Simon Fisher : « Cette 3ème étape met vraiment à l’épreuve la concentration et la cohésion des équipages »

L’étape 3 de The Ocean Race Europe s’annonce particulièrement complexe sur le plan météorologique. Les sept équipages engagés doivent composer avec une situation incertaine entre Carthagène et l’arrivée à Nice.
Dès les premières heures, c’est Biotherm, mené par le Français Paul Meilhat, qui a donné le tempo en menant la flotte au près vers les Baléares. Ce matin, le skipper breton conservait une courte avance sur Team Holcim-PRB de Rosalin Kuiper, tandis que Paprec Arkéa de Corentin Horeau occupait la troisième place.
Le Britannique Simon Fisher, double vainqueur de The Ocean Race et deuxième de la première édition de The Ocean Race Europe en 2021, suit cette étape avec attention. Selon lui, la clé sera de savoir gérer au mieux les nombreuses transitions météo jusqu’à l’arrivée sur la Côte d’Azur vendredi.
« Côté météo, c’est totalement imprévisible. Il faut rester sur ses gardes, être réactif, penser au meilleur gain à court terme et mesurer l’impact sur sa position à long terme », explique-t-il. « Les équipages devront rester groupés : il faudrait être vraiment audacieux pour tenter un gros décalage dans ces conditions. »
La principale inconnue réside dans une dépression en formation sur la côte algérienne, qui remonte vers le golfe de Gênes. Après avoir longé Majorque au près, les skippers devront choisir le moment opportun pour virer vers le nord. « Tout se jouera sur le placement et le timing de ce virement », souligne Simon Fisher. « Cela déterminera leur position à l’arrivée du système dépressionnaire, et il faudra être du bon côté pour en tirer avantage. »

Mais rien n’est acquis, d’autant que les effets locaux de vent et de relief peuvent bouleverser la course. « En remontant vers le nord, ils auront du près. Un petit décalage de la dépression à l’est ou à l’ouest peut tout changer. Ils peuvent se retrouver au près dans un mistral du golfe du Lion… ou basculer dans des conditions portantes », analyse-t-il.
À 47 ans, après six campagnes The Ocean Race, Simon Fisher se dit impressionné par la régularité de Paul Meilhat et de son équipage (Benjamin Ferré, qui remplace Jack Bouttell pour les deux dernières legs, Sam Goodchild et Amélie Grassi). Biotherm a remporté la première étape entre Kiel et Portsmouth, ainsi que la deuxième étape jusqu’à Carthagène, en raflant à chaque fois les points bonus des portes de classement.
« Ils gèrent parfaitement la situation : navigation intelligente, vitesse au rendez-vous, et surtout une vraie sérénité aux avant-postes », observe Simon Fisher.
Selon lui, l’expérience acquise par Paul Meilhat sur son foiler signé Guillaume Verdier lors de la dernière The Ocean Race explique en partie cette maîtrise dans le format équipage avec escales courtes. Biotherm a aussi su mettre la pression au classement en soignant ses départs et en jouant systématiquement les scoring gates. L’équipage occupe ainsi la tête du classement provisoire avec huit points d’avance sur Paprec Arkéa.
© Adrien Nivet / polaRYSE (Adrien Nivet / polaRYSE (Photographer) - [None]
« Chaque point compte, surtout en Méditerranée où tout peut basculer très vite. Construire un petit matelas de sécurité est précieux, psychologiquement aussi. Contrairement au style course au large en équipage réduit, où les départs sont plus mesurés, en équipage il faut attaquer dès le signal de départ », analyse le navigateur britannique.
Même s’il profite cette saison d’un programme dense entre TP52, Transpac, Middle Sea Race, Maxi Worlds et Superyacht Cup, Fisher n’écarte pas l’idée d’un retour pour une septième campagne autour du monde, record en perspective.
« Regarder cette Ocean Race Europe, c’est un vrai test pour mesurer le FOMO (fear of missing out, la peur de manquer quelque chose) », plaisante-t-il. « Voir ces bateaux régater sans être à bord, ce n’est pas facile. J’étais à Lorient il y a quelques mois pour filer un coup de main à The Ocean Race, et retrouver les bateaux, monter à bord… toutes les bonnes émotions sont revenues ! »
Ed Gorman (traduit de l’anglais)
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