Photo © David Branigan/Oceansport/IMOCA

Observateur avisé de cette première épreuve des IMOCA Globe Series à laquelle il n’a pas pu participer pour des raisons de timing, Romain Attanasio nous livre son analyse des cinq premiers jours de course...

Ce mardi 14 mai à 14h45 (heure française), Sébastien Simon a franchi en tête le waypoint des Açores, deuxième grande marque de parcours de la Bermudes 1000 Race. Le skipper d’ARKEA PAPREC s’engage ainsi dans le dernier tronçon du parcours et fait route vers Brest. Mais rien n’est joué car un groupe très compact est à ses trousses. Il est composé de Yannick Bestaven, Sam Davies, Boris Herrmann, Maxime Sorel et Giancarlo Pedote.
Observateur avisé de cette première épreuve des IMOCA Globe Series à laquelle il n’a pas pu participer pour des raisons de timing, Romain Attanasio nous livre son analyse des cinq premiers jours de course.

870 milles. C’est la distance entre le waypoint Açores, positionné par la direction de course, et la ligne d’arrivée de la Bermudes 1000 Race à Brest. C’est sur cette dernière phase du parcours que s’engage le groupe de tête. Le leader Sébastien Simon a viré la marque virtuelle à 14h45 ce mardi et environ deux heures après son passage, on attendait Yannick Bestaven, puis Sam Davies, Boris Herrmann, Maxime Sorel et Giancarlo Pedote. Au pointage de 16h, ces cinq marins n’étaient séparés que d’une dizaine de milles.
La remontée vers Brest va commencer à allure assez débridée, au travers. Mais le vent va progressivement refuser et les solitaires vont rallier Brest au près serré, sur un long bord bâbord amure. Le flux devrait rester maniable jusqu’à l’atterrissage sur les côtes bretonnes, prévu vendredi après-midi pour les premiers.
A 16h ce mardi, les 17 concurrents étaient encore en course. Damien Seguin puis Denis Van Weynbergh ont connu la même mésaventure aujourd’hui : un "lashing" a cédé et la grand voile s’est retrouvée sur le pont. Mais tous deux poursuivent leur route et évaluent la meilleure décision à prendre pour espérer terminer la course. Fabrice Amedeo a de son côté fait face à la rupture de l’amure du J3, mais lui aussi poursuit sa route malgré le handicap induit.
 
L'analyse de Romain Attanasio : « Je voulais participer à la Bermudes 1000 Race car c’est un bel entraînement et il me semble important de prendre part à toutes les courses de la classe IMOCA. Mais le chantier de mon bateau a pris plus de temps que prévu, le timing était trop juste et j’ai dû me désinscrire, à contre-cœur.
Les conditions sont très variées depuis le départ. Tous les marins doivent être bien fatigués. La montée au Fastnet dans le petit temps a été éprouvante. Les concurrents ont passé le rocher en mode Figariste, souvent au contact. On se serait cru au mois d’août avec un temps superbe et ces molles qui tombent du Nord. Sébastien Simon est sorti grand gagnant de cette phase au Fastnet, en quelques heures il a mis 30 milles à tout le monde ! Après cette grosse molle, sur la route des Açores les coureurs ont carrément eu les conditions les plus humides qui existent en IMOCA, au reaching avec 30-35 nœuds de vent. Dans ces cas-là, le bateau est sous l’eau, on se terre à l’intérieur.

Globalement, cette Bermudes 1000 Race est une course qui revient par l’arrière et il y a finalement assez peu d’écarts malgré les importantes disparités dans la flotte. Entre l’IMOCA d’Alexia Barrier et celui de Sébastien Simon, les différentiels de vitesse à conditions équivalentes peuvent aller du simple au double ! Malgré tout, personne n’est vraiment esseulé. Tous les skippers doivent se battre pour garder leur positionnement. Tant mieux car il est toujours plus motivant d’être au contact qu’à 500 milles les uns des autres.
 
Les hiérarchies sont respectées. Devant, on retrouve des marins qui se sont bien préparés, qui sont affûtés et naviguent sur des bateaux très rapides. Sébastien (Simon) a bouclé deux transatlantiques cette année. Sam a participé à la Sardinha Cup en Figaro. Même si le support est différent, ça met dans le match. Yannick (Bestaven) et Boris (Herrmann) sont aussi bien amarinés. Je ne suis pas surpris de retrouver devant des marins comme Damien Seguin (avant son souci de grand-voile), Maxime Sorel ou Giancarlo Pedote. Ce ne sont pas des aventuriers, ils ont des démarches de compétiteurs.
 
Malgré les conditions difficiles, tout le monde reste en course pour le moment. Cela montre que les bateaux sont bien préparés. Sébastien Simon étant sélectionné d’office pour le Vendée Globe (car il aura un IMOCA neuf), il attaque davantage que la plupart de ses poursuivants qui en gardent sous le pied. Pour beaucoup, la priorité est d’engranger 2000 milles. Il faut finir, même sur les jantes ! »