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Près de cinq mois après la fin du Vendée Globe, les IMOCA ont retrouvé la compétition depuis ce dimanche. La Course des Caps – Boulogne-sur-Mer Banque Populaire du Nord, qui s’est élancée depuis les rives des Hauts-de-France, est la première course de la saison 2025 et donc la première de la nouvelle édition du Championnat IMOCA Globe Series.

Les onze équipages ont débuté le grand contournement des îles britanniques, un défi sportif aussi exigeant que passionnant. Plus de 48 heures après le départ, la flotte est d’ailleurs toujours aussi resserrée et le suspense est à son comble.  Will Harris (Malizia – Sea Explorer) et Yann Eliès (Association Les Petits Princes – Quéguiner) décryptent le début de course.

Les batailles les plus harassantes ne sont pas toujours celles qu’on croit. Après un départ brumeux et chaleureux sur les rivages de Boulogne-sur-Mer, les conditions se sont avérées légères. Pourtant, en course au large plus qu’ailleurs, mieux vaut ne pas se fier aux apparences. Malgré le vent faible et irrégulier dans la Manche, les skippers ont dû s’employer comme jamais pour exploiter au mieux leurs monocoques. « Dès les premières heures, on a été mis sous haute pression », confirme Will Harris (Malizia-Seaexplorer) contacté ce mardi. « On a eu 12 à 24 heures pour trouver notre rythme et s’adapter à la dynamique de la course. La stratégie joue évidemment un rôle clé, tout comme la capacité à faire les bons choix de trajectoire. Mais dans une course comme celle-ci, il y a toujours une part de chance, bonne ou mauvaise. Ce qui fait la différence, c’est la capacité à maintenir une bonne vitesse en toutes circonstances. »

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Une flotte groupée pour débuter

Les faibles conditions obligent en effet à être vigilant à chaque bascule de vent et profiter de la moindre risée pour prendre l’avantage. « On navigue à vue, on fait plein de petits coups tactiques, il faut être à fond sur les réglages », résume Yann Eliès qui participe à la première course de l’IMOCA d’Élodie Bonafous (Association Les Petits Princes-Quéguiner). Skipper expérimenté, Yann s’est dit « vraiment heureux pour l’équipe » : « être au départ, c’est une étape importante pour le team ». Mais dès les premiers bords, l’équipage n’a pas chômé. Les conditions légères ont notamment eu une conséquence sur le rythme à bord. « On n’a pas du tout réussi à appliquer le système de quarts que l’on souhaitait, confie Yann. C’est difficile d’avoir des quarts bien calés parce qu’il y a toujours une manœuvre ou un imprévu donc on s’adapte ! »

Il en faut plus pour mettre à mal la bonne entente à bord de l’IMOCA Association Les Petits Princes-Quéguiner. Par ailleurs, les petits airs ont un avantage : permettre à la flotte de progresser groupée et maintenir le suspense comme la pression. Ce lundi, les huit premiers n’étaient séparés que de cinq milles. « Être proche des concurrents donne envie de tout donner pour rester dans le match. » abonde Will Harris. Le Britannique rappelait néanmoins la nécessité de « s’en détacher pour ne pas oublier sa propre stratégie ». « On apprend à s’en affranchir, à prendre nos propres décisions, même si elles comportent des risques », précise-t-il.

Will Harris évoque « des paris » et les équipages sont nombreux à tenter des coups ou des recalages pour prendre l’avantage sur leurs concurrents. Tous ont ainsi continué à longer les côtes anglaises au portant en veillant toujours aux bascules de vent, au courant et au trafic. Après une nouvelle phase de transition aux îles Scilly, les équipages ont mis le cap au près vers le Rocher du Fastnet. « Ça risque d’être un peu différent avec une navigation moins côtière, plus hauturière puisqu’il n’y a plus de cailloux et de bouées à passer », décrypte Yann Eliès.

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Une bataille « à la manière d’une régate »

Dans cette bataille de chaque instant, c’est l’ensemble de la flotte qui était à la fête. Les IMOCA à dérives droites, comme New Europe de Szabolcs Weöres et FDJ-Wewise de Fabrice Amedeo, étaient encore dans le match pour le plus grand plaisir de leurs équipages respectifs. Cependant, ce dernier a été contraint à l’abandon hier soir. Avec le retour du vent et le mythique phare du Fastnet en cours de franchissement, les écarts commencent désormais à se creuser, annonçant un changement de rythme. « On devrait retrouver des conditions plus soutenues avec du vent fort et des passages rapides sous nuages, notamment vers le nord de l’Écosse », explique Will Harris. Le skipper de Malizia-Seaexplorer attend cette nouvelle phase avec impatience : « ce sera peut-être le moment idéal pour attaquer et montrer ce que notre bateau peut vraiment faire ».

Avant d’appuyer sur l’accélérateur, les équipages ont pu apprécier du spectacle offert par la Manche et les conditions. « On n’a pas toujours de vents légers en course, c’est rare de pouvoir profiter du paysage, reconnaît Will Harris. On a eu la chance de croiser pas mal de dauphins. Même si la course est intense, il faut savoir profiter de ces petits moments ». Yann Eliès décrit un décor de carte postale : « les conditions au départ étaient vraiment agréables. On a eu tout, la lune, les brumes, la luminosité intense, les dauphins… »Après en avoir pris plein les yeux, tous ont le regard rivé sur la suite. La longue remontée vers le Nord-Ouest se poursuit et tous s’accordent en effet sur un point : l’aventure autour des îles britanniques ne fait que commencer.

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