Another dose of R(h)um for Louis Burton

A dix jours du départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, vingt IMOCA sont amarrés à Saint-Malo, dans le bassin Duguay-Trouin. Parmi eux, le Bureau Vallée 2 de Louis Burton, le régional de l’étape...

A dix jours du départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, vingt IMOCA sont amarrés à Saint-Malo, dans le bassin Duguay-Trouin. Parmi eux, le Bureau Vallée 2 de Louis Burton, le régional de l’étape. A 33 ans, le Malouin d’adoption s’apprête à prendre le départ de la Route du Rhum pour la troisième fois, la deuxième en IMOCA. Auparavant outsider, Louis dispose d’une expérience et d’une machine qui lui permettent désormais de se confronter aux leaders. Rencontre.

Louis, comment appréhendes-tu ces 10 derniers jours de préparation « à domicile » ?

« C’est très motivant de voir tous les concurrents de la Route du Rhum venir chez nous, à Saint-Malo. On se sent au milieu de la fête. Le fait de rester tout près de nos locaux constitue un vrai atout au niveau de la logistique. Nous pouvons finir de préparer le bateau facilement, nous avons nos marques. Je vais pouvoir rester chez moi jusqu’au jour du départ. Le contexte est idéal pour se reposer et terminer sereinement ma préparation physique et mentale. »

Le convoyage pour t’amarrer au ponton de la Route du Rhum n’a pas été trop long…

« Effectivement c’était plutôt peinard (rires) ! Nous sommes basés dans le même bassin donc nous n’avons même pas eu à passer une écluse. »

En quoi cette épreuve a une saveur toute particulière pour toi ?

« Ma première participation à la Route du Rhum, en Class40 en 2010, a été le déclencheur d’un changement de vie.C'était ma première transat, ma première course en solo même. Je n’avais pas de sponsor, le projet s’était monté rapidement avec le soutien de mon entourage. J’ai finalement rencontré mon sponsor Bureau Vallée un mois avant le départ, à la dernière minute donc. Le début d’une belle histoire… C’est aussi à ce moment-là que j’ai connu celle qui est depuis devenue ma femme. »

« Je me sens en maîtrise de la machine en solitaire »

LouisBurton BureauVallee2 credit VincentOlivaud 60 1024x683© Vincent Olivaud

Tu navigues sur Bureau Vallée 2 (le bateau vainqueur du dernier Vendée Globe) depuis un an et demi. Quel est ton niveau de préparation ?

« J’ai beaucoup navigué et je me sens maintenant en maîtrise de la machine en solitaire. J’avoue que cela reste encore parfois impressionnant quand le bateau file à pleine vitesse la nuit. Je ne sais pas si on s’y habitue vraiment un jour… Nous avons fait évoluer Bureau Vallée 2 dans le bon sens et il arrive à un niveau de préparation conforme à mes attentes, c’est un excellent bateau. L’idéal aurait été de pouvoir entreprendre le chantier pour pouvoir régler le « rake » des foils (l'angle d'incidence de l'avant vers l'arrière, et inversement). J’ai toujours une petite difficulté à bien faire marcher le bateau au près et ce nouveau réglage serait un vrai plus à cette allure. Mais cette évolution attendra. »

Tu repousses ce chantier pour quelle raison ?

« Notre budget se veut raisonnable et il s’étale sur quatre ans, ce qui nous permet de faire les choses au fur et à mesure. Dès l’hiver prochain, nous ferons les travaux pour disposer du réglage de rake. Puis l’hiver suivant, nous construirons et mettrons en place une nouvelle paire de foils, qui auront probablement plus d’envergure que nos appendices actuels. Ce planning est intéressant car il nous laisse le temps d’observer les nouveaux profils de foils de certains de nos concurrents. Nous allons pouvoir analyser les solutions qui fonctionnent vraiment et faire au moment opportun les bons choix techniques. L’idée étant d’avoir un bateau au top pour le Vendée Globe 2020, et viser une place dans les cinq premiers. »

« J’ai l’intention d’attaquer fort, de m’arracher… »

Tu disposes de trois nouvelles voiles pour la Route du Rhum : une GV, un J2 et un grand spi. Pourquoi ces voiles en particulier ?

« Je naviguais jusqu’à présent avec les voiles qui ont fait le Vendée Globe avec Armel Le Cléac’h. Elles avaient quasiment l’équivalent de deux tours du monde au compteur. Certaines commençaient à vraiment fatiguer, notamment la grand-voile. Le niveau est tellement élevé en IMOCA qu’on ne peut pas se permettre de partir avec des voiles qui ne sont pas au top. C’est un élément clé de la performance, le moteur du bateau. Il était évident de changer la GV. Le J2 est l’une des voiles d’avant les plus utilisées sur un IMOCA. Quant au spi max, c’est aussi une voile très importante sur la Route du Rhum, qui est une course qui se joue beaucoup au portant. L’an prochain, nous renouvèlerons les autres voiles. Puis nous installerons un jeu complet neuf avant le Vendée Globe. »

Le plateau réuni pour la Route du Rhum est exceptionnel. Avec quelles ambitions t’élanceras-tu de Saint-Malo ?

« J’ai terminé 5e il y a quatre ans et j’aimerais faire aussi bien. La concurrence est plus rude cette fois (20 skippers sont au départ, contre neuf il y a quatre ans, NDR) mais j’ai aussi un IMOCA vraiment meilleur. Ce sera ma deuxième transatlantique sur ce bateau, la première en solitaire. J’ai l’intention d’attaquer fort, de m’arracher pour essayer d’arriver à Pointe-à-Pitre en bonne position, et pourquoi pas monter sur le podium.Les 3-4 premiers jours s’annoncent primordiaux. Il sera impératif de sortir dans le groupe de tête, sinon on ne pourra plus recoller. Le début de course va être énorme, il faudra vraiment partir en pleine forme. »