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Si l’océan est reconnu comme source de vie, de ressources essentielles pour l’homme, comme un élément clé du fonctionnement de notre planète, une large part celui-ci demeurant encore inconnu.

Face au changement climatique en cours, l’un des enjeux majeurs est de comprendre et hiérarchiser les effets de nos activités humaines sur son mécanisme, pour mieux anticiper leurs conséquences, et donc agir et mieux le protéger. Cela, les skippers l’ont bien compris. C’est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, nombreux sont ceux qui coopèrent avec les scientifiques. Pour eux, deux temps forts sont au programme dans le cadre de la quatrième édition de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest-Brest, avec, d’une part, une visite du centre Ifremer, le jeudi 4 mai, puis, d’autre part, une conférence « A la vie à la mer » à la Préfecture Maritime de Brest, le samedi 6 mai.

Le changement climatique est aussi un changement océanique. Pour comprendre la manière dont l’océan change et évolue, il est indispensable de l’observer. Pour cela, les scientifiques disposent d’un large éventail d’instruments tels que les dériveurs, les animaux, les flotteurs ou encore les navires d’opportunité. Parmi ces derniers, les bateaux de la course au large, et en particulier ceux de la classe IMOCA, représentent une véritable aubaine et jouent même un rôle crucial pour les scientifiques, permettant à ceux-ci de récolter des données dans des coins difficiles d’accès ou, à tout le moins, hors des lignes maritimes régulières. A Brest, des institutions comme l’Ifremer ou le Centre de Météorologie Marine sont des opérateurs et des propriétaires de ces précieux instruments scientifiques. La première, grâce à des capteurs embarqués sur certains bateaux, recueille des données telles que salinité, température de l’eau, CO2 ou encore microplastiques pour les intégrer dans des bases de données internationales et open-source. La seconde, grâce au déploiement de bouées dérivantes par certains marins, mesure la pression atmosphérique in-situ. A la clé, des bénéfices tels que l’amélioration des prévisions météorologiques mais aussi du routage des navires et de la sécurité maritime, la réduction de l’impact environnemental du transport maritime ou encore le suivi du changement climatique.

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Immerger et sensibiliser

Les 28 marins engagés dans la quatrième édition de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest-Brest, d’ores et déjà sensibilisés à ces actions au travers, notamment, de l’accord de partenariat noué jusqu’en 2025 entre la classe IMOCA et la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, en étroite collaboration avec le Centre d’opérations OceanOPS, se verront proposer deux temps forts en amont de la course. Le premier, programmé le 4 mai entre 13h et 15h30, leur permettra de découvrir le centre Ifremer de Brest-Plouzané avec un aperçu des recherches océaniques de la côte jusqu’au large, mais aussi une présentation du bassin d’essai et des démonstrations de balises Argo, avant un temps d’échange avec des collaborateurs et des scientifiques du site. Le second, sous forme de table ronde, se déroulera le 6 mai entre 10h30 et 12h dans le cadre prestigieux de la Préfecture Maritime de Brest en présence du Vice-amiral d’escadre Olivier Lebas. Cette conférence « A la vie à la mer », présentée par Erik Orsenna et Marine Barnerias, aux côtés de scientifiques reconnus tels que Pascale Lherminier, chercheur en océanographie, Ifremer, Tristan Hatin, responsable service médiation et culture scientifique, Océanopolis, Martin Kramp, coordinateur navire, OceanOPS, puis Olivier Desprez de Gesincourt, manager du programme européen E-SurfMar, leur permettra d’embarquer dans une goutte d’eau et de traverser les continents pour découvrir ce que la mer a à dire avant un moment de partage avec une vingtaine d’élèves de l'École des mousses qui forme chaque année 220 jeunes qui souhaitent acquérir des compétences et un rôle au sein des équipages de la Marine Nationale.

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Les coureurs au large, une vraie opportunité pour les scientifiques

« L’objectif des deux opérations proposées aux skippers est triple. Il s’agit à la fois d’émerveiller ces navigateurs pour les reconnecter à leur relation première à l’océan, de les sensibiliser au rôle qu’ils peuvent jouer pour communiquer sur l’environnement mais aussi de parvenir à convaincre le plus grand nombre d’équipes possible de porter une cause pour aider la science lors du Vendée Globe 2024-2025 », note Claire Vayer, coordinatrice des projets sciences pour l’IMOCA rappelant que lorsque les marins contribuent à leur échelle à des actions de bien commun pour la société, ils donnent indiscutablement un sens encore plus grand à leur projet sportif. « Ils peuvent être directement bénéficiaires de ce à quoi ils contribuent : en déployant des bouées météo par exemple, ils améliorent leurs propres prévisions pendant la course. C’est une relation gagnante pour tout le monde», assure la jeune femme, indiquant que lors de cette quatrième Guyader Bermudes 1000 Race Brest - Brest, Guirec Soudée (Freelance.com), Antoine Cornic (Human Immobilier) et Sam Goodchild (FOR THE PLANET) participeront au déploiement de nouvelles bouées dérivantes pour Météo France dans le triangle de leur parcours dessiné entre la pointe Bretagne, le phare du Fastnet et l’archipel des Açores. Après tout, Erik Orsenna ne tape-t-il pas pleinement dans le mille lorsqu’il pose la question « Qu’est-ce qu’un marin ? » et répond « Un chevalier de la Curiosité. Donc un scientifique en puissance ! Vive cette alliance de l’aventure et du Savoir.»

Source : Guyader Bermudes 1000 Race