ROURA Alan   La Fabrique   IMOCA    Christophe Breschi 8

Douzième de l’édition 2016-2017 à bord de l’un des plus anciens IMOCA de la flotte, le marin suisse navigue depuis avec un foiler lui permettant d’accroître ses compétences dans tous les domaines de la performance...

La deuxième campagne d’Alan Roura pour le Vendée Globe est marquée par une nette montée en puissance. Douzième de l’édition 2016-2017 à bord de l’un des plus anciens IMOCA de la flotte, le marin suisse navigue depuis avec un foiler lui permettant d’accroître ses compétences dans tous les domaines de la performance. Après sa 7e place dans la Route du Rhum 2018, Alan a choisi un coéquipier de grande qualité, Sébastien Audigane, pour cette saison 2019 axée sur la navigation en double. Une collaboration dont le skipper de La Fabrique attend beaucoup…

Un chantier d’hiver au printemps, ce n’est pas courant ! C’est pourtant la démarche entreprise par Alan Roura et son team, qui ont ainsi inversé le timing par rapport à leurs camarades de la classe IMOCA. Mardi 19 mars, La Fabrique a été sorti de l’eau pour passer deux mois et demi au sec à Lorient. « Depuis l’arrivée de la Route du Rhum (le 19 novembre), on n’a fait que naviguer, le bateau a bouffé du mille ! », se réjouit Alan. « Nous l’avons d’abord convoyé depuis la Guadeloupe avec ma petite équipe. Le Rhum a été le premier grand test au large avec les foils et pourtant mon IMOCA est arrivé à Lorient en très bon état. Nous avons ensuite pu profiter des conditions hivernales et musclées en Bretagne pour le tester, le pousser à fond, faire des essais. On ne regrette pas du tout ce choix de calendrier ! »

« Sortir La Fabrique dans sa version Vendée Globe »

Visiblement emballé par ses instructives navigations hivernales, Alan Roura ne souhaite pas trop dévoiler les travaux actuellement entrepris sur La Fabrique, si ce n’est que les ballasts sont modifiés et le plan de voilure optimisé. « On fait plein de choses secrètes ! », sourit Alan. « Les changements ne seront pas forcément visibles à l’œil nu mais ils rendront le bateau encore plus performant. On n’a jamais fini de préparer une telle machine, mais à l’issue de ce chantier, nous aurons atteint 100 % des modifications que nous souhaitions effectuer sur cet IMOCA. La remise à l’eau est prévue le 3 juin. L’objectif est de sortir La Fabrique dans sa version Vendée Globe. »

L’an passé, un long chantier de cinq mois et demi a permis d’installer des foils sur ce plan Finot-Conq de 2007 (l'ancien BritAir avec lequel Armel Le Cléac'h avait terminé deuxième du Vendée Globe 2008). « L’évolution a été incroyable, ce n’est plus le même bateau », explique Alan. « Il y a un vrai gain en performance et en stabilité. Nous avions acheté cet IMOCA dans l’optique de l’équiper de foils pourprétendre jouer les jolies places. » Très satisfait du comportement de son bateau, Alan ne prévoit pas de changer de foils. « De toute façon, cela coûterait une fortune. Nous avons un budget fixe alors nous faisons en conséquence », dit-il.


« Ravi et honoré de naviguer avec Sébastien Audigane »

Conséquence de son chantier tardif, Alan Roura n'a pu participer à la Bermudes 1000 Race (départ le 8 mai). Le marin suisse mise donc tout sur le double, d’où l’importance de s’entourer du bon co-skipper. Le choix s’est naturellement porté sur un navigateur de 25 ans son aîné, à l’expérience hors norme, Sébastien Audigane. Double détenteur du Trophée Jules Verne et du record de l’Atlantique Nord, Audigane a passé six fois le cap Horn – entre autres exploits. Son expérience en IMOCA est significative avec notamment deux participations à la Barcelona World Race (le tour du monde en double) et une 9e place dans la Transat Jacques Vabre 2007 avec Yann Eliès. « Mon objectif est de me perfectionner en vue du Vendée Globe et Sébastien cherche àtransmettre ses connaissances, ça colle bien ! », souligne Alan Roura. « Seb connaît le bateau (il a terminé 6e de la Barcelona World Race 2014-2015 à son bord avec Jörg Riechers) et une partie de l’équipe. J’apprécie ses qualités humaines, son calme, sa bienveillance. Nous sommes sur la même longueur d’onde, nous avons la même manière de naviguer, à l’écoute du bateau. D’un point de vue sportif, j’ai énormément de choses à apprendre de lui. Il n’a pas seulement l’expérience de l’IMOCA mais une vision globale d’un bateau de course au large.Je suis ravi et honoré de naviguer avec un tel marin, très pédagogue. Je vais profiter un maximum de sa présence à mes côtés. »

Alan et Sébastien participeront à la Rolex Fastnet Race, au Défi Azimut et à la Transat Jacques Vabre, l’objectif majeur de cette saison. « Nous viserons le Top 10 sur cette course. Pas simple car le plateau sera de grande qualité avec notamment l’arrivée de  quelques bateaux neufs, et d’autres qui auront été bien modifiés », analyse Alan. « Nous aimerions être le premier bateau de la génération du Vendée Globe 2008 à l’arrivée. La Fabrique a aussi le potentiel pour accrocher des IMOCA plus récents. »  

« Attention à ne pas se mettre dans le rouge en 2020 ! »

Tout ira très vite à l’issue de la Transat Jacques Vabre. L’année 2020 s’annonce intense avec en apothéose le départ du Vendée Globe, le 8 novembre. « Le calendrier est très complet avec deux transats en solo rapprochées, The Transat et la New York-Vendée », confirme Alan Roura. « Nous parcourrons 10 à 15 000 milles avant le Vendée Globe. Il faudra faire attentionà ne pas trop brusquer le bateau avant le tour du monde, à ne pas se mettre dans le rouge. » 

The Ocean Race dans un coin de la tête...

Difficile de se projeter dans l’après Vendée Globe tant cette échéance est énorme. Alan garde tout de même dans un coin de sa tête la possibilité de lancer un projet pour The Ocean Race, le tour du monde en équipage avec escales qui débutera en octobre 2021. « Ce n’est pas notre priorité actuellement mais l’idée est tentante, bien sûr » confie-t-il.