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Ce lundi 11 novembre, à 11h 21mn 23s (heure française), Yannick Bestaven et Roland Jourdain ont franchi la ligne d’arrivée de la 14e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en 11e position de la catégorie IMOCA.

Le duo aura mis 14 jours 22h 06mn et 23s pour parcourir les 4 350 milles théoriques depuis Le Havre à la vitesse moyenne de 12,15 nœuds, mais il a réellement parcouru 4914 milles à 13,72 nœuds. Son écart au premier Apivia est de 1h 9h 58mn 23s.

Un duo en béton ! C’est la force de Yannick et Bilou qui ont beaucoup navigué depuis que Yannick a pris en main l’ex-Safran (plan VPLP Verdier2015) et cumulent une expérience considérable en course au large. Alors, oui, la concurrence est rude mais il y a de quoi faire une place tout à fait honorable sur cette longue Route du café. Le tandem vise le top 5. Les deux lascars partent, sitôt doublé la pointe Bretagne, à l’assaut de l’option ouest plus difficile mais qui peut s’avérer payante… aux dires des fichiers météo. Avec Hugo Boss et Bureau Vallée 2, ils forment le trio des cow-boys sur la face ouest de la grande dépression, trio qui finira par abdiquer en remettant le cap au sud le 31 octobre. Maître CoQ est alors 14e à 250 milles de Charal. « Avec Bilou, on en a vu d’autres, on ne va pas se laisser abattre » confiait Yannick à la vacation le lendemain.

Longuement ralenti dans la zone sans vent à l’ouest de Madère, c’est l’hémorragie : 400 milles les séparent de la tête de flotte. Sur une route décalée à l’ouest, le retard se rattrape au fur et mesure de la descente vers le Cap Vert et Yannick et Bilou rejoignent Corum L’Epargne et Groupe Apicil à l’entrée du Pot-au-noir… qui les garde dans ses tentacules plus longtemps que le groupe de l’est. Dans la dernière ligne droite, le foiler de 2015 se sent pousser des ailes et double Corum L’Epargne et Apicil à vitesse grand V. 11e, ce n’est certes pas le résultat qu’attendaient Yannick Bestaven et Roland Jourdain sur cette Route du café. Sur un bateau qu’ils savaient moins rapide que les nouveaux foilers, ils ont tenté et la météo a dicté sa loi. C’est aussi ce qui fait l’intérêt de la voile de compétition au large.

Yannick :"On est content de toucher terre et de vous retrouver après ces 15 jours fantastiques ! On a visité l’Atlantique, on a visité le Pot-au-noir, on a visité la Baie de Bahia, c’était un grand voyage ! A chaque fois qu’on revenait dans le paquet, c’ était une petite victoire. Mais le Pot-au-noir, ça été une deuxième couche. C’est pas comme si on n’avais pas travaillé la météo. On regardait toue les deux heures les images satellites et on a beau dire, ce Pot-au-noir, c’est vraiment une loterie. Celui qui a bien joué, c’est Bureau Vallée qui a bien traversé la flotte pour ressortir à l’Est et qui grapille deux toris places avec le bon angle."

Bilou :"Moi, c’est la plus grosse taule que je prends en régate, c’est la première fois que je ne rase pas. Mais on a pris beaucoup de plaisir et ça s’est important car autrement, il y avait de quoi rester dans la bannette avec ce qu’on a pris. On  nous a appris à l’école depuis qu’on est petit que le Pot-au-noir se passe à l’ouest. Donc nous, on est passé à l’ouest. Mais le monde change, on n’a pas ouvert nos écoutilles et on a trop cru à nos fichiers !"

Yannick :"L’option ouest n’est pas passée mais il sen est fallu de peu. On voulait y aller avant de monter sur le bateau, on était sans doute un peu trop convaincus et le camarade Alex Thomson a achevé de nous persuader. On connaissait aussi la performance des meilleurs bateaux, et c’était l’occasion de faire un bon gros coup !  Mais  une charmante Rebecca  est venu mettre la pagaille dans le front et à la suite de ça,  on s’est tapé  un premier pot au noir dans la pétole avant de pouvoir rejoindre l’alizé. Au moins, on a fait parler de nous !"

Bilou :"La nuit dernière, c’était magique. Glisser à 20 noeuds dans 15 noeuds de vent. On a vraiment de belles machines. Et heureusement qu’on conserve ce plaisir et qu’on n’est pas dans la souffrance tout le temps."