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ROAD TO THE VENDEE GLOBE #9 : Nouvel épisode de notre série pré-Vendée Globe. Pierre-Marie Bourguinat a demandé à Paul Meilhat son avis sur Sam Davies qu'il connait bien pour avoir été son concurrent mais aussi son co-skipper.

Co-skipper d’Initiatives cœur sur la dernière Transat Jacques Vabre, Paul Meilhat a continué de collaborer avec Samantha Davies tout au long de l’année. Le dernier vainqueur de la Route du Rhum qui cherche toujours un budget pour The Ocean Race, reste impliqué dans tous les aspects sportifs du projet. A trois semaines du troisième départ de la britannique sur le Vendée Globe, Paul fait le point sur ses forces et faiblesses. On s’y attendait un peu mais la première colonne est nettement plus remplie que la seconde. Fan de Sam, Paul Meilhat !

Ton premier souvenir de Sam concurrente ?
"C’était à Port La forêt, elle venait de louer un Figaro, moi je courrais pour la première année sous les couleurs de la Macif et on s’entrainait au Pôle. Nous n’avons pas été concurrents longtemps car dès la première course, elle a appris qu’elle était enceinte et devait renoncer à sa saison sportive. Du coup, lorsque je croise son fils Ruben, je n’ai pas de mal à me rappeler de son âge ! C’était en 2011."

En 2019, elle n’a pas caché avoir étudié pas mal de CV avant de te proposer d’intégrer son team. Est-ce qu’après deux ans de collaboration, elle t’a finalement dit ce qui avait penché en ta faveur ?
"En 2018, j’avais gagné pas mal d’épreuves du circuit et finalement la Route du Rhum sur un bateau qui mis à part les foils est un sister ship du sien. On a terminé la Bermudes 1000 Race à un quart d’heure d’écart, ce qui créé des liens et nous avons pas mal discuté de la façon dont on pourrait faire évoluer nos bateaux. Et puis il y a la cause. Elle savait que j’étais sensible à l’idée d’associer le sport de haut niveau avec la défense d’une cause utile et tout le projet Initiatives cœur repose sur cette double approche."

Et alors, Sam Davies à bord de son IMOCA, ça donne quoi ?
"En débarquant, je savais qu’elle était au niveau mais on n’imagine pas l’expérience maritime de Sam. Elle a tout fait. Du grand multicoque autour du monde, la Mini, du Figaro, la Volvo. Elle a bouclé un Vendée Globe, abandonné un Vendée Globe, ça compte aussi. Sam a le sens du solo mais elle aussi beaucoup appris des autres. Elle sait déléguer et s’entourer et elle peut encore progresser. En mer, derrière ce côté réfléchi, il y a un mental inusable. Je ne l’ai jamais vu démotivée. Plus c’est dur et plus elle est là. Sur un Vendée Globe, ça compte."

200925 ES InitiativesCoeur 0511 copie© Eloi Stichelbaut - polaRYSE / Initiatives Coeur

Tu dis qu’elle peut encore progresser, dans quel domaine ?
"Elle a un petit complexe par rapport aux solitaires français. Elle en a gommé une grande partie mais elle pourrait encore progresser sur la confiance qu’elle a en elle. Je ne dis rien car elle en tire aussi une force et puis il ne faudrait pas qu’elle perde son humilité (rires)."

Ses résultats cette année, quatrième de la Vendée Arctique, deuxième des 48 heures du Défi Azimut la placent en candidate naturelle au podium. Il reste une pudeur entre vous de parler du résultat final ?
"Oui, il y a une pudeur sur l’objectif sportif. Elle est notamment liée à Initiatives cœur car le bateau doit finir la course. Sam est très sensible à ce projet et sa capacité à porter le message jusqu’au bout."

Ce n’est pas un Vendée Globe d’aventurier quand même ?!
"Non bien sur, elle a des ambitions sportives légitimes. Elle ne débarque comme en 2010 sur Roxy. Mais la cause l’habite. Elle est entière et ne triche pas là-dessus. Dans notre milieu, beaucoup de gens jouent un rôle ce qui est un peu normal car il est impératif de bien communiquer. Mais certains en sont venus à se créer des personnages. Ce n’est pas son cas, elle est authentique."

Quel est son meilleur atout sur la course ?
"En plus de ce que j’ai déjà dit, le timing du projet est parfait. Elle navigue sur le bateau depuis 2017, avec le même Boat captain, le même Bureau d’études, le même Team manager. Cette stabilité lui donne un gros niveau de confiance et tout ça se passe dans la bonne humeur. Elle a un IMOCA éprouvé et les derniers sortis n’ont pas cette carte-là en main."

50172312046 a78a9c1c91 k© Maxime Horlaville / polaRYSE / Initiatives Coeur

Qu’est ce que Sam t’a apporté pendant ces deux années de collaboration ?
"Pour moi qui cherche à faire The Ocean Race, Sam est un modèle en matière de leadership. Aller chercher la compétence et mettre de l’enthousiasme, faire confiance, ... de ce point de vue, elle est remarquable. Et elle démontre aujourd’hui qu’on peut faire du haut niveau tout en défendant un projet qui a du sens. Tout ça me parle."

Et toi, que penses-tu lui avoir apporté ?
"Sans doute d’être plus percutante et explosive dans certaines phases. J’étais bien dans ce rôle-là et j’avais en face quelqu’un de compréhensif. Lorsque dans le Pot au Noir, je bourrinais sous code zéro dans les grains et que le bateau avait un peu trop tendance à s’envoler, elle passait juste la tête dans la descente pour dire un truc du style « Paul, je ne sais pas si j’aurais fait comme ça » Mais ça n’allait pas plus loin et sans doute que ces moments un peu dingues font ensuite leur chemin."

Quel est ton programme d’ici le départ ?
"Pas mal de tests PCR si j’ai bien compris ! Sérieusement, les jours précédents son confinement, je serai là pour l’accompagner, essayer qu’elle se sente en confiance. Je travaillerai aussi sur les aspects météo, même si dans ce domaine aussi, Sam est très éclairée. C’est plus une aide pour scénariser les premiers jours. Combien de virements, les points clés, les changements de voile,... Histoire de prendre le bon wagon..."

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