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La deuxième étape de The Ocean Race Europe, de Cascais à Alicante, s'avère être un bon challenge pour les marins de la Classe IMOCA. En effet, après un début à bonne vitesse au portant, les équipages naviguent désormais au près jusqu'à leur entrée en Méditerranée où ils pourraient bien y trouver des vents très faibles et donc un final serré.

Certes courte (autour de 600 milles), cette étape recèle autant d'opportunités que de pièges avec son parcours proche de la terre et donc sous influence de celle-ci, que ce soit en termes de marées d’accélérations du vent ou de dévents…

Après 24 heures de mer, nous avons retrouvé Clarisse Crémer à bord de LinkedOut, bateau en tête des deux flottes à la mi-journée.

A cette heure-là, l’IMOCA bleu et blanc dessiné par Guillaume Verdier, se situait à seulement quelques milles des côtes marocaines, au nord de Tanger ; et l’équipage affrontait alors jusqu’à 35 nœuds de vent, de face et à contre-courant.

Clarisse nous expliquait alors que l’équipage du foiler qui naviguiat avec un ris dans la grand-voile et sous J2 (Génois), devait être sur le pont pour les virements. "La houle est assez courte mais les vagues ne sont pas trop grosses,"déclarait-elle. "Il y a 30-35 nœuds de vent donc c'est assez venté et cela rend les virements de bord un peu difficiles. Nous devons vraiment nous concentrer sur les manœuvres pour nous assurer que le bateau ne s'arrête pas ou ne recule pas pendant le virement. Nous sommes donc tous sur le pont pour virer le plus vite possible."

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Une fois le détroit de Gibraltar passé, les conditions seront complètement différentes. Mer plate et vent faible, au près, seront au programme. Clarisse et l’équipage de LinkedOut envisagent un redémarrage de la course sur la route d’Alicante. 

"Nous savons que tout peut arriver," poursuivait-elle au téléphone. "La météo des prochains jours en Méditerranée et près d’Alicante montre qu’il pourrait y avoir un regroupement de la flotte comme sur la première étape, il y a encore beaucoup de chemin avant la ligne d’arrivée."

Christian Dumard, conseillé météo officiel de The Ocean Race Europe, explique que la clé après le détroit est de trouver le bon équilibre entre l'utilisation de la marée favorable au nord, tout en veillant à ne pas trop se rapprocher des côtes espagnoles où le vent sera très faible.

Selon lui, la nuit de mardi à mercredi sera très calme avant que les bateaux de tête ne bénéficient d'une brise marine le matin pour la dernière ligne droite vers l'arrivée. 

« Sur la première étape, les bateaux étaient toujours en mouvement, mais le vent faible était devant eux et le système se déplaçait la flotte, » explique-t-il. “Cette fois-ci, c’est différent, le vent va mollir pour laisser place à une brise marine ; les bateaux seront donc probablement plus dispersés. Je ne suis pas sûr qu’il y aura un nouveau départ après le détroit, mais plutôt différentes options, proches des côtes ou au large.”

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Selon lui, il faut s'attendre à ce que la flotte choisisse de se rapprocher de Cabo de Gata, à l'est de la station balnéaire espagnole d'Almeria, pour bénéficier des effets de pointe. "C'est assez léger le long de la côte, mais le vent contourne Cabo de Gata", dit-il. "Donc, ils voudront probablement aller assez près de la côte espagnole mardi pour avoir cette bascule à gauche. Ensuite, le vent s'oriente plutôt vers l'est donc ils iront probablement virer pour toucher la bascule."

Ces conditions ne sont pas idéales pour les IMOCA, mais les marins et les fans de course au large adorent ce nouveau défi de The Ocean Race Europe. Selon Christian Dumard, même 11th Hour Racing Team, skippé par Charlie Enright, pourrait être un potentiel vainqueur. En effet, l’équipage est actuellement à 35 milles de la tête de flotte après avoir repris la course sans son foil bâbord, endommagé lors d'une collision peu après le départ dimanche.

"Ce parcours est super et la route du premier bateau n'est pas forcément la meilleure pour le second car le vent varie beaucoup donc cela dépend du timing”,déclare Christian Dumard. "Nous verrons donc ce qu’il se passe avec 11th Hour Racing Team qui pourrait avoir des conditions plus favorables par derrière."

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De retour sur LinkedOut, l'équipe de Thomas Ruyant apprécie toujours autant la compétition et continue de se battre pour la victoire. Après un départ de course endiablé dans des vents forts au Sud de Cascais aux côtés de Bureau Vallée 3 skipper par Louis Burton. 

"Ils étaient assez rapides au vent arrière et assez rapides la nuit dernière. Cela avait l’air plus difficile pour eux dès que nous avons commencé à remonter au vent",déclare Clarisse. “C’était super sympa de naviguer avec Bureau Vallée !”

Elle ajoute que l’équipage surveille également de près Robert Stanjek et son équipage sur Offshore Team Germany, seul IMOCA sans foils, qui pourrait bien s’en sortir dans les vents légers qui domineront la seconde moitié de cette étape.

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Stanjek et son équipage impressionnent leurs rivaux par leur rapidité. Clarisse est bien consciente qu’ils constituent une véritable menace au cours des prochaines 48 heures. "Nous gardons un œil attentif sur eux car ils naviguent très bien et vite.” déclarait-elle à propos de l’IMOCA blanc situé à peine 8 milles derrière eux.

"Les conditions météorologiques pourraient être tout à fait profitables à leur bateau - le vent de face est bon pour eux et ils s’en sortent également très bien dans des petits airs. Ils pourraient très bien gagner l’étape.” 

Thomas Ruyant et son équipe, qui comprend également Morgan Lagravière, Quentin Ponroy et François Pernelle, vont tout faire pour monter sur la plus haute marche du podium à Alicante, après avoir imposé leur rythme depuis le départ de Cascais. Clarisse Crémer a ri lorsque nous lui avons demandé s’ils étaient là pour gagner. "Exactement ! Nous en avons besoin et nous le voulons... !"

Ed Gorman / IMOCA (traduit de l'Anglais)

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