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Jean Le Cam a franchi la ligne d’arrivée ce lundi 18 décembre à 22h37. Parti avec 6 jours de retard sur le reste de la flotte, le skipper de Tout commence en Finistère – Armor-lux aura parcouru 4 092,07 milles et enregistre un temps de course officiel de 18 jours 5 heures 37 minutes 24 secondes.

Si son Retour à La Base a ressemblé à tout sauf à un long fleuve tranquille, le doyen de la course, dernier concurrent à en finir (32e), s’est accroché, fidèle à lui-même, et réalise là un grand pas vers sa qualification au Vendée Globe.

Jean Le Cam en a terminé de son aventure, refermant la ligne d’arrivée de la première édition du Retour à La Base derrière lui. Une arrivée au cœur de la nuit, ce lundi 18 décembre, qui invoque les souvenirs d’une autre. Il y a près de trois ans, le vendredi 29 janvier 2021, le marin bouclait son 4e Vendée Globe, de nuit là encore. Déjà parmi les favoris du grand public, qu’il avait conquis par ses bons mots et autres vidéos, le « Roi Jean » avait acquis encore une nouvelle stature pendant son tour du monde : celui de sauveur du naufragé Kévin Escoffier. Le Cam était presque devenu une figure Pop, avec ses expressions à la Audiard, ses traits d’esprit et son goût pour le large comme pour les bonnes choses de la terre. « J’ai soulagé le con qui aurait pu être à ma place » disait-il à propos de sa 4e place, au pied du podium de la 10e édition du Vendée Globe, lors d’une conférence de presse débridée. Le Breton avait porté une couronne, esquissé des pas de danse sur scène, des journalistes nationaux avaient fait le déplacement et la nuit s’était étirée jusqu’au petit matin… 

Avec son nouveau bateau, un sacré contre-la-montre

Trois ans plus tard donc, et à 64 ans, le « Roi Jean » est de retour. Les interviews sont devenues moins nombreuses et l’intérêt médiatique s’est enfin estompé. Le Cam est redevenu Jean et il a retrouvé un quotidien qu’il aime tant : celui de s’acharner à façonner un bateau, à ne pas voir passer les journées au chantier, à travailler dans l’ombre pour ressentir au large. Le compte à rebours est rapidement lancé. Fin septembre, il met à l’eau son nouveau bateau, Tout commence en Finistère – Armor-lux, un scow signé David Raison, IMOCA à dérives droites de dernière génération.

« Ça va être juste en matière de délai », confie alors Jean. Il décide de ne pas participer à la Transat Jacques Vabre et de réaliser le trajet aller, jusqu’en Martinique, en convoyage avec Bernard Stamm, son compère de toujours. Après un arrêt à La Corogne pour éviter une dépression, le duo arrive au Marin le 2 décembre. Cela fait trois jours que la flotte a pris le départ du Retour à La Base, mais Jean préfère se focaliser sur son projet, satisfait « d’avoir fait exactement ce qu’on voulait faire ». Et d’ajouter : « On va repartir pour écrire une autre histoire ».

Une transatlantique particulièrement agitée

C’est le 6 décembre qu’il s’élance finalement, dans la douceur martiniquaise pour un Retour à la Base en second temps. Au moment où la tête de flotte amorce son passage des Açores, Yoann Richomme l’emportant trois jours plus tard, Jean, lui, vivra une course en décalage, la faute à des conditions météos très changeantes.  Au programme : du près serré et une mer formée pour commencer, quelques jours à plus de 25 nœuds de vent, un anticyclone à contourner puis une dépression tropicale à éviter. À l’approche de la première porte, aux Açores, il évoque « des variations de vent de 40 degrés » et une nuit où « je n’ai pas beaucoup dormi ». Le vent est toujours aussi soutenu, il faut être vigilant en permanence et s’accrocher surtout.

Samedi dernier, visage fatigué, il décrie les 30 nœuds du moment, la dépression à traverser… « L’idée ce n’est pas d’aller vite, c’est de protéger le bateau », assure-t-il dans une vidéo. Pas de quoi s’empêcher un petit festin, son « plat bien équilibré » : thon, riz, mayonnaise. Il fallait bien ça pour tenir ! Ce lundi soir, Jean a donc retrouvé sa Bretagne en bouclant une nouvelle aventure. Au passage, le skipper a apprivoisé un peu plus son nouveau bateau et, dans le même temps, a validé son ticket d’entrée pour son 6e départ de Vendée Globe. Ne restera à Jean qu’à terminer de se qualifier, en prenant le départ d’une course l’an prochain avant de redevenir Le Cam aux yeux du grand public, un cocktail efficace d’autodérision, de spontanéité et une certaine idée, surtout, de la soixantaine heureuse…

SA COURSE EN CHIFFRES (DEPUIS LE DÉPART DU RETOUR À LA BASE, LE 30 NOVEMBRE 2023) :

Heure d’arrivée : 22h 37min 24 sec
Temps de course : 18 jours 5 heures 37 min 24 sec
Milles parcourus : 4 092,07 milles
Écart au premier : 9j 05h 33min 36s
Écart au précédent : 4j 10h 12min 33s