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Charlie Enright, co-skipper de 11th Hour Racing, affirme que le nouveau calendrier de The Ocean Race - dont le départ de la prochaine édition a été repoussé à octobre 2022 - donne à son équipe et aux concurrents de la flotte IMOCA plus de temps pour faire de meilleurs choix sur tous les aspects de leur campagne.

Charlie Enright s'est confié à IMOCA.org la semaine dernière, à la veille de son départ de Concarneau pour Newport Rhode Island. Le skipper mène actuellement un équipage de six personnes à bord du foiler - conçu par VPLP - que le team américain a racheté l’an dernier à l’écurie d’Alex Thomson.

L'équipe avait hâte de reprendre la mer après l'interruption due à la pandémie du Covid-19 et entendait donc mettre à profit cette transatlantique pour tester un nouveau design de foil, qualifié de radical, développé en partenariat avec Mer Concept, l’écurie de François Gabart et Charlie Dalin.

Une réelle opportunité

Suite à l’annonce du report d’un an de The Ocean Race et en tant que team officiellement engagé sur la course, Charlie Enright avec son associé Mark Towill ont dû repenser leur programme avec ce nouveau timing et les deux hommes y voient de réelles opportunités.

"Certains engagements ont été pris, d'autres ont été reportés depuis," déclare Charlie, 36 ans. "La préparation de cette campagne a toujours été un équilibre entre la nécessité de s'entraîner suffisamment et celle de s'assurer que l'on dispose des meilleures technologies au moment du départ de la course."

"Ce report d'un an est donc une bénédiction car nous avons plus de jours de navigation et nos choix peuvent ainsi être mieux calculés et plus méthodiques."

En même temps, l'Américain estime que les organisateurs de The Ocean Race prennent des décisions importantes afin de rendre l'événement plus attrayant pour les équipes IMOCA. "Ils comprennent la nécessité de faire évoluer les règles vers celles de la flotte IMOCA existante afin d'obtenir plus de participants, ce qui est un bon signe,"confie-t-il.

Il ajoute : "Si The Ocean Race réexamine certains des paramètres de la course pour accueillir la flotte IMOCA alors je pense que, si ces changements sont effectués, il est important que les membres de la Classe se mobilisent et participent."

Le skipper a couru la Volvo Ocean Race à deux reprises et terminé quatrième de la Transat Jacques Vabre l'année dernière aux côtés de Pascal Bidégorry. Il fait également remarquer que l'année supplémentaire offre aux équipes plus de temps pour engager les partenaires. Il pense qu'il y a d'autres équipes dans la flotte avec des sponsors qui - comme 11th Hour Racing Team - peuvent bénéficier de la plateforme internationale qu'offre la course.

Il estime que "au moins 80% des équipes IMOCA existantes sont sponsorisées par des entités ayant des intérêts en dehors de la France et de l'Europe."

Un nouveau foil racidal

Les marins de 11th Hour Racing se sont entraînés en configuration d'équipage complet et s’efforcent de pousser le bateau dans ses retranchements - comme le dit Charlie : "en chassant le moindre gramme". Ils ont également développé des méthodes de travail à bord qui rendent l'expérience "vivable" dans un environnement très instable, bruyant, humide et exigu.

"Oui, nous avons fait quelques progrès dans ce domaine,"  explique-t-il. "Nous avons investigué durant l'hiver afin de rendre la vie un peu plus confortable en ce qui concerne les couchettes, l’espace à l’intérieur, la cuisine, les équipements, etc. Je mentirais si je disais qu'il n'y avait pas un peu trop de monde à bord mais, en même temps, la Transat Jacques Vabre en double a été pour moi un véritable coup de fouet et c'est bien d'avoir des mains supplémentaires."

Selon Charlie, le nouveau foil en T que teste son team - une conception qu'il décrit comme étant "assez originale" - est un exemple de la façon dont l'équipe a pu pousser les choses grâce au temps supplémentaire dont elle dispose et ainsi se concentrer sur le développement, en utilisant l'ancien HUGO BOSS comme plateforme.

Avec le temps que nous avions, le brief pour le nouveau foil était de "faire quelque chose que ne pouvait peut-être pas faire une équipe qui avait le Vendée Globe dans quelques mois. Ce ne sera probablement pas notre foil de course", ajoute-t-il. "En revanche, nous allons pouvoir ainsi prendre du recul et ce design pourrait bien devenir la première marche d'un escalier mais nous n'en sommes pas encore tout à fait sûrs."

Mark Towill et Charlie Enright affirment que leur collaboration avec Mer Concept se déroule très bien et constitue un bon exemple de la façon dont les cultures de la voile américaine et française peuvent travailler ensemble. "Nous avons toujours dit que le succès de notre campagne consistera à trouver le bon équilibre entre la culture de la course au large française et l’approche anglo-saxonne, en les faisant travailler en symbiose et de manière efficace. Nous pensons y arriver jusqu’ici,"  poursuit Charlie.

Une fois que le bateau aura rallié Newport - où l'équipage fera une arrivée dans le respect des mesures sanitaires requises - il y restera au moins jusqu'à la fin octobre. Le programme outre-atlantique comprend des essais en mer, des entrainements et des opérations liées à la mission centrale de l'équipe sur la durabilité et la santé des océans.

Le plan pour plus tard en automne doit encore être finalisé. "Nous verrons à quoi le monde ressemblera alors et nous partirons de là,"  résume le skipper dont l’équipe souhaite participer en juin 2021 à The Ocean Race Europe (un tour d’Europe en équipage avec escales en préparation de The Ocean Race).

Pour l’heure, sur l’Atlantique, Charlie Enright est entouré d’un équipage international et mixte composé de Justin Shaffer (USA), Emily Nagel (Bermudes), Simon Fisher (UK), Kyle Langford (AUS) et le reporter embarqué Amory Ross (USA).

Ed Gorman