Retour à la course

Lecture Gallimard

Thème risque et sécuritévu parArnaud Boissières

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Pas de place pour le hasard

BOISSIERES ARNAUD   LA MIE CALINE   ARTIPOLE   072© Vincent Curutchet/IMOCA
La sécurité en mer, en solitaire, est un exercice périlleux. Il y a beaucoup de doutes, de peurs et d’angoisses. La préparation n’a rien à voir avec une navigation en équipage. C’est un peu comme se retrouver seul, en forêt, dans la nuit quand on a dix-sept ans. On prend le matériel basique du scout : une boussole, un bonnet en polaire, des chaussures de marche et une lampe de poche… En mer, c’est la même chose. On s’équipe en conséquence, et on va même jusqu’à prévoir son premier repas. C’est un choix important, surtout pour le moral, car cela joue sur le comportement du marin. La première fois que l’on passe une nuit seul en mer, sur son premier bateau de course, c’est un peu comme l’épreuve de philosophie du bac. Pour ma part, c’était à bord d’un Mini 6.50 et il y avait énormément d’angoisses et d’appréhensions au départ.

Lorsque l’on est de retour au port, on se sent plus fort et grandi.

La sécurité liée à la navigation en solitaire est devenue une sorte de rituel, entre superstition et rationalité. La superstition, ce sont tous ces petits signes que l’on surveille, tandis que la rationalité, c’est la gestion du matériel ou encore la prise d’informations. Ça se prépare et ça se réfléchit. On bénéficie maintenant d’excellentes prévisions météo. Plus précises. Chaque point se travaille en amont et doit être pensé en détail. La mer est toujours différente et imprévisible. Il faut parvenir à anticiper tout ce qui peut l’être, et être prêt à réagir face à l’inattendu. L’homme et son équipement doivent être irréprochables face aux éléments. Chaque sujet se peaufine et la blague n’a pas sa place. Comme l’explique Loïck Peyron, notre maître à tous : 

Il faut une main pour le bonhomme et une main pour le bateau.

 

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Laurence CosséTexte suivant