Transatjv startapivia 3016

La flotte dessine une très beau quart de cercle ce matin sur la cartographie. Les leaders au sud tangentent les côtes marocaines, le groupe de séparatistes en IMOCA continue sa progression vers l’ouest et entre les deux, les premiers class40 entrent dans le cercle au large du cap Finisterre. Mais la roue peut-elle vraiment tourner sur la route qui conduit à Salvador de Bahia ?

Cette journée de jeudi s’annonce en tous cas décisive. Si les Sudistes passent comme des fleurs l’étroit goulet de la dorsale au large de Gibraltar et accrochent l’alizé, ils vont conforter leur avance qui culmine déjà à 173 milles ce matin. Les Nordistes vont-ils enfin pouvoir mettre le clignotant à gauche et accélérer vers Salvador de Bahia pour espérer refaire leur retard ? La première partie de cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, celle qui décidera de la hiérarchie au Pot au Noir se joue dans les prochaines 24 heures.

Apivia en pointe. Et l’hémorragie continue

Une petite centaine de milles derrière les trimarans, les premiers IMOCA ont passé le cap Saint-Vincent et vont être confrontés à la même problématique à partir du milieu de la matinée. Un peu moins maniables, les monocoques de 60 pieds vont nécessiter de la part de leurs duos d’être très réactifs et de beaucoup manœuvrer : changements de voiles et de trajectoire, gestion des poids à bord, réglages… Mais la meute de brillants tandems qui régate bord à bord depuis le cap Finisterre est rompue à l’exercice et connaît ses gammes. Peu de risques de les voir se faire piéger. S’ils ressortent correctement du système ce soir, leur avance sur les tenants de l’ouest ne sera pas simple à rattraper. Car tant que ces derniers n’ont toujours pas basculer vers le Sud et naviguent à 60 degrés de la route, l’hémorragie continue au classement. Maitre CoQ qui a pris un léger avantage sur Bureau Vallée II et Hugo Boss hier pointait à 173 milles au classement de 5 heures, du nouveau leader Apivia. A bord du plan Verdier, le duo Dalin-Eliès a été le plus rapide au large du Portugal hier soir et cette nuit, doublant à leur vent PRB et Charal. Mais Charlie Dalin gardait la tête froide à la vacation : « Ce qui compte au passage des dorsales, ce n’est pas l’ordre à l’entrée mais à la sortie. C’est là que se creusent les écarts, d’autant que le vent a l’air très établi le long du Maroc et au passage des Canaries » En attendant, Apivia peut compter à ses côtés sur deux lièvres de qualité que sont PRB et Charal. Et derrière, la bataille fait rage avec Banque Populaire IX, premier bateau à dérives, auteur d’une trajectoire impeccable depuis le départ. Clarisse Crémer et Armel Le Cléac’h sont eux -mêmes aiguillonnés par un petit groupe emmené par le tandem Le Cam/Troussel, très en verve également. A noter la belle performance de Romain Attanasio et Sébastien Marsset qui ferment la marche du groupe des Sudistes et s’accrochent sur son vieux plan Farr de 2007 à la onzième place.

Les mots des skippers 

Charlie Dalin-Apivia 

" Ça va, on glisse doucement sous le J0 vers la dorsale, la nuit est plutôt agréable même si c’est une nuit noire noire car il n’y a pas ni lune, ni étoiles. On ne voit rien mais la mer est calme et le bateau glisse… c’est agréable comme conditions. Actuellement, nous avons plus de vent que sur les fichiers, ça avance correctement, on se tire la bourre avec PRB et Charal, on a des lièvres c’est sympa, ca permet de voir, de se comparer en vitesse c’est intéressant pour voir si on a les bons réglages. C’est positif, on est content, le bateau est plutôt facile, de temps en temps on fait des pointes de vitesse étonnantes, d’heure en heure on découvre de nouveaux réglages pour faire avancer le bateau c’est super instructif. La dorsale, ça a pas l’air si mou que ça a traverser , c’est toujours plus simple sur les fichiers que dans la vraie vie. On va essayer de la faire en un seul empannage ce sera bien. Après nous allons avoir beaucoup de vent près des canaries. Quand tu rentres dans une dorsale l’important c’est pas l’entrée mais l’ordre de sortie. Il va falloir bosser dur pour conserver notre position et celui qui va sortir en premier va partir au portant, c’est une transition à bien gérer. "

 Alan Roura & Sébastien Audigane- La Fabrique  

" La Fabrique en pleine forme ! Après avoir bénéficié d'une belle journée ensoleilée au large de l'Espagne nous voila repartis vers l'ouest et sa bruine afin de nous recaler dans des vents plus forts et surtout chercher le décalage ouest qui nous servira plus tard. La situation n'est pas simple mais dans quelques jours nous devrions être au reaching puis au portant. A part ça la vie est rythmée par les quarts de sommeil, les fichiers météos et les repas. Pour l'instant nous n'avons pas encore réussi a manger ensemble, nous sommes un peu décalés au niveau appétit ! Mais par contre les pauses cafés en terrasse sont en place depuis le début. Ça discute de la course ou d'autres choses. Notre fier coursier va bien, pas de problèmes, il aurait juste aimer plus de vent mais cela viendra sans doute un peu plus tard. C'est un grand bonheur de naviguer sur La Fabrique et ce n'est pas fini. "
Seb et Alan

