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Le départ de The Ocean Race Europe a été donné aujourd'hui de Lorient dans des conditions de vent très légères. Les fans de voile ont pu voir, pour la toute première fois, des IMOCA et des VO65 courir côte à côte…Cap vers Cascaïs !

Ce départ est un moment historique pour la Classe IMOCA. En effet, il marque le début de cette nouvelle ère des courses en équipage dans le cadre du partenariat avec The Ocean Race. Cette première épreuve autour de l’Europe est un galop d’essai avant le tour du monde qui s’élancera, lui, d’Alicante, à l’automne 2022.

Bien sûr, il aurait été excitant de voir les IMOCA montrer ce dont ils sont capables dans la brise, mais les dieux de la météo en ont décidé autrement et les 12 bateaux (7 VO65 et 5 IMOCA) se sont élancés à toute petite vitesse, sous un ciel légèrement couvert.

Dans les premières minutes de course, alors que les skippers composaient au près, avec un léger flux de sud-est, ce sont les VO65, avec leurs dérives et non leurs foils, qui ont pris les devants, les IMOCA attendant leur tour. Mais tout pourrait changer une fois que les équipages seront bien au large et que la brise commencera à souffler du nord, nord-est.

Dans la flotte IMOCA, le leader après 45 minutes de course était Robert Stanjek et son équipage international à bord d’Offshore Team Germany, le seul des cinq IMOCA engagés dans la course sans foils.

Il était suivi de Charlie Enright, à bord de 11th Hour Racing Team - l'ancien Hugo Boss du Vendée Globe 2016-17 optimisé depuis bientôt trois ans par le team américain - puis de Thomas Ruyant sur LinkedOut dont l'équipage comprend, entre autres, la rivale de Thomas sur le Vendée Globe et nouvelle détentrice du record féminin du tour du monde en solitaire, Clarisse Crémer.

Après LinkedOut, c'était Bureau Vallee 3 que nous apercevons pour la première fois. En effet, Louis Burton vient d'acquérir le plan Sam Manuard avec son étrave ronde, dite ‘scow’, qu'il entend mener à la victoire sur Vendée Globe 2024-25. CORUM L'Epargne, skippé par Nicolas Troussel, fermait alors la flotte IMOCA avant de remonter en tête au cours de l’après-midi.

L'étape vers Cascais sera d'abord dominée par le passage au Cap Finisterre d'où la flotte devrait se diriger vers le large jusqu'à une marque de virage virtuelle située à plusieurs centaines de milles dans l'ouest du Portugal, que les équipages contourneront pour filer ensuite cap au sud-est en direction de Cascais.

Cette première phase de course va passionner les marins et les fans mais aussi les designers qui s'intéresseront de près aux performances des IMOCA lorsqu’ils sont poussés, en équipage, 24 heures sur 24.

Parmi les experts de l'IMOCA au départ, nous retrouvons Pascal Bidégorry, à bord de 11th Hour Racing Team ; un bateau qui est équipé de nouveaux foils pour la course. Se confiant au ponton ce matin, peu avant de larguer les amarres, le Basque déclarait qu'il se réjouissait de cette nouvelle aventure dans le monde de l'IMOCA.

"C’est un beau challenge pour nous face à des bateaux de dernière génération", expliquait-il. "Mais nous avons un bateau plein de qualités et nous allons défendre nos atouts. Je suis le seul Français de l'équipage, ce qui est sympa ! Mon rôle est plutôt de m'occuper de tous les aspects de la performance en prévision du nouveau bateau et d'apprendre à utiliser vite ce bateau au mieux, avec ses nouveaux foils."

Benjamin Dutreux court, lui, à bord d'Offshore Team Germany et est de retour sur l'eau pour la première fois depuis le Vendée Globe. "C'est un peu difficile de dire si on a récupéré physiquement ou mentalement ",a-t-il déclaré à propos du tour du monde qu'il a terminé en 9e position à bord d'OMIA-Water Family. "Je pense que c'est important de retourner sur l'eau. Mentalement, je n'arrive toujours pas à saisir ce que j'ai accompli, mais je veux continuer à courir."

"Je suis vraiment heureux",, a-t-il ajouté. "Nous avons une excellente équipe, issue de différents milieux. Nous avons un mélange de personnes venant d'Angleterre et d'Allemagne - nous apportons tous nos propres talents à la table pour nous aider mutuellement à progresser."

Clarisse Crémer a hâte de retrouver une atmosphère plus détendue après le solitaire. "Je pense que je ne suis pas encore à 100% de ma forme après le Vendée Globe qui était physiquement et mentalement éprouvant mais je suis suffisamment en forme pour relever un tel défi !"

"L'équipage est quelque chose de nouveau pour moi car j'ai surtout fait de la voile en solitaire et en double, mais c'est agréable de le découvrir : cela permet d'échanger des idées et d'apprendre beaucoup des autres marins car chacun a sa spécialité."

Louis Burton est, quant à lui, l'un des plus grands partisans du passage aux courses en équipage en IMOCA et il était déterminé à prendre le départ de cette course, bien qu'il soit pressé par le temps pour régler son nouveau bateau. Bureau Vallée 3 est d’ailleurs arrivé sur zone 30 minutes seulement avant le coup d’envoi !

"Il était important pour nous d'être au départ de la course",a-t-il déclaré. "Nous avons toujours été très favorables à ce que les IMOCA participent au tour du monde en équipage, donc nous espérons que davantage d’IMOCA seront présents lors des prochaines éditions. Mais c'est déjà une belle flotte cette année".

Au fur et à mesure que les marins s'installeront et trouveront leur rythme, ils verront les conditions de mer et de vent s'intensifier progressivement. Le premier défi pour tous les équipages sera d'essayer de s'installer dans un système de quarts et de permettre à ceux qui ne sont pas de quart de se reposer. La manière dont les équipes géreront cet aspect de la course sera probablement un facteur clé de la réussite.

Ed Gorman / IMOCA