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Alors que Salvador de Bahia coule sa dernière soirée paisible avant l’arrivée du premier Multi50 la nuit prochaine, le Pot-au-noir n’en finit pas de retenir dans ses griffes les IMOCA de tête. Distancé par Apivia, Charal fait toujours pénitence et voit revenir dans son tableau arrière des concurrents enterrés un peu vite la semaine passée.

Maitre CoQ, Bureau Vallée II ou Advens for Cybersecurity pointent à moins de 70 milles et s’invitent à un nouveau départ aux portes de l’hémisphère Sud. En IMOCA, l’équateur météorologique surjoue son rôle de juge de paix. Qu’en sera-t-il pour les Class40 qui déboulent dans l’alizé et pourraient frapper à sa porte dans moins de 24 heures ?…

Rocambolesque !

10 concurrents en moins de 100 milles, des rescapés de l’option ouest qui reviennent aux portes du top five, un leader incontesté pendant 6 jours toujours à la peine ce matin… Indolore pour les Multi50 il y a seulement 36 heures, le Pot-au-noir a décidé de marquer de son sceau cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre chez les IMOCA. La flotte se comprime comme jamais et la dispersion en latitude maximise le champ des possibles. Certains comme  Groupe Apicil et Corum L’Epargne glissent dans l’ouest  quand 11th Hour ou PRB s’en sortent aussi très bien à l’est. Troisième ce matin, Kevin Escoffier explique son choix : « A bord de PRB, on ne voulait surtout pas être au milieu. L’est  nous paraissait bien sur les cartes et c’est aussi une position qui offre un bon angle dans l’alizé à la sortie. On a cherché à faire des petits décalages pour tenir cette position. 1 mille de gagné ici, c’est 2 milles à la sortie. Alors, on se bat ! »

C’est la guerre des nerfs actuellement chez les IMOCA  qui peinent dans l’ensemble à retrouver des vitesses à deux chiffres et ne seront sortis des tenailles du Pot-au-noir qu’à la mi-journée. Apivia sera en tête mais de combien ? On pourra à ce moment-là établir une hiérarchie, mais l’alizé de sud-est peut encore redistribuer les cartes. « Par rapport aux derniers foilers, on peut encore perdre 60 milles en deux jours ajoute Kevin Escoffier. Donc, si on pouvait avoir un petit matelas par rapport à certains en sortie, ce serait bien. »

Les mots des skippers 

- Kevin Escoffier – PRB 

C’est la fin du Pot-au-noir, demain midi (TU), on devrait toucher les alizés. Là on est au contact avec Banque Pop, on bataille à chaque grain, ce n’est pas de tout repos, chaque mille gagné ici c’est 2 milles à la sortie. C’est un sport ingrat, Charal qui a bien navigué pendant 10 jours perd 100 milles dans le Pot et doit maintenant se remettre à l’ouvrage, tu n’es pas forcément récompensé… Sur nos choix stratégiques, on ne voulait pas être au milieu du Pot donc on s’est battu à coup de recalages sur les empannages pour chercher la rotation le plus vite possible. L’intérêt de cette position est, c’est aussi l’angle de sortie dans l’alizé. On sera un peu plus ouvert quand les autres seront au près. On a eu des grains violents avec des variations de vent de 0 à 20 nœuds mais ça n’a jamais été dangereux pour le matériel ou les bonhommes. Sauf pour notre santé mentale !! C’est le dernier sprint vers Bahia, faut se battre pour chaque mètre pour sortir du Pot et il faudra attaquer en sortie pour contenir les bateaux neufs forcément plus rapides. 60 milles c’est très facile à perdre, trois jours de reaching. Avec Nicolas, on n’a pas de regret à avoir, on a fait une bonne première semaine de course, tout le monde fait des erreurs, on en a fait aussi, on va se battre pour gagner ces mètres là mais pas de regret ! Mais on reste des compétiteurs… On verra l’ordre d’arrivée à Salvador mais on ne lâche pas l’affaire ! 

- Maxime Sorel - VandB-Mayenne

A moins d'une dizaine d'heures de l'entrée théorique du Pot-au-noir, nous glissons sous grand gennaker à la vitesse du vent. Depuis cette nuit, le vent a molli et est surtout devenu hyper instable en pression et en direction. Nous avons changé 3 fois de voiles cette nuit en l'absence de lune et dans une mer désordonnée.
Les routages tournent à plein régime, mais la vitesse actuelle des premiers IMOCA dans le Pot semble ne pas être cohérente avec les fichiers du jour, pas vraiment étonnant. Le passage du Pot-au-noir est une rude épreuve mais le but est d'être prêt à accepter ce qu'il nous infligera. Souvent plus facile à dire qu'à faire, surtout quand il fait plus de 35 degrés dans le bateau et 200% d'humidité (je transpire juste en étant assis à la table à carte avec le clavier sur les genoux). Début de la réponse au questionnement de la nuit...
En fin de matinée nous avons eu la chance d'échanger au téléphone avec des classes de primaires de la Mayenne au sujet de notre course et du métier de skipper. Super moment, cela nous sort de la course le temps de quelques minutes. 
Ah oui, il y a autre chose d'assez étrange à bord et qui me change radicalement du Class40. L'IMOCA va plus vite et il y a donc plus d'eau à couler sur le pont, il est donc plus difficile de sortir. De plus, 80% de l'ensemble des manœuvres sont réalisés dans le cockpit qui lui-même est à l'abri. Ça me fait vraiment bizzarre en sensation d'être moins en contact avec l'extérieur, l'eau, le vent, le soleil, .... Mais il est certain que c'est un confort qui génère de la performance sur le long terme (moins humide, moins fatigué, moins de déshydratation...). J'ai quand même passé 15 minutes ce matin à l'arrière du bateau à écouter de la musique les cheveux aux vents. 
Bon on va aller manger, se reposer, bien s'hydrater et se mettre en condition manœuvre à gogo !!
Bonne journée à tous et à très vite