LE CLÉAC'H SMASHES VENDÉE GLOBE RACE RECORD IN SPECTACULAR STYLE

Armel Le Cléac’h a franchi la ligne d’arrivée du 8e Vendée Globe ce jeudi 19 janvier 2017 à 16 heures 37 minutes et 46 secondes, heure française.

Armel Le Cléac’h a franchi la ligne d’arrivée du 8e Vendée Globe ce jeudi 19 janvier 2017 à 16 heures 37 minutes et 46 secondes, heure française. Pour sa 3e participation, le skipper de Banque Populaire VIII, signe une performance remarquable et impose un nouveau temps de référence sur ce tour du monde en solitaire en monocoque : 74 jours 03 heures 35 mn 46 s (soit 3 jours 22h et 41 mn de moins que François Gabart en 2013).

Sa vitesse moyenne sur le parcours théorique de 24 500 milles est de 13,77 nœuds. Armel a en réalité parcouru 27 455 milles sur l’eau à la vitesse moyenne de 15,43 nœuds. Deux fois deuxième sur l’Everest des mers (2008 et 2012), le Breton de 39 ans, natif de Saint-Pol-de-Léon, décroche enfin le graal !

Armel Le Cléac’h, victorieux de la Transat Bakerly entre Plymouth et New York en 2016 sur son IMOCA à foils, atteint enfin son graal en remportant une victoire dans le tour du monde en solitaire, après en avoir été le dauphin de Michel Desjoyeaux en 2008-2009, puis celui de François Gabart en 2012-2013. Depuis le départ le 6 novembre des Sables-d’Olonne, le Finistérien de St Pol de Léon, a dû exprimer toutes ses ressources de double vainqueur de Solitaire en Figaro afin de contenir, jusqu’au finish, les assauts du tenace Britannique Alex Thomson sur Hugo Boss. C’est une fantastique bataille de foilers autour de la planète, que ces deux champions hors normes et leur team préparaient méticuleusement depuis près de deux années, avec la victoire pour seul objectif.

Victoire de la stratégie et de la rigueur pour un marin qui aime le défi

Avant le départ, le skipper de Banque Populaire VIII livrait son sentiment sur sa position de favori « C’est le marin qui fait la différence, le meilleur c’est celui qui fera le moins d’erreurs sur l’eau. On part en pionniers car à ce jour, aucun monocoque 60 pieds n’a fait le tour du monde avec des foils ! Je fais partie des favoris mais je ne suis pas le seul, il y a eu 4 transatlantiques depuis que je navigue à bord de Banque Populaire VIII j’en ai gagné une… » Conformément à sa réputation le « Chacal » n’a rien lâché, mais son poursuivant britannique au puissant bateau noir n'a pas lâché grand-chose non plus, s’affirmant comme son fidèle rival depuis le 7 novembre, lendemain du départ, car dès lors Armel et Alex vont s’échanger la position de leader. « Sur un bateau je passe en mode guerrier et aventurier » assure le navigateur breton au mental d’acier, qui de plus s’est préparé physiquement comme jamais.

Une bataille contrôlée de bout en bout

Dès le départ des Sables d’Olonne, les foilers profitent des conditions toniques pour s’offrir quelques sessions de survitesse à plus de 30 nœuds et les groupes se dessinent au passage du Cap Vert, après les choix de positionnement aux Canaries. Armel Le Cléac’h navigue en tête avec Vincent Riou (PRB) et se laisse même prendre un peu de terrain par ce dernier, le skipper de Banque Populaire a un petit passage à vide mais il reprend les manettes en arrivant au Pot au Noir. C’est pourtant la fusée noire d’Alex Thomson qui domine la descente de l’Atlantique, en effet HUGO BOSS franchit l’équateur 3h avant Armel sur Banque Populaire VIII, améliorant au passage le temps de référence détenu par Jean le Cam depuis 2004 !

Toujours au coude à coude dans l’Atlantique, Armel Le Cléac’h et Vincent Riou mettent du charbon dans leur machine pour aller chercher Alex Thomson, c’est sport, ça va vite mais le marin britannique conserve 133 milles d’avance au large du Brésil. Pourtant le skipper gallois subit un coup du sort, le 19 novembre il annonce avoir perdu son foil tribord après une collision avec un OFNI. Malgré cela, cinq jours plus tard il entre en tête dans l’océan Indien avec 4 h 22 minutes d’avance sur Armel et signe un nouveau temps de référence à Bonne Espérance améliorant le chrono de François Gabart en 2012.

