Leaders' Heartbreak

Au 15e jour de course, la journée est marquée par le démâtage d’Hugo Boss, dont l’espar est tombé à l’eau la veille au soir, alors qu’il progressait dans des conditions plutôt modérées au large des côtes brésiliennes. Cette avarie, vécue comme une onde de choc par l’ensemble de la flotte, écarte brutalement le solide leader de la course qui ne faisait pas mentir son rôle de favori depuis le départ. En tête, trois bateaux poursuivent plein sud pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Un système dont les évolutions et les soubresauts n’ont pas fini de maintenir le suspense sur la route qui mène aux mers australes.

C’est à 21h02 TU, hier soir, qu’Hugo Boss a perdu son mât. Lors d’un court contact avec la BBC dans la matinée,  Alex Thomson a expliqué qu’il se trouvait sur le pont, manoeuvrant sur la plage avant, quand le gréement est tombé dans l’eau suite à la rupture de l’emmagasineur de génois. Le skipper britannique raconte avoir vu la voile s’envoler et le pire arriver sans pouvoir rien faire. Pepe Ribes se trouvait alors au pied de mât. Les deux hommes du bord vont bien, même s’ils ne cachent pas être anéantis par cette avarie majeure qui les oblige à déserter les chemins de la course. En contact avec leur équipe, ils se sont alors déroutés vers Salvador de Bahia. Le duo progresse actuellement au moteur, plein ouest et plein vent arrière, à 6 nœuds de moyenne. Il espère rallier le port brésilien dans les trois prochains jours.

En duel à Sainte-Hélène

Ce démâtage prive le groupe de tête de son fidèle animateur d’une régularité exemplaire en première ligne du classement. L’ensemble des autres skippers a manifesté sa sincère déception mâtinée de désarroi, de voir celui qui ouvrait la route rebrousser chemin. Dans un message, Nandor Fa, skipper de Spirit of Hungary, se dit très affecté par cet événement qui rappelle combien les marins doivent faire preuve d’humilité dans des contrées océaniques où ils sont à peine tolérés. Refroidis par cet événement qui cueille la flotte en pleine descente vers les Quarantièmes, les poursuivants d’Hugo Boss mesurent tous l’envergure de cette course planétaire, qui au-delà des avaries mécaniques, reste un challenge extrême.

Pointés en tête, alors qu’ils progressaient en embuscade à quelques dizaines de milles dans l’ouest d’Hugo Boss, l’équipage de Cheminées Poujoulat tient bon la barre et redouble de vigilance. Engagés dans une régate acharnée avec  Neutrogena, Bernard Stamm et Jean Le Cam ne cachent pas que les prochaines heures, qui les emmèneront flirter sous les zones de calmes de l’anticyclone de Sainte-Hélène, sont sujettes à quelques sueurs froides. Elles diront qui de ces deux équipages, suivis de près par GAES Centros Auditivos aura l’honneur de prendre réellement les commandes de la flotte en direction du cap Bonne Espérance.

Ne pas perdre le Sud !

Plus au nord, le gros des troupes entame aussi le contournement des hautes pressions de l’Atlantique Sud, qui donnent le la dans la conquête du sud. Renault Captur occupe toujours sa position en milieu de flotte. De leur côté, We are Water et One Planet, One Ocean & Pharmaton continuent leur progression de conserve à une cinquantaine de milles l’un de l’autre. Ils concèdent plus de deux jours d’écart avec les premiers sur lesquels ils calent leur trajectoire. Enfin, à 200 milles de l’équateur, l’équipage de Spirit of Hungary peut se réjouir de bientôt basculer dans les eaux de l’Atlantique Sud pour en découdre avec ce redoutable anticyclone de Sainte-Hélène. Après les offrandes à Neptune, il sera temps, demain, d’amadouer ce vaste système pour qu’il les autorise à attraper, dans les meilleurs délais, les vents du sud dans leurs voiles

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