RLB23 Finish Holcim 1112JLC1836

Arrivée au petit matin pour le nouveau skipper d'Holcim-PRB, il a fallu attendre 6 heures pour voir débarquer Isa Joschke, toute souriante, puis Romain Attanasio et Pip Hare qui se suivaient avec seulement 21 minutes d'écart à l'arrivée. Voici leurs déclarations à l'arrivée sur les pontons de Lorient La Base.

Nicolas Lunven - 8ème

« Ça s’est plutôt bien passé, je n’ai pas fait trop de bêtises, je n’ai pas cassé grand chose voire presque rien je crois. J’ai fait une bonne liste de choses à améliorer, optimiser ou à revoir sur le bateau car j’avais finalement très peu navigué dessus avant de prendre le départ de la course. J’en tire beaucoup de positif, surtout ma qualification en grande partie validée pour le Vendée Globe, puisqu’il ne me reste plus qu’à prendre le départ d’une course l’année prochaine.

D’un point de vue sportif, j’étais plutôt bien dans le match au début, jusqu’à ce que ça parte au portant. De par ma méconnaissance du bateau, je n’étais pas complètement dans le rythme des premiers en vitesse, et j’ai aussi fait le choix délibéré de rester là où il y avait un peu moins de vent pour prendre petit à petit la mesure du bateau. Au final, la déception d’avoir lâché le morceau à un moment donné m’a donné l’occasion d’aller naviguer dans des gammes de vent variées, en montant crescendo, notamment aux Açores où je me suis décalé au Sud en sachant bien que j’allais perdre du terrain. Mais j’ai pu essayer différentes configurations de voiles, dérouler tout le jeu de voiles et voir comment le bateau se comportait, ça c’était pas mal. C’est toujours décevant de mettre la compétition entre parenthèses mais j’ai pu valider pas mal de choses !

Je récupère un bateau abouti qui a beaucoup navigué mais que je ne connais pas encore si bien. Et cela fait deux transatlantiques à la suite où je ne rencontre pas de problème majeur. On peut toujours améliorer certaines choses, mais cette course m’a permis de prendre de l’assurance sur le bateau. J’en avais besoin, ce sont des machines complexes, je suis parti de Martinique après seulement 4 sorties de port à bord du bateau !

Un grand bravo à Yoann Richomme qui a fait une course incroyable, pleine de maîtrise quasiment du début à la fin. On était bord à bord pendant un long moment dans les alizés au près en sortant de la Martinique et il a réussi à s’échapper petit à petit. À Jérémie Beyou et Sam Goodchild aussi, qui complètent le podium et qui naviguent vraiment très bien, qui placent la barre très haut en termes de maîtrise du sujet sur toutes les facettes : ils font aller très vite leurs bateaux, ils ne font pas d’erreurs… Pour une « course retour tranquille », ils ont placé le curseur assez haut ! Je ne suis pas surpris, je n’étais pas là pour jouer avec eux, j’avais vraiment cet objectif de qualif, je m’étais mis une grosse pression. J’ai un peu navigué avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, où il ne fallait pas que je me retrouve dans une situation où ma qualif n’aurait pas été validée et où je n’aurais pas abordé les courses du printemps prochain de la même façon. Donc petite déception de ne pas avoir joué la compétition à fond mais les objectifs de qualif et de prise en main du bateau sont remplis !  »

SA COURSE EN CHIFFRES
Heure d’arrivée : 4 h 28 min 54 sec
Temps de course : 10 jours 11 heures 28 min 54 sec
Milles parcourus : 4 609,59 milles
Vitesse moyenne réelle : 18,33 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 13,91 nœuds

RLB23 Finish Holcim 1112JLC1853© © Jean-Louis Carli / Alea / Retour à La Base

Isabelle Joschke - 9ème

« Je me suis vengée sur le retour ! Même si ça a été dur sur la fin, notamment la dernière nuit, j’ai pris beaucoup de plaisir. Je me suis régalée, je me suis fait plaisir, tout s’est bien goupillé. Pourtant, je n’ai eu que cinq jours en Martinique, je n’ai pas vraiment profité des plages. Je suis partie un peu fatiguée mais j’ai réussi à gérer la fatigue et ma course. Le bateau était très bien préparé, l’équipe avait travaillé d’arrache-pied pour que je sois au taquet et je n’ai eu aucun problème de toute la course. J’avais souhaité faire aussi bien qu’à la Route du Rhum (9e), je n’avais pas réussi à la Transat Jacques Vabre et c’est fait sur le Retour à La Base, je suis fière de moi ! Les manœuvres en solo, ce n’est pas facile de s’y refaire mais je suis rentrée dedans sans me faire violence. Avec Romain (Attanasio), Pip (Hare), Clarisse (Crémer), il y a eu du match jusqu’à la fin. C’était ce que je suis venue chercher et c’est ce que j’ai trouvé ! Ce parcours avait beaucoup de ressemblance avec ce que j’ai connu dans les mers du Sud il y a trois ans. J’ai beaucoup appris et ça m’a permis de me projeter sur des situations qu’on va rencontrer sur le prochain Vendée Globe. »

