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Cette stratégie fait couler beaucoup d'encre. Boris Herrmann peut-il contourner l'énorme anticyclone par le nord et ainsi battre Charlie Dalin et tous ses concurrents plus au sud ?

L'unique skipper allemand de la flotte IMOCA à bord de Malizia-SeaExplorer se fait remarquer sur cette deuxième édition de la course New York Vendée-Les Sables d’Olonne. En effet, il a choisi un chemin en solitaire après que lui et Charlie Dalin se soient échappés du peloton de poursuivants ce week-end.

Ce matin – approchant la fin du cinquième jour en mer – Dalin, sur une route plus directe à bord de MACIF-Santé Prévoyance, était toujours en tête avec une avance de 232 milles nautiques sur Herrmann. Charlie Dalin avançait également plus rapidement à 18 nœuds contre 12 pour Herrmann. Cela pourrait tout de même changer car le Français va se heurter à des vents légers et de face, tandis que Herrmann naviguera progressivement dans des conditions de vent de travers puis arrière.

C'est un pari risqué où tout repose sur la vitesse de Malizia-SeaExplorer au portant. Aujourd’hui, les routages montrent que cela peut fonctionner, mais Boris pourrait encore être freiné par des vents légers à l'ouest de l'Irlande, bloquant la route vers l'arrivée.

Au cours de la nuit, Boris Herrmann a répondu aux questions de la Classe, savourant sa deuxième bonne performance consécutive après sa deuxième place sur The Transat CIC. Il évoque sa position de leader, qu'il a occupée pendant une grande partie du début de cette course, et admet que ces deux transatlantiques lui apportent « une grande confiance » en vue du Vendée Globe.

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« Je me sens très bien – il ne m’arrive pas souvent d’être en tête », déclare-t-il alors que Malizia-SeaExplorer continue de remonter vers le nord, avec un écart de près de 1 000 milles sur le bateau le plus au sud de la course, le Vulnerable de Thomas Ruyant, actuellement dixième. « En fait, c'est rare, sauf pendant les étapes trois et cinq de The Ocean Race. C’est donc ma première course IMOCA où je me trouve en position de force à l’avant de la flotte. »

Lui et son équipe semblent avoir franchi un cap cette saison, passant du top cinq à la lutte pour la victoire et les places sur le podium. « Je pense que le travail que nous avons accompli porte ses fruits », explique-t-il. « Je pense qu'il y a eu un changement progressif, si changement il y a. Nous étions déjà très performants l'année dernière. Évidemment, nous nous améliorons et nous apprenons à mieux connaître le bateau, à le rendre plus fiable. »

« Les nouveaux foils sont également légèrement meilleurs et nous avons apporté quelques modifications au bateau qui l'ont rendu plus léger, performant et plus robuste. Les voiles sont également plus adaptées », ajoute-t-il.

Quant à sa stratégie, Boris Herrmann est conscient de l'enjeu : sa décision peut soit le propulser vers la gloire, soit le mettre en difficulté avec une séparation aussi importante par rapport au reste de la flotte. « Quelle est la stratégie à partir de maintenant ? »interroge-t-il. « Eh bien, je ne vais pas tourner autour du pot, je file vers le nord. À mon avis, c'est le choix le plus judicieux à ce stade. Cela reste cependant incertain quant à son efficacité. Je n'ai pas grand-chose d'autre à ajouter. J'ai bien étudié la question et envisagé diverses options, surtout au cours des dernières 12 heures. Donc oui, je m'engage vers le nord. »

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Comme tous les participants à cette course hors du commun, qui a vu la majorité des skippers coincés dans des vents faibles et changeants en tentant de traverser un front, Boris ne se fie pas entièrement aux prévisions météorologiques.

Il souligne que des vents forts ne sont pas prévus pour le moment, mais il se tient prêt à toute éventualité. « Qui sait ? Ça pourrait encore arriver. Ce n'est pas vraiment prévu pour l'instant, mais je reste méfiant quant aux prévisions à long terme. Nous avons encore une bonne semaine en mer, ce qui représente vraiment beaucoup de temps - plus que ce que nous anticipions. »

Derrière les deux leaders se dessinent deux groupes divisant les 27 bateaux restants en deux camps. Au nord, une flotte dispersée est menée par le jeune marin britannique James Harayda sur Gentoo Sailing Team, occupant la cinquième place. Au sud - à environ 360 milles au sud-sud-ouest - se trouve un deuxième groupe mené par Yoann Richomme, actuellement troisième, suivi de près par Sam Davies sur Initiatives-Cœur.

Pendant que le groupe situé plus au nord s'efforce toujours de franchir le même front qui les tourmente depuis plusieurs jours, et fait face à la perspective de vents contraires et de zones de calme, la flotte plus au sud semble bénéficier de meilleures perspectives en se dirigeant au sud des Açores, actuellement à un peu moins de 600 milles d'eux.

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Cependant, ce groupe, comprenant également Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) en sixième position, Jérémie Beyou (Charal) en septième, Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence) en huitième et Sam Goodchild (Vulnerable) en neuvième, devra affronter un passage incertain et délicat vers l'ouest, ponctué de zones de vents faibles et de longues phases de vents portants.

Dans l'ensemble, nous sommes spectateurs d’une compétition fascinante qui nous montre à nouveau le niveau élevé de cette flotte IMOCA. La course n’est pas finie et le jeu est encore ouvert..

Ed Gorman (traduit de l'anglais)