200704 ES VALS 0546

Le trio infernal Beyou/Ruyant/Dalin s’est reformé au petit matin et ouvre la voie, pleine balle, en direction de la marque Gallimard. La régate est très intense dans chacun des groupes qui ont entamé une course de vitesse vers ce dernier point de passage. Sauf pour Isabelle Joschke victime d’une avarie ce matin.

Aux premières lueurs de ce 7e jour de course, Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) ont reformé leur ménage à trois et mènent une valse endiablée, ajustant leurs pas au rythme des changements de régimes météo. Une chorégraphie parfaitement huilée faite de réduction de voilure, de matossage et de changement d’amûre qu’il a fallu exécuter en l’espace de quelques heures à peine. Vers midi, le trio avait viré après le passage d’un petit front et fait désormais route vers la marque Gallimard, cap au sud-est, à 15/20 nœuds de moyenne. « Ça va vite, ça navigue propre entre nous depuis le départ. Il ne faut pas faire d’erreur »commentait brièvement Jérémie cet après-midi, difficilement audible tant le vacarme à bord du bateau noir était assourdissant. 

 Un long bord de vitesse vers la marque Gallimard

Le skipper de Charal était le premier à pousser la barre ce midi et débutait en tête ce long bord tribord de presque 500 milles, où l’intensité de l’air semble très instable. Quelques minutes à peine après le changement de cap de Charal, Apivia et LinkedOut lui emboîtaient le pas, alignant leur sillage vers le même objectif : la gagne. 

En début d’après-midi, PRB et Initiatives-Cœur suivaient le mouvement. Puis, c’était au tour de SeaExplorer-Yacht Club de Monaco et Maître CoQ IV. Aujourd’hui, à l’exception des quatre bateaux qui ferment la marche, plus à l’est, tout le monde est soumis au même régime : passage de front, virement et un nouveau bord de reaching adonnant vers la dernière marque de parcours de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne que les premiers devraient virer dans la nuit du 12 au 13 juillet.

 Dans chacun des groupes qui se sont formés au fil de la course, la régate est intense. « Tout le monde est à fond et tire sur le bateau, bien plus que d’habitude » confiait Kevin Escoffier (PRB) cet après-midi. « On navigue vraiment à l’attaque. Ça donne des duels de vitesse très intéressants. Mais il est difficile pour nous de rivaliser avec les Formule 1 de devant. Ils ont un autre turbo que le nôtre. » Quoique… en cette fin d’après-midi, le peloton des poursuivants, positionné sous le vent des leaders, s’avérait bien plus rapide !

Isabelle Joschke privée de grand-voile

Ce matin, lorsque son chariot de têtière de grand-voile a rendu l’âme, Boris Herrmann a dû mettre son instinct d’attaquant entre parenthèses. Pendant plusieurs heures, Seaexplorer – Yacht Club de Monaco s’est retrouvé sous voilure réduite et à petite vitesse. Mais le skipper allemand a réussi à rétablir sa grand-voile au deuxième ris. En fin de journée, il était de nouveau dans le match. 

Pour Isabelle Joschke, c’est plus sérieux. « Je suis toujours en course, ma déception est immense, mais je suis là pour l’expérience » déplorait-elle, émue, dans une vidéo envoyée en début d’après midi. Ce matin vers 9h00, la bôme de MACSF s’est brisée en deux, sans raison apparente. Pour le moment, la grand-voile est affalée sur le pont et la navigatrice franco-allemande progresse sous petite voile d’avant.  Il va y avoir du travail à bord : désolidariser la bôme de la grand-voile. Ensuite, « il y a la possibilité de renvoyer deux ris sans utiliser la bôme », explique son team manager Alain Gautier. Isabelle Joschke n’a pas l’intention de jeter l’éponge : elle doit terminer la course pour se qualifier au Vendée Globe.

 23%

Jusqu’à présent, « Isa » avait offert une très belle prestation à bord de son plan VPLP à foils de 2007, et joué régulièrement dans le top 6. Dans cet exercice exigeant de préparation au Vendée Globe, les quatre navigatrices en route vers les Sables d’Olonne sont en train de marquer les esprits. Elles représentent 23% de la flotte et elles sont sacrément dans le coup. À commencer par Samantha Davies (Initiatives-Cœur), qui démontre aujourd’hui toute son expérience et tout son savoir-faire en solitaire sur ce type de bateau, en jouant parmi les meilleurs. Clarisse Crémer (Banque Populaire X), elle, est en train de passer brillamment son baptême du feu. Enfin, Miranda Merron tient la cadence, en bon marin, à bord de Campagne de France, un des monocoques les plus âgés de la flotte.

Il est rare, en sport, de  retrouver des athlètes des deux sexes rivaliser sur une même ligne de départ et pour un même classement. Mais c’est le cas en course au large où filles et garçons sont mis sur un pied d’égalité. La promo féminine du tour du monde en solitaire s’annonce brillante…



RETROUVEZ TOUTES LES VIDÉOS