SA COURSE EN CHIFFRES
Heure d’arrivée :  10 h 12
Temps de course : 10 jours 17 heures 12 minutes 23 secondes
Écart au premier : 1 jour 17 heures 08 min 35s
Écart au précédent : 05 heures 43 min 29s
Sur l'ortho : 3 497.42 nm / 13.60 nds
Sur le fond : 4 449.80 nm / 17.30 nds

RLB23 Finish MACSF 1112AB1877© © Anne Beaugé / Retour à La Base

Romain Attanasio - 10ème

Romain Attanasio n’a pas boudé son plaisir tout au long de cette grande aventure et de ses deux transatlantiques qui se sont enchaînées. En Martinique, il était arrivé hilare, heureux de sa Transat Jacques Vabre avec Loïs Berrehar à l’issue d’une traversée « très instructive » et avec la certitude de pouvoir « mettre à profit son expérience pour les courses suivantes ». Contrat rempli, puisque quelques jours de repos et quelques footings plus tard, il repartait, l’état d’esprit intact, s’élancer sur l’Atlantique, en solitaire cette fois-ci. 

Pourtant, dès le départ du Retour à La Base, il doit composer avec les galères : une blessure au bras qui l’incommode et des problèmes de connexion qui l’empêchent de connaître la position de ses concurrents. La suite, c’est surtout de la résistance, des pointes de vitesse à plus de 30 nœuds qui compromettent la possibilité de se faire un café ou de se déplacer simplement à bord du bateau : « ça bouge tellement que c’est quasi mission impossible ! C’est super parce que ça va bien, mais ça tape franchement fort ! » 

Sur son parcours, il y a eu aussi des cargos à éviter, des zones de molle qui ont joué avec les nerfs, la difficulté parfois de trouver « la bonne vitesse », et enfin un sacré match dans le match avec Isabelle Joschke (MACSF) avant de se faire distancer la nuit dernière, au moment d’un planté dans une vague un peu plus violent que les autres, un vol plané dans une cloison et un bon choc à la tête à la clé. S’il devra suivre des examens médicaux à son arrivée, cela ne l’aura pas empêché de nous offrir un finish épique, en mode match race avec Pip Hare, à l’issue duquel il sortira vainqueur, une place dans le Top 10 en guise dé récompense.

Sa course en chiffres

Arrivée : 11/12/2023 14:20:04 FR
Temps de course : 10j 21h 20min 04s
Écart au premier : 1j 21h 16min 16s
Écart au précédent : 04h 07min 41s
Sur l'ortho : 3 497.42 nm / 13.38 nds
Sur le fond : 4 404.11 nm / 16.85 nds

RLB23 Finish Fortinet 1112PB1895 1© © Pierre Bouras / Retour à La Base

Pip Hare - 11ème 

La pétillante Anglaise, authentique et prompte à raconter toutes ses aventures, a en effet constamment bataillé pendant cette traversée de l’Atlantique. Dès les premiers milles, alors qu’elle s’offre (déjà) un mano-à-mano avec Romain Attanasio, elle doit faire face à une fuite « assez importante dans le système hydraulique  de quille ». « J’ai essayé de nettoyer une marée noire, couverte d’huile jusqu’au coude, en essayant de mettre les doigts sur des clés à écrou minuscules » racontait-elle sans se défaire pour autant de ses yeux rieurs et de son sourire à toute épreuve.

Malgré une grande difficulté à s’alimenter, qu’elle évoquait là encore en toute transparence dans un message, Pip s’engage dans une option assez Nord au moment d’aborder les Açores, preuve de sa résistance et de sa « rock attitude » lorsqu’elle s'enthousiasme de surfs endiablés à plus de 37 noeuds.

À l’heure de mettre le cap sur la Bretagne, elle oscillait entre bonheur d’en finir, confessant qu’il était « bien agréable de voir la ligne droite devant moi » et déception de ne pas avoir pu rester dans le match avec Isabelle Joschke (MACSF), arrivée ce lundi matin, et Romain Attanasio (Fortinet – Best Western), qu’elle a bien failli dépasser dans les derniers milles. « Ça fait partie de mon processus d’apprentissage et je n’en suis qu’à mes débuts », relativise-t-elle, désireuse désormais de se projeter sur la saison 2024. La veille de son arrivée, elle partageait encore, joliment philosophe au milieu de la baston du golfe de Gascogne, tout ce qui la faisait sentir si petite sur son bateau : « Ici, tout est puissant : le vent, la mer, et les émotions ». Dans cette épreuve d'humilité, elle oubliait un peu vite à quel point elle aussi a de nouveau démontré toute sa force ! Pas de doute, il faudra compter sur sa farouche détermination et son inaliénable enthousiasme d'être en mer l'année prochaine au départ des Sables d'Olonne.

Sa course en chiffres

Arrivée : 14h41 
Temps de course : 10j 21h 41min 14s
Écart au premier : 1j 21h 37min 26s
Écart au précédent : 21min 10s
Sur l'ortho : 3 497.42 nm / 13.36 nds
Sur le fond : 4 451.14 nm / 17.01 nds

RLB23 Finish Medallia 1112PB1914© © Pierre Bouras / Retour à La Base

Source : Retour à La Base