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Paul Meilhat et son équipage sur Biotherm ont survolé la deuxième édition de The Ocean Race Europe, en décrochant tôt ce matin une quatrième victoire d’étape sur cinq.

Le skipper français et son équipage - Amélie Grassi et Benjamin Ferré, eux aussi Français, ainsi que l’Espagnol Carlos Manera - se sont imposés sur la cinquième étape, entre Gênes et la baie de Boka au Monténégro. Ils ont franchi la ligne d’arrivée avec plus d’une heure d’avance sur Team Holcim-PRB, skippé par la Néerlandaise Rosalin Kuiper.

À une semaine de la dernière régate côtière, Meilhat et son équipe possèdent désormais une avance irrattrapable au classement général. Derrière eux, la bataille reste vive : Paprec Arkéa de Yoann Richomme conserve une courte longueur d’avance, un demi-point à peine, sur Team Holcim-PRB.

Pour Paul Meilhat, cette victoire a une résonance particulière. Elle consacre des années de préparation et la poursuite d’un objectif fixé de longue date. Tout avait commencé lors de la dernière édition de The Ocean Race, en 2023. Biotherm, encore flambant neuf, avait alors terminé quatrième au terme d’un tour du monde exigeant mais riche d’enseignements.

« Tout s’est construit depuis trois ans, depuis notre participation à The Ocean Race. C’est un très beau souvenir, même si cela a été difficile car le bateau était nouveau et nous le connaissions mal », a confié un Paul Meilhat rayonnant, également cinquième du dernier Vendée Globe sur son foiler signé Guillaume Verdier.

 

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« Et aujourd’hui, nous nous concentrons sur l’essentiel », a-t-il ajouté. « Nous savons que c’est du sport et que tout le monde va dans la même direction. J’étais hyper motivé pour cette course, je voulais la gagner. C’est une grande fierté de voir toutes ces personnes travailler ensemble et l’emporter aujourd’hui. »

La victoire de Biotherm s’est forgée au fil d’une épreuve de cinq semaines et 4 500 milles autour de l’Europe, à l’issue de laquelle le bateau est arrivé quasiment intact dans la baie de Boka. L’équipage a su préserver la machine, éviter les avaries et gérer les escales avec une rigueur sans faille.

« Nous nous étions fixé un objectif ambitieux mais atteignable », explique Meilhat. « Nous avons énormément préparé cette course – techniquement, organisationnellement, logistiquement. Rien n’a été laissé au hasard. C’était du très haut niveau, à terre comme en mer… Nous y avons mis toutes nos forces, toutes nos ressources. Et ça a payé. C’est fantastique. Désormais, on va enfin pouvoir prendre un peu de temps pour célébrer, car jusqu’ici, personne ne s’était vraiment relâché. »

L’équipage a aussi maximisé ses points aux quatre « Scoring Gates » intermédiaires. Aux côtés de Paul Meilhat et Amélie Grassi, Sam Goodchild (Grande-Bretagne), présent sur les quatre premières étapes, et l’anglo-australien Jack Bouttell, embarqué sur les deux premières, ont contribué à cette réussite collective. Le bateau, lui, s’est révélé parfaitement taillé pour ce type de compétition, où la vitesse au près et la capacité à négocier les transitions par petits airs sont décisives.

La cinquième et dernière étape, en Méditerranée, n’a rien offert de facile. Autour de la Sicile, les équipages ont dû composer avec des vents inexistants, des phases de vol rapide, des orages, des pluies diluviennes et une succession de transitions piégeuses. « À chaque passage de transition, il fallait se battre car si vous ratez le bus, vous pouvez vite perdre 150 milles », raconte Meilhat. « Nous avons constamment maintenu la pression pour rester avec les leaders. Mais notre position au classement nous donnait peut-être un peu plus de liberté dans notre navigation. »

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Dans les derniers milles, au près dans l’Adriatique, Biotherm a choisi une trajectoire médiane, tandis que Paprec Arkéa et Allagrande MAPEI Racing, mené par l’Italien Ambrogio Beccaria, misaient sur les bords extrêmes. Des choix qui n’ont pas payé. « C’était quand même stressant car il y avait beaucoup de bateaux à garder sous contrôle », reconnaît Meilhat.

Pour Team Holcim-PRB, cette deuxième place a le goût d’un petit exploit. L’équipage a comblé un retard de 150 milles accusé au large de la Sardaigne. « Honnêtement, c’est arrivé sans explication », raconte le co-skipper Nico Lunven à propos de leur départ raté au large de Porquerolles. « Enfin, il y a toujours une explication, mais on ne peut pas vraiment se blâmer. Nous étions au mauvais endroit au mauvais moment, et ils ont juste filé… Mais réussir à revenir dans la course et finir deuxième, c’est génial. Ça fait vraiment une belle étape. »

La troisième place est revenue à Team Malizia, mené par l’Allemand Boris Herrmann. Son bateau s’est montré performant dans le vent soutenu mais pénalisé dans les petits airs. Herrmann a tenu à saluer la performance de Meilhat et de Biotherm : « Je n’ai jamais été surpris par les bons résultats de Paul. C’est l’un des meilleurs marins du circuit. Très mérité, très bien exécuté. Ils ont tracé des trajectoires super-propres, de magnifiques lignes dans l’eau, toujours avec un petit avantage de vitesse. »

 

Ed Gorman