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À chaque édition, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe attire une foule immense sur le village de Saint-Malo. Les fans viennent voir ces bateaux d'exception et cherchent leurs héros avant qu'ils ne s'élancent sur l'Atlantique en solitaire.

Pendant 13 jours, jusqu'au départ de la course le 6 novembre, les quais malouins vibrent d'excitation. Cette année ne fait pas exception et le ponton IMOCA, où 38 bateaux sont alignés dans le bassin quai Duguay-Trouin, est arpenté par des milliers de visiteurs chaque jour.

Ils viennent voir les bateaux neufs, leurs favoris, les skippers et observer les équipes à terre qui fourmillent sur les bateaux pour effectuer les derniers préparatifs et s'occuper du flux quotidien des sponsors et visiteurs.

Sur les pontons, chacun peut assister aux cérémonies de baptême, écouter les interviews de skippers retransmises sur les haut-parleurs du village, explorer les magasins et se détendre au restaurant. Et ils viennent des quatre coins de la France, voire même d’Europe, pour profiter de cette fête maritime.

Ac 221029rdr 1804© Alexis Courcoux / #RDR2022
 

"Je suis moi-même navigatrice et je suis quelques skippers IMOCA, notamment Louis Burton (Bureau Vallée) et Maxime Sorel (V and B-Monbana-Mayenne)", explique Nathalie, 55 ans, qui vient de Rennes, à une heure de route au sud de Saint-Malo.

"Je suis cette course pour l'aventure humaine et le défi personnel qu'elle représente pour les skippers", ajoute-t-elle. "C'est un exploit remarquable qu'ils accomplissent que moi-même je ne serais jamais capable de faire. Je viens ici tous les quatre ans et à chaque fois l'organisation du village est formidable. On peut voir tous les bateaux et la magnifique ville de Saint-Malo se prête parfaitement à l'accueil de cet événement.”

Comme des centaines de milliers de fans dans le monde, Nathalie suivra la course en ligne et elle est bien au fait des derniers développements des IMOCA à quai. “C’est génial car c’est l’occasion de voir tous les équipements à bord", déclare-t-elle. "Je suis impressionnée par les bateaux qui ont évolué au fil des années, et encore plus ces dernières années avec l'arrivée des foils. Puis, les cockpits sont de plus fermés qu’avant et ils vont juste de plus en plus vite !".

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Face au seul bateau japonais de la flotte - le foiler noir et blanc de Kojiro Shiraishi, DMG MORI Global One - Mélanie, enseignante, et Grégory, notaire, originaire de Caen en Normandie, sont venus passer le week-end à Saint-Malo avec leur fils de neuf ans, Maxime. Sa classe suivra la Route du Rhum et Maxime devra lui relater l’aventure de Kojiro au cours des 3 500 milles vers la Guadeloupe.

"Nous sommes venus pour essayer de le voir",déclare Mélanie au sujet du marin japonais qui était au même moment en plein visite de son bateau, sur lequel, en 2021, il est devenu le premier marin japonais à terminer le Vendée Globe. "Il a l'air vraiment sympa. Nous aimons le bateau et nous naviguons un peu donc nous suivrons le départ dimanche prochain", ajoute-t-elle.

La jeune femme a été frappée par le contraste que les skippers vont vivre, entre la cohue du village pendant dix jours et la solitude qu’ils vivront ensuite. "Cette semaine, ils sont entourés de beaucoup de monde et c'est festif, mais à un moment donné, ils se retrouveront tous seuls en pleine mer. J'essaie de l'imaginer moi-même, mais c'est difficile", déclare-t-elle. "Ce sont des bateaux énormes devant nous aujourd'hui mais, une fois en mer, ils seront tout petits. C'est à la fois fascinant et terrifiant", ajoute son mari, Grégory.

DMGMORI Image Bank VG202090© Thomas Deregnieaux/DMG MORI Global One

Michel et Françoise, respectivement enseignant et fleuriste à la retraite, également originaires de Rennes, étaient venus à Saint-Malo avec leur petit-fils, Emilien. "Nous sommes venus pour voir les bateaux et lui les faire découvrir. La technologie à bord est folle et nous nous sentons tout petits à côté de ces bateaux", déclare Michel qui étaient déjà venu sur les villages de la Route du Rhum en 2014 et en 2018.

"Le village est très sympa - c'est une grosse organisation", poursuit-il. "Nous allons suivre la course tous les jours lorsqu’ils seront en mer. Nous suivons en particulier Kevin Escoffier (skipper de Holcim-PRB, originaire de Saint-Malo). Ces bateaux sont très intrigants. Nous aimerions bien voir comment ils vivent, comment ils dorment - c'est difficile d'imaginer l'espace à l’intérieur !”.

Comme beaucoup d'autres personnes présentes sur les quais de Saint-Malo cette semaine, il est fasciné par le défi que représente une course en solitaire sur un voilier de course surpuissant à travers l'Atlantique. "C'est complètement fou de partir seul comme ça", déclare-t-il. "On imagine qu'il faut rapidement se mettre dans la course, s'adapter aux conditions et éviter les casses, on va suivre tout ça !”.

Comme toujours à Saint-Malo à ce stade de la préparation, la grande question est de savoir quelle météo les 38 skippers IMOCA devront affronter lorsqu'ils prendront le large dimanche. Les deux dernières éditions de la Route du Rhum ont été marquées par des débuts difficiles pour une course qui a la réputation d'être casse-bateaux dans ses premières heures et jours. Bientôt, nous commencerons à voir si cette année ne fera pas exception ou si l'édition 2022 de cette classique, si appréciée du public français, partira dans des conditions plus clémentes…

Ed Gorman (traduit de l'Anglais)