Fabrice Amedeo - Newrest-Art&Fenêtres 

" Bonjour ! Une nuit un peu compliquée. Nous avons été freinés dans l’approche de la dorsale anticyclonique qui s’étend au sud de Lisbonne et avons dû composer avec des problèmes de quille. Tout va mieux ce matin. Le bateau file sous code 0 et mer plate. Objectif : passer définitivement cette porte du sud qui s’ouvrait à nous en laissant l’anticyclone derrière nous et gagner la proximité des côtes marocaines pour y toucher l’alizé. Tout va bien à bord. Les températures s’adoucissent et surtout il fait sec ! "

Romain Attanasio - Pure 

" Nous voilà à la latitude du Cap St Vincent. Ce matin les conditions de navigation son très agréables à 100° du vent pour une petite quinzaine de nœuds le bateau avance facilement. Cela contraste avec le brouillard épais et le vent aléatoire que nous avons subi toute la nuit. Veille AIS et radar étaient de mise car il y a un peu de trafic maritime dans la zone.
Notre choix de route nous donne pour l'instant entière satisfaction et s'avère plus véloce que nos premières estimations. Les prochaines heures seront importantes avec la gestion du contournement de l'anticyclone et les changements de voiles et de trajectoire qui vont avec.La vie à bord c'est installé et notre rythme de quart est maintenant bien calé. Nous profitons des conditions actuelles pour faire sécher et changer nos vêtements moites depuis la pointe du Cotentin.
Nous rencontrons quelques difficultés à joindre la terre ! Nos téléphones nous donne du fil à retordre et le logiciel de transmission d'images est en grève. nous essayons de trouver une solution pour pouvoir partager plus cette course avec vous. "

Manuel Cousin et Gildas Morvan - Groupe Sétin 

" Un petit clin d'œil d'un avant-après 4 jours de course ou 1000 milles d'écart.......Il fait bon enlever les couches.
On ne regrette pas notre option sud... pour la température et l'apparition du soleil en tout cas... Pour le reste, on en saura plus demain ou après-demain ;-)
On donne tout sur Groupe Sétin pour viser au mieux le passage de la dorsale qui est devant nous pour ensuite allez chercher au plus vite les Alizés. Ralentissement ... (ou pas) … sur l'autoroute du soleil : La réponse très bientôt. "

Arnaud Boissières - La Mie Caline-Artipole

" Il fait toujours gris, la mer s’est un peu calmée, on fait du près, ce n’est pas très original, mais ça s’améliore quand même. Au début, on était partis pour faire de l’Ouest mais on a tempéré nos ardeurs. On essaye d’avancer tant bien que mal au près, on a des bateaux proches, c’est sympa cela permet de se caler en vitesse. On joue avec les ballasts, les foils, c’est plutôt sympa. On s’est fait un virement de bord de nuit pour se recaler dans l’ouest. On est bien, c’est chouette avec Xavier, On va encore faire un peu de près, malheureusement, après on va ouvrir les voiles. Il y a des cailloux devant nous, il y a Madère, je t’avoue que Madère me fait peur, on ne va pas trop traîner dans le coin, le vent va dicter nos trajectoires de toutes les façons. C’est chaud quand même pour les gars du nord, je suis plutôt content d’être là où on est ! On a pris la bonne décision je pense ! Le dessalinisateur fait la grève, on sentait qu’il était capricieux au Havre. On a trouvé une andouillette c’est plutôt sympa ! "

Yannick Bestaven - Maître CoQ

" On vient de virer de bord depuis une demi-heure pour enfin pointer l’étrave vers le sud. Ca ne se passe pas comme on veut. On attendait des conditions plus favorables. C’est comme ça, on a pris l’option ouest, on est obligé d’y aller jusqu’au bout. On attendait une bascule plus franche et un anticyclone plus marqué à l’est ce qui n’est pas le cas. On a choisi la route la plus dure et elle ne se révèle pas très rapide. La suite n’est pas simple pour nous et on va essayer de limiter les dégats. 

On a 24 noeuds au près et on fait un cap au 155-160 c’est à dire 20 degrés  au dessous de ce qu’il faudrait faire. Le vent va prendre de la droite bien sur mais ce qui me fait peur, c’est la barrière anticylonique qui va pas être simple à traverser. Il faudrait qu’on aille très vite  pour passer et ce n’est pas vraiment le cas…

Avec mon ami Bilou, on a un peu d’expérience et l’habitude d’encaisser les mauvais coups. On pourrait avoir des conditions plus agréables mais bon, c’est comme ça. On va quand même vers le Brésil et il y aura des jours meilleurs. C’est dommage car on marchait bien et là, on avait Hugo Boss avec nous qui est une belle référence et on était content d’arriver à le tenir, voire d’être un peu plus rapide. Globalement, le bateau va bien, c’est nous qui avons fait le mauvais choix. Tous les routages engagés envoyaient à l’ouest et les plus lents

Si on avait viré avant, on s’alignait sur les bateaux au Sud. Virer plus tard, c’était risqué avec l’anticylcone au Sud et la dépression tropicale Rebecca qui attend dans l’ouest, donc à un moment donné, ça ne sert à rien de continuer "