu des ennuis mais une chose ressort : même après la casse, les marins peuvent rentrer par leur propre moyen avec ces bateaux. Un gros boulot a été réalisé par la classe pour les rendre plus sûrs.

« Mes surprises : Paul Meilhat, Alan Roura et Ari Huusela »

Paul Meilhat suit le rythme des IMOCA à foils, chapeau ! C’est un super régatier, son bateau est bien né. Alan Roura fait aussi un très joli début de course, il est bien placé. C’est quelqu’un qui s’accroche, qui se donne les moyens de bien faire. Une autre surprise pour moi vient d’un marin que je ne connaissais pas du tout, le Finlandais Ari Huusela. Je le découvre sur la Route du Rhum. La course n’a pas l’air facile pour lui mais il semble tenir le coup. Tous les skippers ne sont pas encore sortis des problématiques de gros temps. On pense à eux. Qu’ils restent concentrés et naviguent prudemment. »

 

Bernard Stamm

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Extrait de palmarès de Bernard Stamm en IMOCA

- Vainqueur de deux tours du monde en solitaire avec escales (Around Alone en 2002-2003 et la Velux 5 Oceans en 2006-2007)
- Vainqueur de la Barcelona World Race 2014-2015 avec Jean Le Cam
- 3 participations au Vendée Globe
- 3e de la Transat Jacques Vabre 2007


Les prochains rendez-vous avec les skippers IMOCA :

- Jeudi 8 novembre : Jean Le Cam

- Vend 9 novembre : Morgan Lagravière

- Samedi 10 novembre : Michel Desjoyeaux

- Dimanche 11 novembre : Charlie Dalin

- Lundi 12 novembre : Roland Jourdain

- Mardi 13 novembre : Nicolas Lunven

- Mercredi 14 novembre : Alain Gautier

- Jeudi 15 novembre : Sébastien Simon

- Vendredi 16 novembre : Jean-Pierre Dick

- Samedi 17 novembre : Gwénolé Gahinet