Paul Meilhat : « The Ocean Race Europe est une course que j’adorerais gagner »

Le skipper Paul Meilhat ne cache pas ses ambitions : il affectionne tout particulièrement le format de The Ocean Race Europe et rêve de s’y imposer. À la barre de son IMOCA Biotherm, cinquième du dernier Vendée Globe, il fait partie des sept skippers qui prendront le départ de la deuxième édition de la course, dont le coup d’envoi sera donné dimanche à Kiel, en Allemagne.
Pour Paul Meilhat, ce sprint en cinq étapes autour de l’Europe, avec des escales au Royaume-Uni, au Portugal, en Espagne, en France et en Italie, avant une arrivée prévue mi-septembre dans la baie de Boka, au Monténégro, marque son grand retour à la compétition en IMOCA depuis le Vendée Globe. Et l’envie est palpable.
« Je voulais déjà participer à la première édition en 2021, mais ça ne s’est pas fait et j’en étais frustré, » confie-t-il. « Mais j’adore ce type d’épreuve. » Selon lui, l’intérêt de The Ocean Race Europe tient aussi au fait que la flotte réunit certains des meilleurs IMOCA et marins de course au large au monde.
« C’est une bonne course pour notre équipage », estime Paul Meilhat, qui disputera la première étape vers Portsmouth aux côtés d’Amélie Grassi, du Franco-Australien Jack Bouttell et du Britannique Sam Goodchild. « C’est vrai pour nous, mais aussi pour la plupart des équipes au départ : les courses en IMOCA en équipage attirent aujourd’hui les meilleurs marins, venus de France comme du reste du monde. »
Le skipper croit fermement au potentiel de son bateau, un IMOCA signé Guillaume Verdier et mis à l’eau en 2022, capable de jouer aux avant-postes sur un parcours comportant de nombreux bords de près et des phases de petit temps, notamment en Méditerranée.

« Biotherm est bien taillé pour The Ocean Race Europe : il gère bien les transitions de vent, c’est un de nos points forts, et il marche aussi très bien au près. Nous pouvons donc viser le podium, et si la première place est à portée, nous irons la chercher », affirme-t-il.
La concurrence sera néanmoins relevée, avec Yoann Richomme (Paprec Arkéa), Ambrogio Beccaria (Allagrande Mapei Racing), Rosalin Kuiper (Holcim-PRB), Alan Roura (Team Amaala), Scott Shawyer (Canada Ocean Racing – Be Water Positive) et Boris Herrmann (Team Malizia).
Will Harris : régularité et maîtrise
Pour Will Harris, co-skipper de Team Malizia et l’un des quatre Britanniques engagés sur cette course, cette édition a un parfum de revanche. Il avait pris la troisième place en 2021 à bord d’AkzoNobel en VO65, une classe absente cette année.
Selon lui, la clé du succès sur les 4 500 milles du parcours sera la régularité, sans laisser la motivation fléchir lorsque les choses ne se passent pas comme prévu. « Chaque étape promet de fortes émotions, prévient-il. On peut connaître un départ catastrophique ou un excellent départ, mais en été, en Europe, il y a beaucoup d’éléments imprévisibles. La chance peut tourner dans un sens comme dans l’autre. Il faut garder la tête froide et viser systématiquement les premières places à chaque étape ; c’est la condition pour pouvoir jouer la victoire finale. »
Will Harris disputera la première étape avec Boris Herrmann, l’Américaine Cole Brauer et la Suissesse Justine Mettraux, deux des douze femmes engagées. Si son IMOCA a été conçu pour le gros temps du Grand Sud, l’équipe a appris à le faire marcher vite par petit temps. Son cockpit spacieux est un autre atout : « Nous sommes très manœuvrants grâce à cet espace supplémentaire, qui nous permet d’impliquer tout l’équipage à chaque manœuvre. C’est un avantage, car lorsque le vent se lève, on manœuvre beaucoup plus : il y a énormément de changements de cap sur cette course. »

Une concurrence affûtée
Interrogé sur l’équipage qu’il considère comme une sérieuse menace, Will Harris cite celui de Rosalin Kuiper sur Holcim-PRB. À bord : Nicolas Lunven, Franck Cammas, Alan Roberts et la navigatrice néerlandaise Carolijn Brouwer, spécialiste aguerrie de The Ocean Race.
« C’est une équipe très solide, estime Will Harris.Ils ont de sacrés talents à bord, des marins de très haut niveau. C’est probablement aussi l’équipage le plus entraîné, celui qui a passé le plus de temps à naviguer ensemble et à se préparer pour cette course. »

Les Bonus Gates en arbitres
Paul comme Will estiment que les nouvelles Bonus Scoring Gates, présentes sur les quatre premières étapes et attribuant deux points au premier et un au deuxième à franchir, pourraient peser lourd dans le résultat final d’une compétition annoncée très serrée.
« Sur la première étape, la porte est située à seulement quelques milles du départ, au phare de Kiel, donc ça promet d’être intéressant », souligne Will Harris. « Avec ces portes, il y a beaucoup de points à prendre, donc il faudra attaquer dès le début. »
Une première étape piégeuse
Pour Paul Meilhat, cette première étape de 850 milles ralliant Kiel à Portsmouth s’annonce comme un énorme défi, même si les conditions devraient être modérées à légères, avec des phases de reaching et de près. En cause : la densité des obstacles sur le parcours, des champs d’éoliennes aux zones d’exclusion, en passant par le trafic maritime et les bancs de sable.
« C’est l’étape la plus compliquée de la course, et comme c’est la première, on n’a pas le temps de se préparer », reconnaît-il.
Will Harris abonde dans ce sens. Son équipe a intégré près de 300 waypoints dans son logiciel de navigation pour anticiper tous les pièges. « On verra à la fin si c’est l’étape la plus stressante ou difficile, mais sur le plan de la navigation, c’est clairement la plus complexe à préparer », juge-t-il.
L’Anglais de 31 ans rappelle que la sortie de la mer Baltique est toujours un défi, même si Team Malizia en a déjà l’expérience dans The Ocean Race. Selon lui, cette première étape sera dominée par un régime anticyclonique : « On devrait rencontrer pas mal de près, avec un vent plutôt médium à léger. Au départ, ce sera surtout une question de vitesse pure : probablement du reaching pour sortir de la Baltique, puis du près, avant de repasser au reaching. Dans le détroit de Douvres, je suis sûr que la flotte va se regrouper, et ce sera sans doute du près ou du portant sous empannage dans la Manche. »

Un enjeu pour le Championnat IMOCA Globe Series
The Ocean Race Europe compte cette année pour le championnat IMOCA Globe Series, qui classe les skippers en fonction des résultats obtenus sur l’ensemble des courses de la saison. Épreuve de grade 2, elle attribue 40 points au skipper vainqueur de chaque étape (les équipiers remportant 50 % des points marqués par le skipper). Le total des points accumulés sur les cinq étapes viendra s’ajouter au classement général du championnat.
Après The Ocean Race Europe, le programme se poursuivra avec le Défi Azimut à la mi-septembre, avant la Transat Café L’OR qui ralliera Le Havre à Fort-de-France, ultime rendez-vous de l’année, dont le départ sera donné le 26 octobre.
Ed Gorman (traduit de l'anglais)
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