SiFi : "La suite dépendra des caprices du Pot-au-Noir"
Le Pot-au-Noir pourrait bouleverser l’ordre établi en tête de la flotte du Vendée Globe, prévient Simon Fisher, dit « SiFi ». À l’aube du 10ᵉ jour de course, cet expert de la stratégie maritime met en lumière le danger que représente Charlie Dalin, idéalement positionné pour se rapprocher des leaders.
Navigateur chevronné et vainqueur de The Ocean Race à bord de l’IMOCA 11th Hour Racing Team, Simon Fisher suit de près le déroulement du Vendée Globe depuis Amsterdam, où il participe au Yacht Racing Forum. Les 39 skippers encore en course ont dû composer avec une dépression dans l’Atlantique Est, perturbant les alizés et imposant des ajustements stratégiques.
En tête de la flotte, le Britannique Sam Goodchild, à bord de VULNERABLE, mène un groupe de 12 IMOCA qui ont récemment bénéficié de vents de nord-est soutenus. Cependant, à l’approche du redoutable Pot-au-Noir, connu pour ses calmes imprévisibles, ses averses torrentielles et ses orages violents, les vitesses commencent à chuter.
« Ce groupe de tête a probablement profité de conditions meilleures que prévu dans les alizés ces 12 dernières heures, avec des vitesses élevées. Mais on observe maintenant que tout le monde ralentit », analyse Simon Fisher. « Je pense qu'ils vont entrer dans le Pot-au-Noir aux alentours de six ou sept degrés nord, et les images satellites de ce matin montrent une bande de près de 300 milles nautiques entre l'entrée et la sortie du Pot-au-Noir, avec beaucoup de convection. »
Fisher anticipe un resserrement des écarts, particulièrement entre les poursuivants immédiats de Sam Goodchild : Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, à 11,9 milles), Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, à 31,2 milles) et Yoann Richomme (Paprec Arkéa, à 31,8 milles).
« Ils sont tous relativement à l’ouest. Le Pot-au-Noir pourrait être chaotique et redistribuer les cartes. Un regroupement en tête de flotte semble inévitable », prévient Simon Fisher.
Si la majorité des leaders empruntent une trajectoire similaire, deux skippers se distinguent par une option plus à l’ouest : Nico Lunven (Holcim-PRB, à 34,3 milles) et Thomas Ruyant (VULNERABLE, à 51,4 milles). Ces deux navigateurs évoluent respectivement à 70 et 100 milles du leader. Pour Simon Fisher, cette approche pourrait s’avérer gagnante si la largeur du Pot-au-Noir s’avère moins importante dans leur secteur.
« À ce stade, chaque skipper doit composer avec la route qu’il a choisie. Pour Sam, il s’agit de maintenir le cap, mais un positionnement légèrement plus à l’ouest pourrait avantager Thomas. La suite dépendra des caprices du Pot-au-Noir », analyse-t-il.
Avant le départ du Vendée Globe, Fisher avait collaboré étroitement avec Charlie Dalin sur ses choix de routage dans l’Atlantique. Depuis le début de la course, il suit avec attention les performances du skipper de l'IMOCA MACIF Santé Prévoyance, qui, accompagné de Yoann Richomme et Jérémie Beyou (Charal, à 53,0 milles), a opté pour une route plus à l’ouest afin d’éviter les vents faibles au sud de Madère. Une stratégie qui commence à porter ses fruits, souligne Simon Fisher.
« Charlie, Yoann et Jérémie ont certes perdu du terrain au classement en optant pour une route à l’ouest, mais ce choix leur offre désormais une descente plus fluide vers le sud. Leur retour en force n’a donc rien de surprenant », analyse Simon Fisher.
« Évidemment, je suis Charlie de près depuis le départ. Il a montré une grande maîtrise jusque-là, avec une vitesse impressionnante dès le début de la course. Ensuite, les conditions imprévisibles ont un peu perturbé les choses, mais je ne serais pas étonné de le voir maintenant accélérer et remonter vers la tête de la flotte. »
Le navigateur britannique a également salué la constance remarquable de Sam Goodchild, constamment dans le top 5 depuis le départ, une performance impressionnante pour sa première participation au Vendée Globe.
« Jusqu’à présent, Sam a vraiment réalisé une excellente course », commente Simon Fisher. « Il semble avoir navigué à son propre rythme, sans se laisser perturber par ce que font les autres. Il a su saisir les bonnes opportunités, profiter des changements de vent, et ne pas réagir de manière excessive aux actions des autres. Il va vite, il a un bon bateau et une grande confiance en lui, ce qui lui permet de prendre du plaisir et de mener une course solide. »
Il a aussi tenu à mettre en lumière les performances de Sébastien Simon, qui exploite pleinement le potentiel de l’ancien bateau de Fisher, ainsi que celles de Justine Mettraux (TeamWork-Team SNEF), actuellement 10ᵉ. « Justine est une navigatrice talentueuse et déterminée. Elle prend du plaisir sur l'eau. La voir batailler dans le groupe de tête est loin d’être une surprise. C'est vraiment génial de la voir à ce niveau ! », affirme-t-il.
Pour conclure, Fisher a salué l’intensité de cette édition du Vendée Globe, marquée par un grand nombre de prétendants à la victoire. « Les conditions ont été légères et imprévisibles… mais cette course s’annonce passionnante. Ce qui est fascinant, c’est le nombre de skippers capables de viser la victoire. Et je n’ai même pas mentionné Yannick Bestaven (Maître CoQ, 6ᵉ), Paul Meilhat (Biotherm, 12ᵉ) ou Sam Davies (Initiatives-Cœur, 11ᵉ), qui revient fort dans le groupe de tête ».
Ed Gorman (traduit de l’anglais)
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