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La skipper franco-allemande Isabelle Joschke voit la nouvelle course Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne comme le parfait échauffement au Vendée Globe et se réjouit de prendre la mer le 4 juillet.

Isabelle Joschke, 43 ans, est basée à Lorient. A la fin de mois de mars, elle remettait son IMOCA rouge, gris et blanc, MACSF, à l’eau. Depuis, la skipper enchaîne les navigations tests et se concentre sur la nouvelle course de préparation au Vendée Globe.

« Je dois admettre que c’est impressionnant de se dire que les conditions seront peut-être difficiles mais c’est une très bonne chose cette course avant le départ du tour du monde. Je l’attends avec impatience, » dit-elle en évoquant cette course de 3500 miles qui amènera la flotte jusqu’à un waypoint placé entre l’Islande et le Groenland.

« Je sais que ça ne sera pas simple quand on sera au Nord, il fera froid, mais je dois vraiment gagner en expérience avant le Vendée Globe et je pense que c’est la course parfaite pour cela, » ajoute-t-elle. 

Isabelle Joschke estime que les conditions en mer et les températures proches de l’Islande seront similaires à ce qu’elle pourra rencontrer dans les mers du Sud et à l’approche du Cap Horn. « C’est donc bien pour moi, dit-elle, je n’aime pas le froid mais je prendrai toutes les affaires nécessaires pour rester au chaud, bien manger et ne pas perdre trop de calories. Ça sera un très bon entraînement. »  

Elle estime qu’elle restera environ 12 à 13 jours en mer, assez pour s’amariner. « Ce n’est pas très long, ça pourrait l’être davantage, mais ça l’est suffisamment pour travailler efficacement sur son rythme de sommeil. Sur une courte course, vous pouvez vous contenter de deux heures de sommeil par jour. Sur celle-ci, cela ne sera pas possible. C’est comme une transat, par conséquent, il faudra prendre soin de soi pour être compétant jusqu’au dernier jour. » 

Le projet d’Isabelle Joschke a subi un grand revers l’année dernière lorsque, accompagnée de Morgan Lagravère, sa Transat Jacques Vabre s’est achevé prématurément en début de parcours après avoir talonné. Cette course devait être un test majeur pour le bateau, anciennement Safran, dans sa nouvelle configuration avec la pose de foils signés VPLP, un nouveau gréement et une nouvelle casquette. En février, la skipper a ensuite navigué pendant vingt jours en solitaire en direction de Madère puis vers l'ouest avant de revenir vers une dépression en Atlantique. Toutefois, elle tient toujours à parcourir le plus de milles possible sur son IMOCA MACSF.


Pour elle, la course arctique est l’occasion d’avoir un niveau de navigation, un niveau d’intensité et sa qualification pour le Vendée Globe. « Je veux savoir jusqu’où je peux pousser le bateau, tout en ayant assez d’énergie pour qu’il puisse tenir une autre semaine, puis une autre et encore une autre car le tour du monde sera très long. »

Ses premières expériences sur ce monocoque lui ont fait comprendre que la vie à bord n’était pas toujours facile. « Je dois admettre que ce n’est pas toujours un plaisir de naviguer sur un foiler. C’était beaucoup plus confortable avant. Mon entrainement de février m’a permis d’apprendre ce à quoi j’allais être confrontée cet hiver. C’est amusant lorsque le bateau va vite mais dès qu’il y a de la mer, et pas forcément des grosses vagues, c’est très désagréable. Lorsque vous êtes sur le bateau, vous devez vous accrochez partout, cela peut-être dangereux. »

Franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe serait déjà pour elle un grand succès pour son projet, qu’elle gère avec Alain Gautier, mais l’ancienne compétitrice de Mini et Classe 40 vise une place dans le top 10.

Le confinement fût difficile à supporter au début puis elle a réalisé que c’était une excellente occasion de rattraper les heures de sommeil perdues et de se reposer. Comme beaucoup de skippers solitaires, elle a l’impression de s’être forcée pendant des années, ce confinement a donc été une opportunité de recharger ses batteries. « Je me suis dit : Ok, maintenant tu dois arrêter. Qu’est ce que tu peux faire ? Qu’elle est ta priorité pour ta préparation du Vendée Globe ? Et la première chose à laquelle j’ai pensé fût le repos. Maintenant que tu peux te reposer et que tu dois le faire, sois contente. »

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En ce qui concerne le Vendée Globe, Isabelle est confiante sur le fait que la course ait bien lieu. Cependant, elle tente d’être flexible afin d’être prête si de nouveaux arrangements devaient être mis en place. Elle voit ça un peu comme les changements de circonstances à bord lors d'une course en solitaire. « Le défi est de pouvoir s'adapter à la situation au fur et à mesure qu'elle évolue. Quelques que jours avant le départ, nous ne saurons peut-être pas avec certitude si nous nous élancerons bien le jour J. L'important est de se tenir prêt et de l'accepter si un événement de dernière minute arrive. »

Isabelle Joschke est aussi connue pour être une fervente militante pour l’égalité homme/femme. Elle est heureuse de faire partie des six femmes qui se préparent à faire le Vendée Globe prochain. Selon elle, il n’y a aucune raison à ce que la flotte ne soit pas entièrement équitable. « Tant que nous n’aurons pas cette équité, nous pourrons toujours nous questionner sur la mentalité de notre société. Naviguer n’est pas une chose consacrée aux hommes, il n’y a pas de question de genre dans ce sport. S’il y a moins de femmes, c’est parce que moins de femmes osent y aller, si c’est le cas, nous devons nous demander pourquoi ? Selon moi, nous avons encore du travail pour changer cette société. » 

Ed Gorman 

Nous souhaitons à Isabelle et MACSF beaucoup de courage et bon vent sur la Vendée-Arctique- Les Sables d’Olonne.