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Alex Thomson a doublé l’équateur ce mercredi à 14h19 précisément après une descente magistrale de l’Atlantique Nord, défiant fronts et dépression tropicale Thêta sans tergiverser.

Le boss file toujours à l’anglaise et tient tête à la meute depuis le 15 novembre dernier. Il conserve un matelas de 78 milles (140 km) d’avance sur son poursuivant direct Thomas Ruyant (LinkedOut). Un hémisphère sépare désormais la tête de flotte de Jérémie Beyou, reparti hier des Sables d’Olonne en fin d’après-midi.

Un vrai coup de pot ...

Il est passé comme une lettre à la poste dans la Zone de Convergence Intertropicale peu active cette année. HUGO BOSS ne s’est jamais arrêté glissant même à 15 nœuds de moyenne dans ce Pot au Noir que les marins craignent plus que tout. D’aucuns se souviennent de Charal collé trois jours durant lors de la Transat Jacques Vabre 2019 et par la même perdre la victoire au Brésil ! Cependant, avec le Pot, on ne sait jamais, tout peut changer à un nuage près. Jean-Yves Bernot, météorologue, l’explique très bien : « Prévoir où un grain va se développer dans le Pot au Noir, c’est comme prévoir où va s’échapper la première goutte de vapeur de la casserole. » La troupe derrière le Britannique fonce donc dans la gueule du loup en espérant qu’elle ne se referme pas. « Je suis à quelques milles du Pot au Noir. Ça allait vite cette nuit et j’ai l’impression que le Pot ne va pas beaucoup me ralentir non plus. Il ressemble à un simple nuage de convergence entre le flux d’alizés du Sud-Est et le flux d’alizés du Nord-Est. En étant optimiste, je pense que je vais en sortir en quelques heures » espère Sébastien Simon depuis son foiler ARKÉA PAPREC, pleine balle à 20 nœuds de vitesse moyenne ce midi.

Tous dans les alizés

Dans le Sud-Ouest des Canaries, les visages ont le sourire, les voiles se gonflent, les appendices poussent la chansonnette. Enfin du vent ! Armel Tripon, Ari Huusela, Alexia Barrier, Miranda Merron, Clément Giraud et Sébastien Destremau après 3 jours dans le marasme de la dorsale voient leur compteur afficher des vitesses à deux chiffres. Ils glissent enfin dans les alizés, ces vents de Nord-Est portant, parfois instables, mais qui permettent d’allonger la foulée. C’est le cas depuis hier pour Stéphane Le Diraison, Pip Hare, Arnaud Boissières et Manu Cousin dont les étraves pointent vers le Cap-Vert.

Sur les chemins de la résilience

Nicolas Troussel fait route au moteur à petite vitesse (3,5 nœuds) vers Mindelo au Cap-Vert suite à son démâtage survenu lundi matin. Il devrait toucher terre vendredi en même temps que l’arrivée de son équipe technique. Objectif : opération commando afin de rapatrier l’IMOCA CORUM L’Epargne en France. Le Breton aura sans doute besoin de temps pour digérer son abandon.

Pour Fabrice Amedeo (31ème à 1 760 milles de la tête de course) comme pour Jérémie Beyou (32ème à 2 830 milles), le Vendée Globe a désormais un tout autre visage. La compétition n’est plus d’actualité, il faut écrire une nouvelle histoire. Fabrice Amedeo : « Le Vendée Globe est une leçon de vie, il va falloir que j’apprenne à être patient et que les rêves ne se réalisent pas toujours comme escomptés. J’ai dû changer d’objectif, mais ça reste magique de faire un tour du monde sur un bateau comme cela. »Jérémie Beyou confiait aussi à la vacation de 5h ce matin « vouloir faire une sorte d’introspection, faire sa route pour lui-même. » Le Japonais Kojiro Shiraishi, quant à lui, travaille dur pour réparer sa grand-voile. Depuis plusieurs jours, il poursuit sa route sous voile d’avant seule, le pont de son bateau transformé en atelier de couture, collage et découpe. « Je n’ai pas trop le moral, mais je me dis que si je réussis à finir le tour du monde, ce sera une sacrée victoire ! »

VACATIONS DU JOUR

Kojiro Shiraishi, DMG MORI Global One :"Je n’ai pas trop le moral depuis que ma grand-voile est déchirée. J’ai découpé tous les bords endommagés de la voile pour faire des bords propres et ensuite j’ai collé le haut et le bas avec du Sikaflex, mon bateau est une vraie voilerie ! Cela fait trois jours que je répare. La voile est sur le pont et j’ai encore pas mal de travail à faire. Je n’ai pas suffisamment de matériel pour réparer ce gros problème donc j’essaye d’économiser un maximum. C’est comme dans le film "Apollo 13" : on essaye de faire en sorte de trouver les meilleures solutions avec ce qu’on a. Heureusement le bateau n’est pas endommagé donc j’essaye de motiver mon équipe un maximum en leur disant que si on arrive à boucler ce tour du monde, ça sera une énorme victoire !"

Yannick Bestaven, Maître CoQ IV :"Je suis entré dans le Pot au Noir ce matin, j’ai commencé à avoir des nuages autour de la tête, mais j’ai eu du vent jusqu’à maintenant, donc c’est plutôt bien. On va voir aujourd’hui si ça dure. C’est compliqué d’éviter les grains, les vents ne sont jamais comme annoncé sur les fichiers et on a l'impression de ne jamais avoir la bonne voile au bon moment. Je trouve que ma vitesse n’est pas très bonne par rapport aux bateaux qui sont autour de moi, c’est-à-dire Boris (Herrmann), Sam (Davies) et Louis (Burton), mais j’essaye de faire de mon mieux. Si on en croit les prévisions, on devrait le passer facilement le Pot au Noir, mais je n’ai jamais trop confiance dans les fichiers météo pour cette zone."

Damien Seguin, Groupe APICIL :"C’est top, on a eu un lever de soleil magnifique. Il y a une vingtaine de nœuds de vent. J’avance à 16/18 nœuds sur une mer plutôt plate, tout droit vers le Pot au Noir. Je profite de ces conditions de navigation assez exceptionnelles. Les derniers jours m’ont permis de me reposer un peu. J’ai pu faire une première longue sieste, je n’avais volontairement pas mis de réveil, j’ai dormi trois heures. Franchement les derniers jours, c’était du tout droit, je ne me focalisais pas sur les autres, mais on a tous eu la même lecture du passage d’entrée dans le Pot au Noir. Je suis entouré de bateaux à foils qui devraient être loin devant et de quatre bateaux à dérives (Jean, Benjamin, Maxime et Romain). On va se tirer un peu la bourre !"

Fabrice Amedeo, Newrest-Art et Fenêtres :"J’ai envie de terminer et je vais le terminer donc soit je passe ce Vendée Globe à pleurer, soit je me ressaisis et j’essaye de voir le bon côté des choses et c’est ce que je fais. Ça ne se passe pas forcément comme prévu, mais c’est la vie ! Je me fixe l’objectif de revenir sur les vieux bateaux et les dépasser, mais je ne me fixe pas d’échéances. Une fois que j’aurai dépassé ce groupe de bateaux qui est en mode aventure, le paquet suivant est loin donc ça me semble difficile, mais la route est longue. Eric Bellion en 2016 avait fait une mauvaise descente de l’Atlantique et m’avait rattrapé après donc on verra ce qu’il se passera."

Source Vendée Globe