Antoine Mermod : Retour sur le succès d’une superbe deuxième édition de The Ocean Race Europe

La deuxième édition de The Ocean Race Europe vient de s’achever, après sept semaines intenses de compétition autour du continent, de Kiel à la baie de Boka au Monténégro. Une édition riche en rebondissements, conclue par la victoire de Biotherm.
Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA, a salué la qualité du plateau, avec sept équipes de haut niveau engagées sur ce défi en équipage, disputé sur cinq étapes dans des conditions de fin d’été toujours changeantes.
« The Ocean Race Europe a été un événement d’une ampleur exceptionnelle », explique Antoine Mermod cette semaine. « Sportivement, c’était fantastique : sept semaines de batailles intenses sur des plans d’eau très variés : la Baltique, la mer du Nord, la Manche, l’Atlantique, la mer d’Alboran, la Méditerranée et enfin l’Adriatique. Jamais cela ne s’était produit sur une période aussi courte. Et les concurrents comptaient parmi les meilleurs marins au large de la Classe IMOCA. Cela en a fait un défi d’une intensité rare, d’un très haut niveau. »
Le président de la Classe s’est aussi dit impressionné par ce qui s’est passé à terre : « Pour le public, c’était tout aussi fantastique. Il y a eu six escales dans des lieux magnifiques, chacune ponctuée de nombreuses animations, avec l’implication des partenaires. Les fêtes, les régates inshore, l’ambiance générale. Tout était superbe, en particulier l’arrivée à Boka Bay. Cet événement, c’était vraiment une célébration, à la fois sur l’eau et à terre. »
Sur l’eau, la course a été marquée par la domination du skipper français Paul Meilhat et de son équipage sur Biotherm. Vainqueurs de quatre des cinq étapes, de la régate finale à Boka Bay, et auteurs d’un carton plein sur quatre Scoring Gates, ils ont démontré la force d’une préparation sans faille.

« Ce n’est pas un seul aspect qu’ils ont travaillé, » analyse Mermod. « Ils ont cherché à progresser sur tous les fronts. Ils avaient le bateau, l’un des meilleurs équipages, ils étaient à 100 % dès la première seconde, leur équipe à terre était concentrée et parfaitement prête, et ils savaient où ils allaient après leur expérience sur la dernière édition de The Ocean Race. Parfois, tout concourt à la victoire, et Biotherm a su entrer dans cette dynamique. Félicitations à eux. »
Il salue également la résilience des équipes d’Ambrogio Beccaria (Allagrande MAPEI Racing) et de Rosalin Kuiper (Team Holcim-PRB), qui ont réussi à repartir après leur violent accrochage dès le départ de Kiel. « C’est le reflet de la ténacité de ces équipes, mais aussi de la compétence et de l’engagement de leurs shore teams, » insiste-t-il. « Ces équipes IMOCA comptent les meilleurs techniciens du monde à terre. Ils savent se relever des coups durs parce qu’ils s’y préparent. »
Le rôle des équipes à terre est d’ailleurs central dans une épreuve avec escales, comme le rappelle Antoine Mermod : « Sur la Route du Rhum ou le Vendée Globe, l’équipe prépare le bateau, puis le skipper prend la mer, seul. Avec des escales, c’est toute l’équipe qui court, pas seulement ceux qui sont à bord. Le shore team vit au même rythme, il fait partie intégrante de la course. Cela change tout dans la nature du défi. »
© Yann Riou / polaRYSE /Paprec Arkéa
The Ocean Race Europe, c’est aussi une vitrine unique pour les partenaires des équipes IMOCA, avec des escales dans certaines des plus grandes économies du continent : Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, France, Italie. Une opportunité que Mermod juge précieuse : « C’est une chance incomparable sur le plan économique. Ce qui m’a marqué également, c’est l’engagement des fans, venus par milliers dans les ports d’escale. Ils connaissaient la course, les marins, et ils étaient heureux de nous voir arriver. Cela donne une dimension très particulière à l’événement. »
Chaque équipage embarquait quatre marins, avec un On-Board Reporter (OBR). La dimension internationale était bien présente, avec cinq des sept équipes menées par des skippers étrangers, et la mixité s’est affirmée plus que jamais comme une réalité incontournable.

« L’IMOCA est une Classe mixte, la voile est un sport mixte, et c’était une force d’avoir des équipages mixtes. On sent que les femmes et les hommes sont très complémentaires pour atteindre la performance, » souligne Mermod. « Sur le plan international, c’était aussi une course organisée en grande partie hors de France, donc parfaitement adaptée à des équipes venues d’ailleurs. On observe d’ailleurs de plus en plus une flotte et des skippers internationaux dans le circuit IMOCA. C’est une évolution très positive. »
Et après ? L’espoir est que d’autres équipes IMOCA, convaincues par cette édition, se lancent dès The Ocean Race Atlantic en 2026, avant de viser le grand rendez-vous planétaire de 2027. Antoine Mermod rêve alors d’une flotte comprise entre huit et douze IMOCA au départ de The Ocean Race, en janvier 2027.
« Le Vendée Globe en solitaire reste l’objectif majeur de la plupart des équipes IMOCA. Mais courir avec des escales, en équipage, avec une équipe entière mobilisée, c’est aussi quelque chose d’extraordinaire. Plus il y aura de marins et d’équipes impliqués, mieux ce sera. C’est l’occasion de vivre l’une des plus belles aventures collectives que la voile puisse offrir. »
Ed Gorman
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