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Cette première étape, dont le départ aura lieu ce dimanche après-midi, s’annonce particulièrement exigeante. Au programme entre l’Allemagne (Kiel) et l’Angleterre (Portsmouth) ? La mer Baltique, la mer du Nord et de très nombreux pièges à éviter (trafic, parcs éoliens, courants...).

Les sept équipages devraient d’abord bénéficier d’un flux d’Ouest avant de faire face à plusieurs zones de transitions et à des bascules de vent. De quoi promettre une sacrée bagarre jusqu’à jeudi prochain. Analyse avec plusieurs skippers.

Désormais, place aux choses sérieuses. Après avoir profité de l’ambiance à Kiel et partagé de bons moments de convivialité avec les nombreux curieux venus arpenter The Ocean Live Park, les équipages se mettent progressivement en ordre de marche pour le grand départ. Il aura lieu à 15h45 ce dimanche depuis le port de « la Mecque de la voile » allemande.

Le public devrait être au rendez-vous, ce qui rappellera des souvenirs à ceux qui ont disputé la dernière édition de The Ocean Race. « Nous étions venus pour un « fly-by » pendant l’avant-dernière étape en juin 2023, se souvient Will Harris (Team Malizia). J’avais été impressionné par le nombre de spectateurs qui étaient venus nous voir, c’était incroyable ». D’après les médias locaux, plus de 120 000 personnes s’étaient massées sur le rivage pour admirer les bateaux.

« Un terrain de jeu plutôt inhabituel »

Un peu plus de deux ans plus tard, une flotte d’IMOCA est donc de retour et le public devrait être aussi nombreux. De quoi assister au « top départ » avant que commence une bataille particulièrement intense jusqu’à Portsmouth, terme de cette première étape. « En matière de navigation, c’est peut-être l’une des étapes les plus dures de la course »,assure Amélie Grassi (Biotherm).Il faut parvenir à s’extraire de la mer Baltique puis veiller à la mer du Nord et éviter tous les pièges. C’est vraiment une navigation très délicate ».

Yoann Richomme, skipper Paprec Arkéa, ne dit pas autre chose à propos de « ce terrain de jeu plutôt inhabituel pour nous ». « Le passage est serré entre les îles danoises et encore plus sous le Grand Belt (le grand pont qui relie les deux plus grandes îles du Danemark), explique-t-il. Le vent peut être particulièrement capricieux avec la proximité des îles ». Mais les skippers seront également extrêmement vigilants parce qu’ils ne seront pas seuls sur la route. « Il y a des parcs éoliens, des plateformes pétrolières, les zones de pêches et le trafic maritime », détaille Christopher Pratt (Canada Ocean Racing – Be Water Positive). Plusieurs DST (Dispositif de séparation du trafic, des zones « interdites ») jalonnent le parcours.

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Un flux d’Ouest conséquent pour commencer

Une fois le Danemark contourné, il faudra descendre la mer du Nord avant de longer les côtes anglaises jusqu’à Portsmouth. « Là aussi, cela peut être très compliqué avec le vent, le courant, assure Will Harris. Je connais bien cette zone jusqu’à l’île de Wight et je sais que tout peut être très complexe ».

S’il est difficile d’avoir une idée précise des conditions météos en fin d’étape, les skippers en savent désormais plus sur celles des premiers jours de course. « On devrait avoir un vent d’Ouest de 15 à 18 nœuds, ce qui va nous permettre de partir au reaching et d’offrir de belles images aussi,souligne Nicolas Lunven (Holcim-PRB). Ensuite, l’influence d’un anticyclone centré sur l’Europe permettra aux skippers de progresser dans un flux d’Ouest qui va contribuer à faciliter la traversée de la mer Baltique.

Ensuite « la descente de la mer du Nord devrait être plus complexe, précise Nicolas. En effet, l’anticyclone se décale, créant « des zones de transitions avec des bascules de vent à négocier »

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« Il y aura plein de petits coups à jouer »

Dès lors, à quoi va ressembler cette première étape ? Tous les pièges sur le parcours (parc éolien, plateforme, rails de cargos) vont-ils contraindre les choix des marins ou des options sont possibles ? Christopher Pratt estime que « cette étape offre paradoxalement peu de latitude stratégique, que les écarts en latéral ne devraient pas être très conséquents. L’enjeu, ce sera la capacité à aller vite sur chaque segment du parcours ».

Amélie Grassi l’assure : « il y aura plein de petits coups à jouer, des petits choix d’options qui pourront faire des différences ». « Finalement, à chaque DST, tu peux choisir de passer au nord ou au sud, abonde Will Harris. Et puis tu peux jouer avec l’angle du vent, les courants, cela peut avoir de l’impact sur ta position au sein de la flotte ».« Il y a plein de petits détails sur lesquels on peut faire la différence, en se faufilant entre des champs d’éoliennes, en ayant un angle de vent un peu différent, souligne également Nicolas Lunven. Ce n’est pas parce que le parcours est contraint que rien ne va se passer ! »

En somme, alors que les équipages sont attendus jeudi prochain à Portsmouth, ces cinq jours de course annoncent un sacré combat. Si tous tenteront de réussir leur entrée en matière, les équipages gardent en tête que The Ocean Race Europe est une course longue et qu’il faudra aussi gérer son effort dans le temps long.

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C’est ce que rappelle Yoann Richomme : « il y a cinq étapes en six semaines. Certes, la première sera révélatrice de l’état de forme de chacun mais cela ne présage en rien la suite. Il faut savoir tenir sur la distance et garder la tête froide jusqu’au bout ! » Quoi qu’il en soit, tous les témoignages de skippers se rejoignent sur un aspect : leur envie commune d’en découdre et de tout donner pour débuter cette incroyable aventure.

Source : The Ocean Race