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Il est 15 h. Il y a du vent, la mer est calme. J’ai bien réglé mon bateau. Les vagues se sont calmées. Il y a un petit souffle de vent, le bruit du bateau glissant sur la mer. Je suis à la table à carte, j’ai allumé le réseau wifi et je reçois un message.

C’est le groupe WhatsApp des skippers participant au Vendée Globe.
Nous partageons nos expériences. Nous résistons à la solitude.

La solitude

La solitude a toujours été une grande opportunité pour moi. Enfant, j’aimais jouer seul. Fils unique, dans le silence de ma chambre, je faisais travailler mon imagination. En grandissant, j’ai toujours essayé de cultiver le besoin d’introspection et j’ai trouvé dans la solitude un allié en cela. Moments seuls, voyager seul, maintenant cette expérience du Vendée Globe en solitaire. Habituellement, la solitude invite à l’introspection. Elle se présente à nous tôt ou tard.

Nous pouvons la laisser entrer et commencer à regarder à l’intérieur, ou lui fermer la porte en remplissant nos journées avec du bruit et des pensées.
Regarder à l’intérieur peut faire mal.

J’ai toujours pensé qu’il était préférable de voir et de savoir plutôt que se cacher. Parce que ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous améliorer, grandir en tant qu’être humain.

Quand la solitude vient vous voir, elle apporte avec elle de nombreux personnages. Certains peuvent être utiles, d’autres sont plus dangereux comme la peur, le désespoir, la mélancolie…

Quand la peur vous parle, vous devez savoir si ce qu’elle vous dit est réel. Si elle vous montre les risques et les dangers que vous rencontrez, elle vous donne aussi une loupe qui peut accentuer vos craintes.

Le désespoir est le personnage à qui nous ne devrions jamais ouvrir la porte, parce qu’il crie si fort, et est si convaincant qu’il peut vous désarmer, il peut vous plonger dans un gouffre d’où il est difficile de sortir, seul.

La mélancolie a un air doux, porte une robe romantique. Donnez votre main, elle vous amènera vers le bas d’une échelle où vous rencontrerez la tristesse, puis le désespoir...

La solitude est une grande opportunité, mais dès que vous y faites face, vous devez être fort et motivé. C’est une chose d’y faire face quand on veut, en pleine conscience, c’est autre chose de le faire quand on est fatigué, fragile. Quand nous partons pour un Vendée Globe, nous savons que nous sommes seuls sur un bateau pendant environ deux mois et demi. Mais nous savons aussi que nous avons la chance d’avoir des médias qui nous permettent de communiquer sur le terrain et entre skippers.

Il peut sembler qu’entre les choses à faire, les contacts sur le terrain, les vidéos et les photos à envoyer, il n’y a pas le temps de se sentir seul. Pourtant, ce n’est pas le cas. Il y a eu des moments où je me suis senti seul, surtout quand, à l’autre bout du monde, j’avais un fuseau horaire complètement décalé par rapport à la maison, j’avais besoin d’échanger quelques mots mais je ne voulais pas déranger. Des moments où je voulais voir quelqu’un, embrasser mes enfants.

Il faut de la motivation pour vivre avec la solitude.
Mes motivations sont l’introspection, la contemplation, le désir de dépasser les limites, la connaissance.

Parfois aussi l’amour, parfois même la solidarité, et je fais référence au projet de mes partenaires avec qui nous avons décidé de récolter des câbles électriques pour aider l’ONG Électriciens sans frontières. L’objectif ? Donner accès à l’eau potable et à l’électricité aux populations en difficulté ou particulièrement isolées, grâce à son réseau de partenaires et de bénévoles.

Merci Prysmian pour cette initiative. Je sais à quel point l’électricité est importante à terre.
Merci Électriciens sans frontières de me donner une motivation supplémentaire pour supporter la solitude.

Giancarlo

Carnet de bord en partenariat avec corriere.it