The Ocean Race Europe : Paul Meilhat revient sur une « bataille incroyable » avec Team Holcim-PRB

Le skipper français et son équipage ont enchaîné une troisième victoire consécutive, remportant chacune des étapes depuis le départ de la course. À Nice, sur les quais, il est revenu sur le duel haletant qui l’a opposé à Team Holcim-PRB, barré par la Néerlandaise Rosalin Kuiper.

Tout au long de cette manche exigeante partie de Carthagène, les deux IMOCA signés Guillaume Verdier se sont disputé les avant-postes. Entre zones de calmes piégeuses, transitions délicates, coups de vent violents et mer formée, la bataille a tenu la flotte en haleine.

Au final, malgré une pression constante, Biotherm a franchi la ligne d’arrivée dans la baie des Anges avec 28 minutes d’avance. Un écart confortable sur le papier, mais qui ne reflète pas la tension de la lutte, comme le souligne Paul Meilhat : « Ces bateaux sont assez proches dans leur philosophie. Nous avons des foils différents mais, quand ça ne vole pas, les vitesses sont très proches… Le fait que les coques soient des Verdier, que ce soient des bateaux légers et bien menés, cela donne des batailles incroyables. C’était vraiment fou : à 2 000 mètres de l’arrivée, nous étions quasiment bord à bord. Ils étaient juste derrière nous, à portée. »

Cette nouvelle victoire a une saveur particulière pour Meilhat et son équipage composé de Sam Goodchild, Amélie Grassi et Benjamin Ferré, tant elle a été disputée. « Honnêtement, nous n’aurions pas été aussi heureux de la victoire sans ce combat avec Holcim-PRB, ça c’est sûr », a ajouté le skipper français.

De son côté, Team Holcim-PRB poursuit un retour remarquable après les lourds dégâts subis lors d’une collision au départ de la première étape. Le co-skipper Nico Lunven n’a pas manqué de saluer son rival : « Il y a un qui commence à nous agacer un peu, à gagner toutes les étapes », plaisantait-il, après que Holcim-PRB a franchi la ligne environ 40 minutes avant Allagrande MAPEI Racing, troisième, mené par l’Italien Ambrogio Beccaria.

Interrogé sur ce qui fait la différence pour Biotherm, Lunven a répondu : « Leur atout supplémentaire, c’est qu’ils sont juste bons, tout simplement. Et puis, même si nos bateaux appartiennent plus ou moins à la même famille, disons des cousins, on voit qu’ils s’en sortent un peu mieux que nous dans les zones de transition. Nous, nous sommes plus à l’aise quand il y a un peu plus de vent. »

Concrètement, Paul Meilhat et son équipage se rapproche bien de la victoire. Avec deux étapes encore à courir, plus une régate inshore finale à Boka Bay, au Monténégro, qui comptera comme une manche supplémentaire, ils disposent d’une avance de 11 points sur Team Holcim-PRB et Paprec Arkéa de Corentin Horeau, désormais à égalité en deuxième place. Meilhat sait qu’il peut se permettre au moins une contre-performance et rester en tête. « On a le droit à un joker », dit-il.

Un élément clé de la course de Biotherm a été sa réussite parfaite aux Bonus Scoring Gates, qui lui ont rapporté six points précieux. Et cela n’a rien d’un hasard. « Quand nous avons parlé de cette course au printemps, nous avions ciblé les portes de points. Nous avions compris qu’il y avait beaucoup à gagner avec ce système et aussi un avantage psychologique, je pense, dès le départ. Nous avons travaillé dur là-dessus – sur les départs, la météo et les choix tactiques aux scoring gates. »

Cette étape exigeante, marquée par des rafales atteignant 70 nœuds pour certains bateaux lors de la traversée du golfe du Lion, a également vu la meilleure performance d’Allagrande MAPEI Racing. L’Italien Ambrogio Beccaria, associé à Thomas Ruyant, Abby Ehler et Morgan Lagravière. « Si nous finissons troisièmes, c’est parce que nous avons vraiment progressé par rapport à avant. Je peux dire que nous avons fait beaucoup moins d’erreurs, nous avons navigué plus propre, et ça se voit. »

Beccaria souligne toutefois une différence avec les leaders dans certaines conditions, conséquence, selon lui, de l’optimisation des bateaux pour cette épreuve. « Au près ou dans le petit temps, les deux bateaux de tête semblent vraiment très à l’aise. Pas seulement à l’aise : très, très rapides. Nous savons qu’ils ont optimisé leurs bateaux pour cette course et uniquement pour celle-ci. Nous, nous avons un programme hauturier derrière, donc nous ne pouvions pas alléger notre bateau de la même façon. »

Avec Canada Ocean Racing – Be Water Positive, mené par le Canadien Scott Shawyer, qui termine en sixième position, devant l’équipage suisse d’Alan Roura (Team Amaala), en septième, les marins disposeront de très peu de temps pour récupérer avant le départ de la quatrième étape, prévu dimanche.

© Lorenzo Sironi