Alors qu’ils naviguent très proches aux Kerguelen, les leaders ont la bonne surprise de pouvoir échanger quelques mots avec les passagers d’un hélicoptère de la Marine Nationale venus les filmer. Le 3 décembre Armel Le Cléac’h envoie un message à terre « Aujourd’hui est un jour particulier c’est l’anniversaire de mon fils Edgar, il a 6 ans » Mais surtout, ce 3 décembre, le Chacal s’installe aux commandes de l’épreuve et y restera pendant 47 jours, soit jusqu’à la ligne d’arrivée.

Au Cap Leeuwin après 28 jours et 20 heures de course, Alex Thomson est toujours en embuscade plus ou moins 100 milles dans le tableau arrière d’Armel Le Cléac'h, le skipper de Banque Populaire VIII qui à son tour améliore de plus de 5 jours et 14 heures le temps de François Gabart en 2012. Après un Pacifique très habilement négocié par le leader, ce sont 819 milles et 48 heures qui séparent Armel de son tenace poursuivant, à l’approche du Cap Horn.  Après les abandons des rivaux annoncés comme les plus dangereux, Vincent Riou et Sébastien Josse notamment, la remontée de l’Atlantique s’annonce plus que jamais comme du match-racing. « J’ai sorti le champagne pour mon troisième passage du cap Horn en IMOCA et il était bien frais !» claironne fièrement Armel Le Cléac’h.

Les incertitudes de la remontée vers les Sables

Le jeu de l’élastique qui se tend et se détend au fil des aléas météo, met les nerfs très solides du skipper de Banque Populaire à rude épreuve car l’avion de chasse Alex Thomson ne lâche pas un gramme de pression. « 58 jours de course, je ne vous cache pas qu’il y a de la fatigue physique et mentale. Les manœuvres deviennent plus difficiles, la bataille sur l’eau avec Alex est toujours au rendez-vous, c’est donc la pression jusqu’au bout. Depuis mon passage au cap Horn, on ne peut pas dire que cette remontée de l’Atlantique soit en ma faveur. Après avoir perdu une partie de mon avance dans l’Atlantique sud, voilà que le Pot au noir est également favorable à Alex Thomson. Mais j’ai toujours une centaine de milles d’avance, et l’important est d’être devant aux Sables » se plaint Armel.

Comme pour en rajouter une couche sur les nerfs du leader, le 16 janvier Alex Thomson fait tomber le record de distance en 24h en couvrant 536,81 milles à la moyenne de 22,36 nœuds ! Mais le métronome Armel ne se laisse pas impressionner et, bien qu’à la latitude des Sables d’Olonne, il est encore contraint d’éviter par le nord une bulle sans vent, avant de pouvoir se faire propulser sur la ligne d’arrivée. Son redoutable poursuivant le skipper d’Hugo Boss toujours sur ses talons, Armel Le Cléac’h terminera son Vendée Globe tel un figariste, avec des nuits sans sommeil pour garder le contrôle, cela sera le prix de la victoire. Armel Le Cléac’h aura quarante ans le 11 mai prochain, à la veille de la remise des prix du huitième Vendée Globe. Il y recevra le plus beau des cadeaux d’anniversaire, ce trophée qu’il convoite depuis dix ans !

 

Les premiers mots du vainqueur :

« Ca va mais je suis fatigué parce que les derniers jours n’ont pas été de tout repos et qu’il fait très froid depuis ce matin…La pression commence à redescendre depuis quelques heures et ça fait du bien ! »

« Je réalise que j’ai fait quelque chose d’énorme…ma remontée du chenal c’est sûr que ça sera très différent d’il y a quatre ans ! Je sais qu’il y aura énormément d’émotion et je vais partager ce moment avec toute mon équipe »

« C’est mon troisième Vendée Globe, c’est celui-là que je voulais absolument aller chercher… Alex Thomson a été un adversaire redoutable »

« Dans le pacifique j’étais en phase avec la météo, je me sentais très bien. J’ai un hook de drisse qui a cassé et cela m’a empêché d’utiliser une voile dans le pacifique, après j’ai eu un peu peur que les autres hooks cassent aussi »

« Je pensais avoir fait le trou au Cap Horn mais tout a été contre moi, l’anticyclone dans l’Atlantique sud qui m’a barré la route, après le Pot au noir m’a été défavorable, ensuite dans la zone de transition de la dépression au large des Canaries c’était le bordel, à chaque fois tout était pour lui et rien pour moi, nerveusement c’était dur à vivre parce qu’il revenait à chaque fois ! Je n’avais pas le choix et je m’immisçais vraiment dans les éléments. En ayant passé le cap Horn avec 800 milles d’avance, je ne pensais pas avoir ce scénario pendant un mois, ni cette pression jusqu’au bout. »