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Après cinq jours de course, la flotte IMOCA, désormais forte de 20 membres, progresse vers le sud, menée par le trio LinkedOut, Charal et APIVIA.

Après des débuts très lents au large des côtes bretonnes, le rythme s'est accéléré au moment où les leaders ont passé le Cap Finisterre puis longé la côte portugaise, à la faveur d’un vent frais de nord-nord-est.

Aujourd’hui, le nouveau leader LinkedOut, co-skippé par Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, n'était qu'à 75 milles au nord de Madère, surfant au portant à environ 12 nœuds, dans une brise modérée de nord-nord-est, et avec encore 4 485 milles (8 300km) à parcourir jusqu'à l'arrivée en Martinique.

Derrière l'IMOCA bleu et blanc, la flotte s’étale sur plus de 500 milles, sur un axe nord-est-sud-ouest. EBAC, skippé par Antoine Cornic et Jean-Charles Luro, actuellement à environ 130 milles dans le sud-ouest du Cap Finisterre, ferme la marche.

Alors que le rythme s'est accéléré, la flotte a subi un deuxième démâtage. En effet, Simon Fisher et Justine Mettraux, sur le Alaka'i de 11th Hour Racing Team, ont dû abandonner à La Corogne, dans le nord-ouest de l'Espagne. La perte de leur gréement est un coup dur après un bon début de course. Il fait suite au démâtage du Bureau Vallée de Louis Burton, peu après le départ.

Au large de Gibraltar, Nicolas Troussel et Sébastien Josse sur CORUM L'Épargne ont perdu beaucoup de terrain sur la première partie de course mais remontent de la 15e à la 11e place, à près de 230 milles du leader.

Dans la tête des skippers, et alors que les premiers IMOCA abordent Madère, la prochaine grande décision est de savoir comment négocier les Canaries. À 600 milles au sud de LinkedOut, le trimaran en tête des Ocean Fifty, Koesio, skippé par Erwan Le Roux et Xavier Macaire et bénéficiant d'un routage à terre - se dirige vers les îles, à l'est de Tenerife, tandis que le groupe des poursuivants semble rester à l'ouest.

Dans l'ensemble, le plan de jeu des navigateurs consiste à rester dans la brise, ce qui signifie pour l'instant qu'il faut rester le plus à l'est possible du parcours, tout en essayant de ne pas tomber dans des zones de dévent sous les iles. Plus tard, les co-skippers devront décider du moment où ils commenceront à gagner dans l'ouest pour choisir leur point de passage du Pot au Noir.

TJV21 Charal0911 2853© Jérémie Beyou & Christopher Pratt

La bataille en avant de la flotte a été menée depuis le départ par Charlie Dalin et Paul Meilhat sur APIVIA. Mais un trop grand décalage vers l'est et quelques empannages leurs ont fait céder la pole position à Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, suivis de près par Jérémie Beyou et Christopher Pratt. Les trois équipages de tête sont à moins de 20 milles les uns des autres et c'est un sacré match entre ces trois-là, pour savoir qui va marquer son autorité sur cette course.

Jérémie Beyou se réjouit d'être de retour en course à bord de Charal, modifié depuis le dernier Vendée Globe. Joint à bord aujourd'hui, le skipper confie qu’avec son co-skipper Christopher Pratt, ils travaillent dur pour garder de la pression dans les voiles. "Nous essayons de rester dans la zone de vent et de glisser un maximum avec au portant",explique-t-il. "La force du vent varie beaucoup et tout reste assez aléatoire. C'est un peu à chacun son tour d’avancer vite. Il faut beaucoup manœuvrer, faire beaucoup de réglages et changer de voiles en permanence. C'est plus facile à bâbord en raison de la direction des vagues. Sur tribord, le bateau est beaucoup plus compliqué à faire avancer, donc il faut vraiment être tout le temps dessus, et puis il y a beaucoup d'empannages à faire, donc c'est un peu sport à chaque fois."

Jérémie Beyou reste assez évasif sur ses plans alors que la forteresse rocheuse de Madère et son ombre de vent s’ouvrent devant l’étrave de Charal, puis ce sera les Canaries et enfin les îles du Cap Vert. "La stratégie est de descendre vers le sud et nous jouons vraiment à court terme", poursuit-il. "Nous avons une idée de la stratégie à long terme, mais nous la gardons pour nous. Disons que toutes les options sont ouvertes ; nous commençons à avoir une idée précise et oui, nous regardons la situation générale et nous regardons la situation dans le Pot au Noir. On voit que c'est très serré et qu’il y a une grosse part d’incertitude qui va demeurer assez longtemps."

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Le skipper de Charal confie que les premières étapes dans la zone de calme au large de Brest ont été difficiles à gérer car Christopher et lui ont essayé de tirer le maximum de leur foiler mais que la chance a aussi joué son rôle dans l'ordre des bateaux. "C'était un peu dur. Nous nous sommes battus fort pour sortir de la dorsale et nous sommes sortis finalement dans le bon groupe",rappelle-t-il. "Mais nous avons vu, par exemple, ce qui est arrivé à CORUM L'Épargne - les pauvres…ils se sont retrouvés loin derrière. Il y a eu une grande part de hasard, ce qui a été assez douloureux pour certains. Mais depuis que nous avons du vent, le bateau va vite et le moral est bon, donc tout va bien."

Dans la première moitié de la flotte, la Britannique Sam Davies et le Français Nicolas Lunven ont fait un excellent début de course sur leur IMOCA de 2010, Initiatives-Cœur, qui navigue actuellement en quatrième position, à un peu plus de 40 milles de LinkedOut et 20 milles devant le tout nouveau 11th Hour Racing Team-Mālama, skippé par Charlie Enright et Pascal Bidégorry.

TJV21 IC1111 3305© Samantha Davies & Nicolas Lunven

Dans un message à bord, Sam déclare que Nico et elle étaient frustrés de perdre quelques milles dans une accalmie imprévue jeudi soir. "À la tombée de la nuit, le vent est revenu, de plus en plus fort, jusqu'à ce que nous en ayons un peu trop pour notre spinnaker", raconte-t-elle. "Comme nous avons besoin de cette voile pendant une grande partie de la course, nous avons choisi de ne pas prendre de risques et nous avons donc changé pour le A3 (gennaker) et puis, il était temps d'empanner pour aller vers le sud."

"Maintenant, nous avançons à toute vitesse", ajoute-t-elle. "Il y a de l'eau en cascade sur le pont d'Initiatives-Cœur et nous sommes heureux d'avancer sous une nuit étoilée. Nous sommes en sandwich entre Charal (maintenant APIVIA) et 11th Hour 2 (Mālama), donc nous ne sommes pas sûrs de pouvoir tenir leur rythme mais nous faisons de notre mieux."

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)