Transat Café L’OR : Charal en tête à l’approche de la Martinique

À un peu plus de 500 milles de l’arrivée, la Transat Café L’OR s’apparente désormais à une véritable démonstration de Jérémie Beyou et Morgan Lagravière à bord de Charal.
Toujours lancé à pleine vitesse dans les alizés en direction de Fort-de-France, Jérémie Beyou, 49 ans, figure incontournable de la Classe IMOCA, semble en passe de décrocher un nouveau succès majeur.
Pour Morgan Lagravière, un succès sur cette 17e édition aurait une saveur particulière : il signerait une troisième victoire consécutive sur la Transat, après celles remportées en 2021 et 2023 aux côtés de Thomas Ruyant.
Ce matin, à l’entame de leur 11e journée en mer, Jérémie Beyou et Lagravière ont encore creusé l’écart. Leur Charal comptait 114 milles d’avance sur Sam Goodchild et Loïs Berrehar (MACIF Santé Prévoyance). En troisième position, Francesca Clapcich et Will Harris (11th Hour Racing) restent au contact, revenus à seulement six milles de la MACIF, dans un duel tendu pour la place de dauphin.
Derrière ce trio, Allagrande MAPEI (+151,5 milles), mené par Ambrogio Beccaria et Thomas Ruyant, occupe la quatrième position. Cinquième, Justine Mettraux — sacrée hier « Marin de l’année » dans la catégorie féminine aux World Sailing Awards de Dun Laoghaire, en Irlande, progresse de concert avec Xavier Macaire à bord de Teamwork–Team SNEF, pointé 155 milles plus loin.
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À bord de MACIF Santé Prévoyance, Sam Goodchild et Loïs Berrehar avaient signé un départ canon, menant la flotte durant les premiers jours avant qu’un hook cassé en tête de mât ne les contraigne à immobiliser le bateau pour réparer. Depuis, le duo a superbement réagi et s’est hissé en deuxième position, sans toutefois parvenir à suivre le rythme effréné imprimé par Charal dans les alizés.
Berrehar raconte une traversée particulièrement engagée : « C’est sportif. On va très vite et la mer est désordonnée. Le bateau saute de vague en vague, ce n’est pas très stable. Rien que vivre à bord devient parfois une mission. Mais on s’accroche et on profite de la vitesse.
On essaie de revenir sur Charal, qui est vraiment très rapide. mais tout va bien : le moral est bon, les alizés sont soutenus et on pousse le bateau au maximum. Il nous reste 630 milles jusqu’à la Martinique… on commence à sentir le rhum ! »
Malgré un IMOCA ultraperformant, celui-là même qui a remporté le dernier Vendée Globe avec Charlie Dalin, sacré hier « Marin de l’année », Goodchild et Berrehar doivent composer avec une réalité implacable : dans les alizés, Charal affiche un tempo irrattrapable.
« Charal est impressionnant, »confie Loïs Berrehar, 32 ans, qui vise le prochain Vendée Globe avec son propre IMOCA. « Ils ont un plan de voiles différent du nôtre, mais aussi une autre philosophie de bateau, une autre carène… tout est différent. Et cela semble très bien fonctionner. »
Derrière MACIF Santé Prévoyance, 11th Hour Racing ne leur laisse aucun répit. Berrehar, qui a navigué sur ce bateau (l’ex-Malizia-Seaexplorer), lors de The Ocean Race Europe, salue sa vitesse dans les alizés : « Nous n’avions pas eu ce type de conditions pendant The Ocean Race Europe. Là, avec des alizés bien établis, je suis vraiment impressionné par ses performances. » Pour préserver leur deuxième place, explique-t-il, « tout se joue désormais sur le placement tactique »jusqu’à l’arrivée.
Trois rangs plus loin, Justine Mettraux et Xavier Macaire (Teamwork-Team SNEF) sont sous la pression directe de Louis Burton et Clément Commagnac (Bureau Vallée), revenus à seulement six milles. La navigatrice suisse reconnaît avoir du mal à suivre le rythme infernal imposé en tête de flotte : « Ce n’est pas simple. Même en poussant fort, on n’arrive pas à tenir les vitesses du top 4. On fait de notre mieux pour rester dans le match et contenir les bateaux derrière nous. »

Elle se félicite néanmoins de sa collaboration avec Xavier Macaire, marin chevronné passé par les Minis, Figaros, Class40 et Ocean Fifty : « Tout fonctionne bien. On pousse le bateau, on échange sur les réglages, la conduite, les routines, la stratégie. Et on veille aussi à ce que chacun récupère dès que possible. »
Dans la catégorie des IMOCA à dérives (cinq bateaux), Nico d’Estais et Simon Koster (Café Joyeux) continuent de mener la danse et pointent à la 11e place du général. Ils possèdent 165 milles d’avance sur Fives Group-Lantana Environnement (Louis Duc et Masa Suzuki), actuellement 13èmes.
De leur côté, Yoann Richomme et Corentin Horeau (Paprec Arkéa), contraints de rebrousser chemin vers Le Havre après avoir heurté une bouée de navigation dans les premières heures de course, poursuivent leur remontée. Ils occupent ce matin la 12e place, à 1 117 milles de Charal, et se trouvent 445 milles au nord-ouest du Cap-Vert.
Ed Gorman (traduit de l'anglais)
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