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Le 6 novembre dernier, Charlie Dalin était parti de Saint-Malo avec la féroce envie de remporter sa dernière course à bord de son APIVIA 1, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe.

Après avoir mené la course depuis Saint-Malo sur les deux premiers tiers du parcours, il est alors dépassé par Thomas Ruyant dans les alizés et termine deux heures derrière le skipper de LinkedOut.

Ce matin, à l’arrivée au ponton de Pointe-à-Pitre, Charlie Dalin est alors le premier à souligner qu’il a maintenant accumulé ce qui est pour lui une série frustrante de deuxièmes places sur les grandes courses en solitaire.

Il a été vice-champion de la Solitaire du Figaro en 2015 et 2016, a terminé à la deuxième place en temps compensé lors du dernier Vendée Globe et il termine aujourd'hui deuxième la Route du Rhum, après avoir occupé la même position lors de la Transat Jacques Vabre 2021.

Cependant, Charlie Dalin a de quoi être fier, lui qui a remporté de nombreuses autres courses IMOCA, pour ne pas dire toutes cette année. Et dans cette transat, il a maintenu une pression constante à Thomas Ruyant, malgré un winch cassé et un système de bascule de quille capricieux.

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Le skipper d’APIVIA n’a rien lâché et a tout donné jusqu’aux derniers milles, même si deux grains successifs ont permis à son adversaire de s’échapper un peu plus. "Je pensais qu'on allait encore avoir une belle bataille autour de la Guadeloupe, mais non, ma dernière opportunité n'a pas eu lieu. Thomas a géré comme un chef", déclare-t-il.

Comme le vainqueur avant lui, Charlie est marqué par la fatigue, témoin de la rigueur et de l’intensité de cette course qui a vu tous les skippers du top 4 battre le temps record établi par François Gabart en 2014. "C'était un sprint", lance-t-il. "Je n'avais le temps de rien faire d’autre que de m'occuper du bateau. J'étais vraiment extrêmement fatigué. Nous avons été poussés dans nos derniers retranchements tout au long du parcours et nous sommes allés au fond de la fatigue. Onze jours comme ça, c'est difficile à tenir - je n’avais même pas le temps de me raser, de prendre des photos ou des vidéos."

Le Havrais confie aussi qu’il n’a jamais réussi à créer un écart suffisant et définitif avec la flotte pour s’assurer la victoire. A chaque transition, les conditions de vent permettaient à ces poursuivants de revenir. Puis, à la sortie de la dorsale anticyclonique, dans l'ouest des Açores, Thomas Ruyant s’est faufilé jusqu’à lui et a pu bondir une fois les conditions de portant des alizés établies.

Charlie Dalin revient sur cette deuxième place de manière positive et retient l’apprentissage de son IMOCA, qu'il mène maintenant comme un Figaro. Il explique avoir appris à vivre avec ce genre de pression, tant sur lui-même que sur son bateau. "Je me suis aussi dit que j'aimais toujours autant ce genre de navigation, surtout quand je suis arrivé dans les alizés", a-t-il dit. "C'était génial - à un moment donné, je me suis dit que c’était un rêve d'avoir un métier comme celui-ci qui me permettait de naviguer sur un bateau comme celui-ci en short et en T-shirt dans les alizés".

Comme Thomas Ruyant, Charlie Dalin passe maintenant à un nouveau bateau qui sera son point de mire avec la perspective du prochain Vendée Globe. Avant de le quitter, il soulignait toutes les belles choses réalisées à bord. "C'est la fin d'une grande saison avec un beau palmarès sur les quatre années. Si on m'avait dit que nous allions avoir autant de bons résultats dans ces courses, j'aurais signé tout de suite ", dit-il.

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Jérémie Beyou, sur le tout nouveau Charal 2, a franchi la ligne d'arrivée près de trois heures et demie après le vainqueur, complétant ainsi le podium. Une performance remarquable sur un bateau conçu et construit après le dernier Vendée Globe et mené par un skipper parti avec l'objectif principal de terminer la course en un seul morceau.

En effet, le nouveau plan Sam Manuard, avec sa configuration unique de safran en V, a été presque sans faille que ce soit dans la phase difficile au près puis au portant.

Comme ses rivaux, le skipper de Charal n'a pas dormi et était complètement épuisé à son arrivée en Guadeloupe. Il compare sa bataille avec ses adversaires, Thomas, Charlie et Kevin Escoffier à ses trousses, à l'intensité d'une étape du Figaro, une course qu’il a remporté trois fois.

"Nous nous tirons la bourre depuis un moment tous les trois, souvent sur des plus courtes distances,”déclare Jérémie à propos de Charlie Dalin et Thomas Ruyant, "alors nous savions que cela allait se terminer comme ça sur la Route du Rhum. Le niveau d'intensité était à son maximum. Je ne sais pas comment on peut faire plus", ajoute-t-il en riant. "C'est vraiment comme une Solitaire du Figaro, mais sur des bateaux qui ajoutent du stress. C'est de la compétition pure - c'est génial".

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Jérémie Beyou n'a pas caché que cette machine de course surpuissante, que lui et son équipe ont développée, est encore plus difficile à vivre que son précédent bateau et encore plus difficile à régler pour en tirer le maximum de performances.

"Bien sûr, quand on sort d'un bateau comme Charal 1(aujourd'hui Teamwork skippé par Justine Mettraux), que je connaissais sur le bout des doigts, tout est un peu plus compliqué sur celui-ci. Mais avec la coque et les foils, on a essayé d'augmenter la puissance, donc ça rend le bateau plus violent, ce qui n'est pas une surprise. Sur 10 jours, c'était difficile", explique-t-il.

Mais le skipper finistérien a pu apprendre à le connaître et sait désormais qu’il a désormais une arme de taille pour réaliser son rêve de gagner le Vendée Globe. "Au portant, dans la brise, ça marche très bien. Maintenant, il faut réussir à trouver tous les petits réglages dans les transitions. J'ai hâte d'aller dans les mers du Sud avec lui pour voir comment il se comporte dans des conditions de portant fort.”

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En quatrième position, près de six heures derrière le vainqueur, arrive un autre bateau tout neuf, Holcim-PRB, skippé par Kevin Escoffier. Bien préparé, ce dernier s'est également très bien sorti de ce grand test et termine la course avec comme seule avarie à déplorer, une lisse cassée, qu’il a réussi à réparer.

Le vainqueur de la Volvo Ocean Race, âgé de 42 ans, qui était un élément clé de Dongfeng Race Team, a tenu à se concentrer sur les points positifs de sa première transat en IMOCA depuis son naufrage lors du dernier Vendée Globe.

"Je suis un compétiteur, donc je suis un peu déçu mais, avec le recul, cela m'a permis d'accumuler beaucoup de connaissances sur le bateau et de voir qu'il était bien né”, déclare Kevin."Et puis cela fait deux ans que je n'ai pas couru en IMOCA, donc c'est bien de se remettre dans le bain et de voir que sportivement je n'étais pas à la rue. Il y a beaucoup de points positifs à tirer".

Kevin Escoffier était heureux d'avoir toujours été dans le coup parmi les cinq premiers pendant la majeure partie de la course. "Je suis content d'être arrivé en ayant navigué comme ça, en ayant été au contact des leaders", déclare le skipper malouin. "Cela me permet de revenir à la compétition en IMOCA de la bonne manière. Et même si je ne suis pas sur le podium, ça me donne confiance pour la suite, dans le bateau et en moi. ."

Ed Gorman (traduit de l’anglais)