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Il reste encore 2 400 milles à parcourir pour les leaders de ce Vendée Globe, et Yoann Richomme, deuxième à bord de Paprec Arkéa, garde intactes ses chances de victoire pour sa première participation.

Le double vainqueur de la Solitaire du Figaro n’hésite pas à exprimer son respect pour son rival de longue date, Charlie Dalin, skipper de MACIF Santé Prévoyance, s’il venait à remporter cette édition. Il y a quatre ans, Charlie Dalin avait franchi la ligne d’arrivée en tête avant de terminer second au classement final.

« Je serais content pour lui s'il gagnait », confie Yoann Richomme, alors que son bateau poursuit sa route vers le nord, dans les alizés à l’ouest des îles du Cap-Vert, à environ 165 milles derrière le leader. « Je pense qu'il le mérite. Le scénario du dernier Vendée Globe lui a été injuste, et il mérite cette victoire. S’il y parvient, je serai heureux pour lui, mais je ne vais pas lui offrir. »

À huit jours de l’arrivée, au large des Sables d’Olonne, quelles sont les chances de Yoann Richomme pour tenter de coiffer Charlie Dalin sur le fil ? Le skipper de Paprec Arkéa ne relâche aucun effort et se tient prêt à saisir la moindre opportunité pour devancer son concurrent, dans une lutte acharnée qui dure depuis le début de l'océan Pacifique Sud.

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« La route est plutôt claire à partir d'ici », explique Yoann Richomme. « Nous verrons ce qui se passera lorsque nous traverserons le centre anticyclonique des Açores. Charlie devrait être ralenti un peu plus que moi, mais cela ne suffira peut-être pas à réduire l'écart. La fin s'annonce toutefois un peu chaotique sur le plan météo, avec des vents faibles… Je reste à l'affût de toute opportunité, mais ce n’est pas simple. »

Yoann Richomme sait que la compétition pourrait se jouer sur des détails qui influenceront la performance des deux IMOCA – le sien, conçu par Antoine Koch et Finot Conq pour une grande efficacité au portant, face au modèle polyvalent de Charlie Dalin, signé Guillaume Verdier. « Je m'accroche, car ce sont plus ses conditions que les miennes – c’est son terrain de jeu, donc c’est difficile de voir les milles se réduire jusqu'à l’arrivée alors que je ne peux rien y faire. »

Mais dès que le vent portant sera de retour, le skipper de Paprec Arkéa prévoit un changement de dynamique. « Dès que nous serons au portant, je me sentirai peut-être un peu plus à l’aise, car mon bateau est très rapide dans ces conditions. Je vais donc pousser dès que possible pour tenter de rattraper mon retard, et on verra où cela nous mène à la fin. » Yoann Richomme n'hésite pas à envisager toutes les options, même les plus improbables, pour tenter de dépasser son rival. « Si je perçois une toute petite chance dans le routage, je la prendrai sûrement », confie-t-il.

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Cependant, le skipper de Paprec Arkéa est aussi conscient que les derniers milles d’un Vendée Globe peuvent parfois tourner au fiasco lorsque les skippers poussent un peu trop des bateaux déjà fatigués. Il sait qu’il devra trouver un juste équilibre entre la vitesse et la préservation de sa machine, même s'il estime que son bateau est encore à 100 % de ses capacités.

« Si je finis par démâter dans les derniers milles, ce serait vraiment bête », déclare le marin de 41 ans, victorieux du Retour à la Base en 2023 et de The Transat CIC l'année dernière. « Je préfère finir deuxième, l’essentiel étant de trouver un équilibre. Il faut que je pousse comme je le fais toujours, mais sans faire d’erreurs, car ce serait dommage. »

Il a également abordé la possibilité de terminer à la deuxième place, une perspective qu’il accueille sereinement à ce stade de la course. Lorsqu’on lui demande s’il aurait signé pour un tel scénario, avec une arrivée à quelques encablures de Charlie Dalin, sa réponse ne fait aucun doute. « Oh oui, j’aurais signé tout de suite, c’est certain », répond-t-il sans hésitation.

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Le skipper de Paprec Arkéa ne nourrit aucun regret, bien qu’il reconnaisse une erreur, celle de ne pas avoir suivi Charlie Dalin et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) dans le cœur de la dépression dans l’océan Indien. « La deuxième place, c’est clairement un bonus, et je suis vraiment fier de ma performance », ajoute-t-il. « J’ai bien navigué, et je n’ai commis qu’une erreur, une grosse erreur dans la dépression de l’océan Indien, mais je ne la regrette pas trop, car c’était risqué pour Charlie. Ce n’était pas une décision que j’aurais pu prendre sans expérience dans le sud, donc voilà, je suis content de ce que j’ai accompli. »

La bataille, qui dure depuis 25 jours, a été exceptionnelle, mais Yoann Richomme – qui a parfois mené la course – semble plus détendu que ceux qui suivent l'épreuve sur la cartographie. « Je n’y pense pas constamment, donc je ne ressens pas vraiment la pression. J’essaie de rester calme. Quand vous regardez la carte, 150 milles, ça ne paraît pas énorme. Mais pour moi, c’est un sacré bout de chemin, donc je ne ressens pas cette impression de bataille acharnée que vous pouvez observer. Cela dit, la course a été intense, nous avons tous les deux bien navigué, avec des bateaux exceptionnels, et cela fait presque dix ans qu’on se bat l’un contre l’autre, donc ça n’a rien de surprenant. »

Il confie avoir hâte de retrouver « quelque chose de stable sous ses pieds » à son retour sur la terre ferme. Une chose l’a étonné durant cette traversée : sa capacité à gérer la solitude, après avoir passé plus de temps en mer que jamais auparavant. « Je n’aime pas vraiment être seul sur le bateau, donc passer de longues périodes seul en mer a toujours été un défi pour moi. Après deux ou trois semaines, ça commençait à me peser et je me suis dit que ça allait être difficile de tenir cette solitude sur la durée. »

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« Mais au final, ce n'était pas si mal », ajoute-t-il. « Je ne peux pas dire que j’ai vraiment pris du plaisir, mais j'ai su en tirer le meilleur parti, et cela ne m’a pas paru trop long. Il y avait toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose à anticiper. Je me suis bien préparé mentalement. D’une certaine manière, c'était l’une de mes faiblesses, donc je suis agréablement surpris du résultat. »

 

Ed Gorman