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Des vents à plus de 60 nœuds et surtout une mer énorme avec des vagues de dix mètres, voire douze : les deux dépressions qui vont balayer le golfe de Gascogne ce week-end ne sont absolument pas praticables.

En accord avec son partenaire L’Occitane en Provence et le directeur de course du Vendée Globe Jacques Caraës, Armel Tripon fait le choix logique de laisser passer ces deux tempêtes. Ramener l’homme et le bateau à bon port, c’est évidemment la priorité.

Cette fois, ça ne passe pas. Armel Tripon ne peut pas raisonnablement risquer d’aller affronter les deux plus grosses tempêtes de ce Vendée Globe : des vents de 60 nœuds et des vagues hautes de dix à douze mètres sont annoncés ce week-end ! Le skipper de L’Occitane en Provence a donc pris sa décision : il ralentit et va patienter le temps qu’il faudra pour laisser passer le plus dur du très mauvais temps. Probablement 48 à 72 heures. Il n’y a pas vraiment le choix : la sécurité d’abord.
 
« Je suis obligé de patienter jusqu’à lundi, ce n’est pas praticable »

Nous l’avons joint ce jeudi midi au téléphone. Armel Tripon explique : « La mer va être très, très forte dès vendredi soir dans le golfe de Gascogne avec une première puis une deuxième dépression. Il y aura des creux de plus de dix mètres ! Je ne peux pas passer devant comme j’espérais initialement. Je suis obligé de patienter au moins jusqu’à lundi, ce n’est clairement pas praticable. Ce serait irresponsable. La priorité c’est de finir ce tour du monde, de ramener le bateau. La course passe évidemment au second plan dans ce genre de cas. C’est fou de me dire que c’est à la toute fin du tour du monde que je rencontre la mer la plus grosse, la dépression la plus creuse ! Mais c’est souvent le cas à cette époque dans le golfe de Gascogne. Je vais donc patienter jusqu’à lundi. Je ne sais pas encore où exactement, j’étudie plusieurs possibilités. La plus probable à cette heure est de patienter au large du Portugal, à hauteur de Porto. Là, la houle ne sera que de quatre à cinq mètres ».
 
« La décision s’impose d’elle-même »

La hauteur des vagues ne sera « que » de quatre à cinq mètres… ce qui est très différent des 8 à 12 mètres annoncés. « Il n’y a pas grand-chose à ajouter » explique Armel, « clairement la mer ne me laisse pas passer, donc je prends la décision qui s’impose d’elle-même. Ce sont de très belles dépressions en même temps, on n’en voit pas souvent des comme ça ! »

Le directeur de course Jacques Caraës a salué cette décision « en bon marin » d’Armel Tripon. La course au large, ce ne sont pas les jeux du cirque : la compétition est une chose mais la sécurité du marin, du bateau… et éventuellement celle des sauveteurs passent évidemment au-dessus de tout. « Je prends la décision que la sagesse impose, voilà tout » insiste Armel. « Du coup, je n’arriverai pas aux Sables-d’Olonne avant le milieu de semaine prochaine, probablement mercredi. Je n’ai plus trop de réserves de vivres mais ça va aller, ça ne m’inquiète pas : je ne vais pas mourir de faim ! »
 
« Bravo Yannick Bestaven ! Sa victoire ne doit rien au hasard, je suis très content pour lui »

Ceci étant dit, le skipper de L’Occitane en Provence tient à féliciter Yannick Bestaven pour sa victoire cette nuit aux Sables-d’Olonne, devant Charlie Dalin et Louis Burton. « Sa victoire ne doit rien au hasard !  Yannick s’est parfaitement bien préparé, il a une excellente équipe, il a attaqué tout le temps. C’est magnifique et je suis très content pour lui, bravo Yannick ! »

Et puis « pour l’anecdote », Armel se risque à une petite boutade comme il les aime : « En 2001 Yannick gagnait la Mini-Transat et moi je gagnais l’édition suivante, en 2003. Cette année, Yannick gagne le Vendée Globe… donc la prochaine édition est pour moi, normalement ! »